[Tribune] Discours sur l’état de l’Union 2023 : Ursula dans tous ses états

Le 13 septembre dernier, Ursula von der Leyen a prononcé devant le Parlement européen son discours sur l’état de l’Union, dernier de son mandat et, espérons-le, dernier tout court. Ce personnage, qui a une fâcheuse tendance à se prendre pour une sorte d’impératrice du Saint-Empire romain germanique, est resté sur le ton qui lui est habituel : triomphaliste, formules creuses et détachées du réel.

Il serait possible d’ironiser sur l’habitude ridicule qu’ont prise les présidents de la Commission de prononcer un discours sur l’état de l’Union devant le Parlement en singeant ainsi le président des États-Unis. Habitude ridicule, mais qui en dit long sur les arrière-pensées de la machinerie européenne.

Ursula von der Leyen a donc prononcé un discours pro domo avant les élections européennes qui seront, pour les électeurs, « le moment de décider quel avenir et quelle Europe ils souhaitent ». Certainement pas l’Union européenne telle qu’elle est et qu'elle voudrait nous concocter.

Signe de son détachement des réalités, lorsqu’elle évoque les futurs jeunes électeurs qui voteront pour la première fois, elle place les « chances de trouver un logement ou un emploi » au dernier rang de leurs préoccupations, après le changement climatique et l’intelligence artificielle !

Pour le reste, elle énonce des phrases creuses et emphatiques : « L’Europe doit, une fois de plus, répondre à l’appel de l’Histoire », « il est temps de faciliter l’activité des entreprises en Europe », « montrons que l’Europe peut gérer les migrations avec efficacité et compassion. Finissons le travail ! », « il est temps de mettre fin à ce commerce criminel odieux [à propos des passeurs] », « le prochain élargissement doit également être un catalyseur de progrès », « c’est ici et maintenant que s’écrit l’Histoire ».

Il convient de souligner que l’activité des entreprises en Europe a été largement compliquée par l’avalanche normative européenne, notamment dans le cadre de sa réglementation dite climatique, et que l’activité des passeurs est largement facilitée par l’incurie européenne en matière migratoire à laquelle elle a elle-même grandement contribué en jetant le discrédit sur l’ancien directeur de Frontex, poussé à la démission, qui, lui, tentait de donner un peu d’efficacité à cette agence.

Outre ces bravaches banalités, Mme von der Leyen persiste et signe dans son mondialisme béat : « La concurrence mondiale est bonne pour les affaires. » Sans dire pourquoi ni comment, mais en constatant que nous subissons la concurrence de pays qui pratiquent des « prix artificiellement bas par des subventions publiques ». Notons que la Commission s’est toujours opposée à une vraie politique industrielle et à ce que nous appelons l’État stratège, alors que la Chine et les États-Unis n’hésitent nullement à mobiliser leur puissance étatique au service de leurs entreprises.

Dans la même veine, elle affirme que « nous avons besoin d’une immigration qualifiée », leitmotiv mondialiste, mais regrette que trop d’Européens soient éloignés de l’emploi, notamment les mères de famille, par manque de système de garde efficace des enfants. Apparemment, l’idée de promouvoir des politiques fortes en faveur des familles ne lui traverse pas l’esprit. C’est tellement plus facile de piller le patrimoine intellectuel et humain des autres. Ce qui ne l’empêche pas d’aller faire de la communication à Lampedusa alors même que les propositions de la Commission, favorables à l’immigration pour pallier l’hiver démographique européen, sont alignées sur le pacte de Marrakech !

La présidente se félicite de l’émergence d’une « Union géopolitique », en réalité de l’alignement sur les États-Unis et de l’inféodation totale à l’OTAN. Peut-être pourrait-on ajouter 27 étoiles à la bannière étoilée ?

Triste et exaspérant déni des réalités dans une Europe inféodée aux États-Unis dont les citoyens s’appauvrissent et subissent une inflation contre laquelle l’euro était censé être l’arme absolue ! Plus que jamais, il faut nous mobiliser afin que les formations favorables à l’Europe des nations, partout en Europe, remportent des succès électoraux inédits afin de pouvoir refonder totalement la politique de l’Union européenne.

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