Touristes en France, ces héros !

Quand il n'est pas dépouillé ou agressé ou démangé par des punaises de lit, quand il a échappé aux crêpes saveur égout, le courageux touriste de passage en France se fait retoquer à l'entrée des sites culturels !

Sept fois en sept jours, c’est le nombre de fausses alertes à la bombe ayant entraîné l’évacuation du château de Versailles, la semaine passée. Ce monument historique attire, chaque année, plus de 7 millions de visiteurs ; entre 10.000 et 15.000 personnes visitent le site chaque jour. Ces chiffres le hissent au sommet des monuments les plus visités au monde. Mais ces évacuations à répétition n'améliorent pas l'attractivité de la dernière demeure de Louis XIV. Après l’évacuation, les touristes ne reviennent pas tous et l’édifice ne vend plus de billets d’entrée pendant les fermetures occasionnées par les alarmes à la bombe. Certains touristes venus visiter le château se sont vus refuser deux fois de suite l’entrée, pour la même raison. La sécurité des touristes étant un enjeu majeur, à l’approche des vacances de la Toussaint, cet épisode ne présage rien de bon pour le secteur. Se sont-ils rabattus sur le Louvre, nos touristes ? La même épidémie d'alertes à la bombe a touché la résidence des rois devenue musée. La culture se pratique en France aux risques et périls de ceux qui nous apportent leurs devises.

Plaisanteries ou actes de délinquance ?

Depuis la déclaration de l’« urgence attentat » dans le cadre du dispositif Vigipirate, suite à l’assassinat du professeur Dominique Bernard, le 13 octobre, le parcours du combattant assigné aux touristes démarre dès l'arrivée en France. La gare de Lyon et pas moins de quatorze aéroports ont connu le charme des alertes à la bombe. Et encore nos courageux touristes, dont les enfants sont scolarisés ailleurs, n'ont-ils pas tout vu : de nombreux établissements scolaires ont été évacués à cause de fausses alertes à la bombe !

Dans les hôtels, les réservations s'envolent petit à petit. En Île-de-France, 10 % des réservation ont été annulées. Selon RMC, un hôtelier a perdu en une semaine 15 % de ses réservations, soit quasiment tous les touristes étrangers qui devaient visiter son établissement.

François de Mazières, le maire de Versailles, déplore ces évacuations : elles impactent non seulement la fréquentation du château lui-même, mais aussi tous les petits commerces qui gravitent autour. « Il y a un ras-le-bol, dit-il. On voit déjà des réservations qui commencent à être annulées. On est inquiets. Vous êtes étrangers, vous devez venir dans une semaine, vous n’avez pas envie de prendre de risque. » Il demande que soit sévèrement rappelées les peines encourues par les plaisantins lanceurs de fausses alertes : deux ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende, selon l’article 322-14 du Code pénal. Cela suffira-t-il ?

Une situation qui commence à impacter le tourisme en France

Pour le moment, l’impact de cette nouvelle vague de menaces terroristes n’est pas encore massif, sur le secteur du tourisme, mais le maire de Versailles le déplore : si ces alertes ne s’arrêtent pas, « ça pourrait avoir une incidence sur la fréquentation ». Suite à la vague d’attentats qu’avait connue la France en 2016, pas moins d’1,5 million de touristes avaient choisi une autre destination. Le tourisme représente 3 % du PIB : la France n'avait pas besoin de cela.

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