[Sortir] La Cité de l’Histoire, une célébration de la France

La Cité de l'Histoire 1 (1)
Cet article vous avait peut-être échappé. Nous vous proposons de le lire ou de le relire.
Cet article a été publié le 07/02/2023.

En plein cœur de ce mois d'août, pourquoi ne pas (re)découvrir la Cité de l'Histoire, sous l'arche de La Défense ? Une promenade immersive dans les couloirs du temps où l'on apprend à aimer et célébrer la France.

Hommage du vice à la vertu ? C’est sous l’arche de la Défense, inaugurée en 1989 pour fêter les deux siècles de cette Révolution qui entendait faire du passé table rase que vient d’ouvrir… la Cité de l’Histoire. 

Depuis quelques années, on lit dans la presse que ce fleuron de la modernité du XXe, cet aboutissement des Trente Glorieuses, a vécu. Que ce bouquet d’immenses tours célébrant l’économie financiarisée s’est fané. Que la foule grouillante de petites fourmis laborieuses en costume sombre que cette architecture futuriste écrasait de sa hauteur a déserté : les bureaux de la Défense peinent à trouver preneurs. 

Aujourd’hui, ce quartier d’affaires mal-aimé retrouve donc un peu de souffle (quel paradoxe !) grâce au passé.

Déjà, de janvier à août derniers, 70.000 visiteurs s'y sont pressés pour participer à l’époustouflante « expérience immersive » Éternelle Notre-Dame (qui a repris depuis quelques jours, sur deux sites cette fois, toujours à la Défense mais aussi désormais sous le parvis de Notre-Dame). C’est fort de ce succès - mais aussi de celui de la Nuit des Invalides et ses déclinaisons à travers la France - que le président d’AMACLIO François Nicolas et le journaliste conteur Franck Ferrand ont associé leurs talents et leur passion pour la transmission. Pas moins de 10 millions d’euros - la région a donné 300.000 euros - ont été mis sur la table. Le pari est grand mais le résultat est là. 

Difficile, lorsque l’on a traversé la dalle bétonnée battue par les vents, longé les parkings froids et les enseignes commerciales standardisées, d’imaginer, en prenant l’escalator, plonger aussi sec dans l’espace feutré d’un club anglais. Pourtant, c’est bien ce qu’a osé concevoir le décorateur Jacques Garcia. La librairie s'apparente à celle d'un bouquiniste huppé et le restaurant à une taverne stylisée : oriflammes colorées, boiseries sombres, moquette épaisse… ne manque plus qu'un feu dans la cheminée . 

« Tu dois aimer la France, parce que la nature l’a faite belle, et parce que son histoire l’a faite grande », pouvait-on lire dans le Lavisse, autrefois. Il fallait un espace sans mesure pour embrasser tout cela. C’est donc dans la démesure de la Défense que l’Histoire de France a trouvé à se déployer. Les petits écoliers ne lisent plus le Lavisse depuis belle lurette. Mais de la même façon que les cathédrales étaient, avant l'âge des livres, des catéchismes imagés à destination d’une population analphabète, c’est une autre sorte de cathédrale illustrée qui s’emploie ici, après l'âge des livres, à raconter par les sens une Histoire méconnue dans une époque - que l'on me pardonne le néologisme - « ranalphabète » (qui revient doucettement à l’illettrisme). Et de cette cathédrale aussi, Victor Hugo - qui est d’ailleurs mis à l’honneur dans « l'ellipse 360 » de cette Cité de l’Histoire - pourrait dire qu’elle est le prodige du gigantesque - 12.000 m2 - et du délicat, grâce à l’esthétisme méticuleux de Thierry Rétif, scénographe auquel on doit aussi le Verdun et le La Pérouse du Puy du Fou. 

La promenade immersive « Le couloir du temps » comme la frise chronologique permettent de rabouter les connaissances éparses de ceux qui n’ont jamais connu, à l’école, que l’Histoire pulvérisée en « thèmes » façon puzzle par de cuistres pédagogistes. Et c’est une France profondément incarnée, par ses grands hommes - de Gaulle, Napoléon, Jeanne d'Arc ou encore Clovis - comme par ses petite gens - artisans, instituteurs, mères de famille… - que le visiteur touche du doigt. 

Les sens, le temps qui passe, l’incarnation… c’est le propre de la vie : l’épopée est vivante et charnelle. 

Sur les fonts baptismaux de la Cité de l’Histoire, le soir de l’inauguration, comme autant de bonnes fées sur son berceau, on pouvait croiser Franck Ferrand, bien sûr, mais aussi Stéphane Bern, le fils de Pierre Chaunu ou encore celui d’Alain Decaux. Ne manquaient plus que la descendance de G. Lenotre et d’André Castelot. La Cité de l'Histoire n'enseigne pas, elle répare. Les professeurs seraient bien inspirés d'y emmener les élèves et les grands-parents leurs petits-enfants.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 28/08/2023 à 11:20.
Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

13 commentaires

  1. Absolument ! Alésia est à Chaux-de-Crotennay, dans le Jura . Il faut s’attacher à relire les écrits de César et des contemporains, dans le texte et avec l’oeil critique, minutieux voire « mathématique » ( disons : scientifique); Jules César, médiocre fonctionnaire politicien rachitique n’était nullement un guerrier, et on sait bien que ceux qui écrivent enjolivent leurs parcours et réussites… D’ailleurs, c’était Vercingétorix , nullement gaulois mais occitan d’origine gallo-romain lui aussi, le vainqueur. Manip politicienne , déjà !

  2. Merci pour cette brillante idée de sortie familiale.
    Mais pourquoi citer les professeurs et grand-parents comme initiateurs de cette sortie, comme si les parents étaient incapables d’avoir l’idée d’instruire leurs enfants… c’est un peu offensant ! Vos lecteurs n’ont pas tous 70 ans vous savez ;)

  3. En lisant cet article un refrain de chanson m’est revenu:
    « Flotte petit drapeau
    image de la France
    symbole d’espérance
    tu réunis dans ta simplicité
    la famille et le sol
    la liberté »

  4. Sans remonter au temps des hussards noirs de la république, il y a quelques décennies, nous apprenions dans les années 1960 à l’école publique à connaître et admirer toutes les grandes figures de l’histoire de France : Clovis, Charlemagne, Saint Louis, Jeanne d’Arc, Louis XIV, Napoléon, … qu’elles soient laïques ou non. La déconstruction de l’Education Nationale ayant permis le retour à l’analphabétisme et à l’inculture, il va falloir en effet multiplier ce genre d’initiatives pour tenir le rôle de l’imagerie médiévale.

  5. Franck Ferrand est un très bon historien, mais avec des idées bien arrêtés,donc je prends ce qu’il dit avec précaution. En effet, il est partisan de Jehanne d’Arc fille d’Isabeau de Bavière, et d’Alésia situé dans le Jura. Entre autres choses.

    • Allons bon ! Il serait tenant d’Alésia à Chaux de Crotenay ? Si ça peut faire vivre, un peu, le village, pourquoi pas. Pour ma part, j’en reste à Napoléon III et la Bourgogne. Ce qui n’enlève pas grand chose aux qualités de Ferrand.

  6. Ma prochaine visite lors d’un voyage à Paris. Enfin un retour à nos racines si souvent décriées par une gauche wokiste et destructrice .merci Gabrielle .

  7. merci à tous les initiateurs et rélisateurs de cette belle Cité de l’Histoire qui retrace avec passion le passé de notre pays et de son histoire largement dévoyée pendant des lustres par des esprits les plus vils et majfaisants.

  8. Enfin une bonne nouvelle pourvu que certains illuminés ne viennent pas saccager ce magnifique lieu . Je dirais que le  » PARIS  » de Hidalgo ne mérite pas cela mais nous français sommes ravis.

    • Hidalgo ne sera même pas une virgule dans le grand livre de l’histoire de Paris, les Clovis, Napoléon, Jeanne d’Arc, le Général et autres grands personnages eux sont des chapitres de cette même histoire, longue vie à l’histoire qui devrait servir de guide a l’avenir.

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