[Tribune] Crise agricole : Attal largement condamné à l’impuissance

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La crise qui secoue le monde agricole à travers une bonne partie de l’Union européenne a surpris les oligarchies nationales et bruxelloises. En France, le soutien massif de la population au mouvement traduit aussi le mécontentement qui traverse notre pays.

Que peut faire le Premier ministre ? Ne pas augmenter la taxe sur le gazole non routier. La République est endettée à hauteur de 3.088,2 millards d’euros, l’État recherche partout des recettes de poche. Mais les Français, qui sont le peuple le plus imposé de l’OCDE, n’en peuvent plus.

Appliquer la loi EGAlim sur l’équilibre entre fournisseurs et distributeurs, ce qui devrait être naturel, mais est présenté comme un exploit par Bruno Le Maire !

Réduire l’inflation réglementaire qui s’abat sur le monde agricole. Tout le monde connaît l’apostrophe de Georges Pompidou : « Mais arrêtez donc d’emmerder les Français ! Il y a trop de lois, trop de textes, trop de règlements dans ce pays ! On en crève ! » C’était en 1966. Les choses n’ont fait qu’empirer. Et à la frénésie administrative française s’ajoute la frénésie européenne et la transposition « plaquée or ».

Demander aux agents de l’Office français de la biodiversité de ne pas arriver dans les exploitations comme en pays conquis, pistolet à la hanche, et de préférer la pédagogie à l’intimidation.

Politique climatique européenne

Mais l’essentiel du problème réside dans les politiques de l’Union européenne. La PAC est une politique commune partagée. Chaque État membre doit établir un plan stratégique national de la PAC, soumis à l’approbation de la Commission. Celui de la France compte 1.031 pages ! Il doit contribuer « à l’atteinte des objectifs du Pacte vert et de la neutralité carbone », obsession de la Commission qui transforme la politique agricole en variable de la « politique climatique » européenne.

Mais il est une autre politique européenne, la politique commerciale et les accords internationaux. Elle est entre les mains de la Commission européenne qui, une fois le mandat donné par le Conseil européen, mène les négociations de façon exclusive. Et c’est peu dire que cette politique est marquée du sceau du libre-échange absolu et du mondialisme le plus déterminé. Elle pèse de façon déterminante sur notre agriculture.

La négociation de l’accord de libre échange avec le Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay) est très illustrative. Malgré les fortes réticences de certains États dont la France, un accord de principe a été annoncé par la Commission en juin 2019. En octobre 2022, Josep Borell, haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, s’est déclaré pleinement engagé en faveur de l’accord avec le Mercosur. En juillet dernier, une rencontre UE/CELAC (Communauté d'États latino-américains et caraïbes) donna lieu à la déclaration suivante de Mme von der Leyen : « Je suis tout à fait consciente… que d’ici quelques mois, nous pourrons conclure les négociations avec le Mercosur » (18 juillet 2023). Or, cet accord mettrait à mal toute l’agriculture européenne, notamment l’élevage, et nous ferait perdre plus encore notre indépendance alimentaire. Mais l’Allemagne y est très favorable, car elle souhaite pouvoir exporter ses voitures et ses machines en Amérique latine. La Commission européenne est obstinée. Elle travaille dans le temps long et s’appuie sur la logique institutionnelle du mandat de négociation donné en 1999.

Le point 7 du compte rendu de cette rencontre en donne l’esprit : « Nous soulignons la nécessité de renforcer le système multilatéral et de promouvoir une gouvernance mondiale qui soit plus efficace et plus inclusive. » Il y a belle lurette que l’Union européenne n’est plus qu’un « canton » du mondialisme.

La clef de la crise agricole se trouve à Bruxelles. Elle ne peut être résolue qui si toute la politique commerciale et climatique européenne est mise à plat. Macron, qui a passé la souveraineté française par pertes et profits, ne le veut ni le peut. Il pratiquera donc le double langage, le « en même temps ». Le temps est loin où le général de Gaulle, sur une question agricole, pratiquait la politique de la chaise vide et rappelait son représentant permanent auprès de la CEE (juin 1965 à janvier 1966).

En juin prochain, les élections européennes peuvent être l’occasion d’envoyer à Strasbourg des députés réellement attachés à la souveraineté française. Ne nous laissons pas abuser par les fossoyeurs de notre liberté ni par les opportunistes.

Stéphane Buffetaut
Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

31 commentaires

  1. En résumé, quelqu »un a expliqué : « Il s’agit d’importer du boeuf brésilien pour pouvoir exporter des voitures allemandes »
    A MEDITER …

  2. 1/ Nos caisses sont vides mais la BCE peut créer de la fôsse monnaie.
    2/ Le carcan européiste sera maintenu après endormissement de la population et agitation du national socialisme.
    Le traité sera signé et ne sera pas un torchon qu’on peut déchirer comme le fit un caporal autrichien.

    • Je ne serai pas aussi pessimiste que vous… N’oubliez pas que nous ne sommes pas les seuls concernés. Les Hollandais ont été les premiers. Actuellement les allemands et les belges se mobilisent. C’est aux peuples Européens de dire stop.

  3. Ne vous faites pas d’illusions, si ce texte n’est pas ratifié, ils le modifieront ( comme le traité de Maastricht) pour le faire adopter en catimini. Nous sommes les vassaux de l’Allemagne et des usa.

  4. Il faudrait encore que les élections européennes ne soient pas truquées par une machine et un cabinet de consultation venus d’outre océan.

  5. « la frénésie administrative française s’ajoute la frénésie européenne et la transposition « plaquée or ». »
    Comme je lis vite (on dit en diagonale) par manque de temps, j’ai lu : « la frénésie administrative française et la frénésie européenne planquées or ». J’ai relu parce que je trouvais cela tellement vrai. Et ai vu mon erreur. Enfin une erreur, pas si sûr?

  6. Bien sûr, nous sommes en période de carnaval ! Mais quel énergie, quel pognon de dingue, on dilapide pour des mascarades sinistres, de mauvais morceaux de théâtre interprétés par de mauvais acteurs, machiavéliques de surcroît.

  7. c’st cela , français votez bien aux européennes si vous voulez que la France reste souveraine sur son sol ! mais tant qu’on aura un président incompétent et traitre à notre pays , rien ne changera sinon dans le mauvais sens !!

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