Thanksgiving : nouvelle cible de la gauche woke américaine

Dinde Noël

La nouvelle folie de la gauche woke américaine ? S’en prendre à la traditionnelle fête de Thanksgiving, célébrée aux États-Unis tous les quatrièmes jeudis de novembre, soit cette année ce 24 novembre.

Pour cela, plusieurs angles d’attaque. Tout d’abord, l’axe écolo et la complainte vegan. Une journaliste du célèbre journal The Washington Post s’est ainsi aventurée dans la mesure de l’impact carbone d’un tel repas. Tout y passe, de la farce aux huîtres à la sauce à la canneberge, jusqu’à la leçon de morale sur le gaspillage alimentaire induit par un tel repas. L’impact sur les habitudes alimentaires de ce dîner semble néanmoins (pour l’instant) limité, tant partager une dinde en famille pour commémorer l’abondance des récoles des pèlerins du XVIIe siècle (Pilgrim Fathers) - après les morts et la disette de leur arrivée - fait partie de l’âme américaine.

Originalité toutefois, cette année, le mouvement antiraciste s’invite dans le débat. Peut-être serait-il en perte de vitesse avec la chute du mouvement Black Lives Matter ? Cette fois-ci, le mythe fondateur se voit malmené par des groupes se revendiquant soutiens des Amérindiens et populations autochtones.

Historiquement, la fête de Thanksgiving commémore l’accueil bienveillant des premiers immigrants venus d’Angleterre par les Amérindiens de la tribu des Wampanoag dans la région de Boston, Massachusetts. Ces derniers leur ayant enseigné leurs us et coutumes agricoles, propres à la région et nécessaires pour passer l’hiver. L’automne suivant, soit en 1621, les récoltes ayant été abondantes, tous festoyèrent autour d’un repas copieux pour remercier le Ciel (thanksgiving signifiant « action de grâce » en français). Au menu ? Entre autres, de la dinde sauvage, évidemment.

Or, depuis plusieurs semaines, artistes et militants de la cause indigène utilisent le hashtag #thankstaking (littéralement « merci d’avoir pris ») sur les réseaux sociaux pour appeler à une journée de deuil national (ou journée des « Indiens d’Amérique survivants »). Leur objectif : attirer l’attention des médias « sur le vol de terres, l'enlèvement et l'exclusion de l'histoire amérindienne dans les écoles ». Comme on peut le lire sur un prospectus activiste circulant sur Twitter, « beaucoup d’Amérindiens ne célèbrent pas l'arrivée des premiers pèlerins et autres colons européens. Le jour de Thanksgiving rappelle en effet le génocide de millions d'autochtones, le vol de leurs terres et l'effacement de leur culture propre. »


Si les revendications peuvent être légitimes, on assiste surtout à un coup médiatique pour victimiser une fois de plus l’oppresseur blanc et entacher une tradition familiale vieille de plusieurs siècles. D’ailleurs, il y a fort à parier que la majorité des Américains voient d’abord en cette fête l’occasion de se réunir en famille plutôt que de célébrer une lutte raciale.

Interrogé par la télévision, l’historien Victor Davis Hanson (université de Californie, Hoover Institution) précise que tout ceci intervient « dans le cadre du programme socialiste de la gauche voulant sans arrêt supprimer, opprimer et victimiser ». De même que pour les statues déboulonnées et les censures culturelles, ils cherchent dans le passé ce qu’ils ne trouvent plus dans le présent.

Comme si tout ceci n’était pas suffisant pour assombrir une fête nationale, la gauche au pouvoir ne s’arrête pas là. Habituellement, ce quatrième jeudi de novembre, il est en effet d’usage de rendre grâce pour les bienfaits survenus au cours de l’année passée. Or, la Maison-Blanche encourageait, ce jeudi, les Américains à être reconnaissants à l’encontre de l’administration Biden. Pour ce faire, rien de moins que la publication d’une liste des principales réussites du mandat de Joe Biden (President Biden’s top accomplishments). L’intérêt : donner des idées de discussions pour votre dîner festif en famille, rien de moins ! Entre votre purée de pomme de terre et le gâteau à la citrouille, vous prendrez bien un peu d’inflation et de guerre en Ukraine ?

Gaëlle Baudry
Gaëlle Baudry
Chroniqueuse à BV, spécialiste des Etats-Unis, consultante indépendante

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Avec les illuminés « woke », il ne nous reste qu’une vie joyeuse (façon Schwab) résumée par : Metro-Boulot-Dodo.

  2. Avec la liste des principales réussites du mandat de Joe Biden pour accompagner ce repas de Thanksgiving, c’est soit que l’inflation est si terrible aux USA que la part de dinde sera congrue pour chacun des convives soit qu’il ne reste plus que des dindons.

  3. Tout à fait honorable de rappeler que les amérindiens sont les vrais ancêtres dans ce pays, tous les autres sont des envahisseurs économiques ou forcés qui ont pris leurs places, comme la future Europe.

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