« Ce n’est pas en cassant le thermomètre qu’on fait tomber la fièvre. » C’est pourtant ce à quoi s’attellent certains médias depuis la révélation par Numbeo, base de données collaborative mondiale, selon laquelle, d’après une récente étude, les villes de France ne compteraient plus parmi les plus sûres de la planète. Bien plus, dans un classement publié par Le Figaro le 23 septembre dernier, la France serait même devenue en matière de sécurité une très mauvaise élève. Ainsi, au fil des années, notre pays serait tombé dans les dernières places du classement européen (où il finit bon dernier) et même mondial, où il se trouve inexorablement en fin de classement.

Si plusieurs observateurs n’ont pas manqué de contester les conclusions de cette enquête, en dénonçant notamment son caractère empirique et imprécis, ils n’ont nullement apporté la preuve que les informations collectées par Numbeo et relayées par Le Figaro étaient fausses. S’attachant à contester la méthode, ils ont naturellement oublié, comme souvent, d’évoquer le fond.

Et pourtant, comment ne pas rapprocher ces éléments d’enquête aux chiffres révélés, en particulier par BFM TV, relatifs à la délinquance parisienne ? C’est ainsi que l’on apprend que dans la capitale, au cours du premier semestre 2022, les atteintes physiques aux personnes ont augmenté de 16,2 %. Que les violences sexuelles ont progressé de 35,62 %. Et que parmi les atteintes aux biens, les vols à main armée ont bondi de 51,16 % par rapport à 2021 ! Quant aux autres villes françaises évoquées par le classement réalisé par Numbeo, notamment Marseille, Nantes, Brest, Bordeaux, Montpellier, Grenoble ou Toulouse, c’est une véritable dégringolade sécuritaire, seule Strasbourg tirant son épingle du jeu.

Au-delà des études régulièrement réalisées sur l’état d’insécurité qui règne désormais en France, et qui ne cesse de se dégrader, c’est également vers l’actualité qu’il convient de se tourner afin d’appréhender un phénomène qui, n’en déplaise à certains journalistes et « spécialistes », est bien devenu une des problématiques majeures de notre société. Ainsi, chaque jour se fait l’écho de viols (encore récemment à Nantes), de coups de couteau (à Lannion lors d’une tentative de cambriolage), d’agressions gratuites et de mise en danger régulière de la vie de nos policiers et nos gendarmes. En particulier, les « refus d’obtempérer », véritables tentatives d’assassinat, se sont ainsi banalisées au point de devenir un sport quasi national pour nos délinquants, qui plus est souvent récidivistes.

Pour aussi imparfait méthodologiquement que puisse être ce sondage de Numbeo, il n’en corrobore pas moins une actualité où la violence est omniprésente dans le quotidien des Français et où les victimes continuent d’être systématiquement les grandes oubliées de notre système pénal.

Dans ce contexte, Gérald Darmanin a beau jeu de se féliciter de l’augmentation du budget dédié « aux sécurités » pour 2023. Car avec 15,8 milliards d’euros, ce budget ne se situe qu’à la 8e place des enveloppes ministérielles, juste devant la Justice qui reste, compte tenu des enjeux sécuritaires, largement sous-dotée au regard des besoins de cette institution. De la même manière, le projet de LOPMI [Projet de loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur, NDLR] actuellement en discussion apporte certes quelques nouveautés organisationnelles pour la police nationale, fort contestables d’ailleurs pour certaines d’entre elles, ainsi que des perspectives matérielles intéressantes. Mais il ne s’attaque en rien à la lutte contre la criminalité endémique qui touche la France aujourd’hui.

Tandis que tous les indicateurs de la délinquance restent au rouge et qu’aucune amélioration notable ne semble poindre à l’horizon, Emmanuel Macron et son gouvernement font une nouvelle fois le choix de la communication au détriment de l’action. Le budget 2023 consacrera une fois de plus une « non-politique de sécurité », préférant satisfaire les corporatismes plutôt que de répondre à la demande de sécurité des Français.

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27 septembre 2022 à 18:00

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5 commentaires

  1. Toutes ces petites misères au quotidien ne sont vraiment rien et, même en baissent dit-on dans les milieux autorisés…Bientôt la coupe du monde de foot , même jouée au Quatar palliera à tout ça. Un grand moment de répit pour ceux qui gouvernent

  2. Le scandale vient de ce que ces élites plombent la sécurité des français pour assouvir la volonté de la commission européenne avec la complicité de nos gouvernants de supprimer toute idée de souveraineté. Le capitaine du navire France coule lui même son navire. Sabotage.

  3. La sécurité parlons en ..entre les cambriolages ,les agressions ,il faut essayer de sauver sa peau ..s’enfermer dans la voiture ,tenir son sac ,se faire emboutir par un chauffeur qui prend la fuite …etc ..voilà notre nouvelle vie ..mais que fait donc le gouvernement ? Il fait mumuse pour em ….r les français .

  4. Budget primitif en trompe l’oeil ? rien de nouveau cela reste dans la continuité Républicaine avec des augmentations non négligeables des Taxes tout au long de l’année et un budget rectificatif qui va faire froid dans le dos.

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