Si, finalement, le XV de France n’était que le miroir de la société française ?

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Vendredi dernier, comme de moins en moins de Français - le Stade de France n'était pas plein -, j'ai regardé le match d'ouverture du Tournoi des Six Nations. Et, comme de plus en plus de Français, je me suis couché triste et déçu. Certes, perdre contre la 3e nation mondiale quand on n'est soi-même que la 10e n'est pas forcément déshonorant. Mais enchaîner les défaites, comme le fait le XV de France, finit par peser sur le rugby français. Ça et les commentaires de Fabien Galthié ; entre deux anglicismes, il lui suffit d'une envolée lyrique sur l'équipe de France pour se voir aussitôt contredit par l'adversaire sur le terrain.

Au chapitre des satisfactions (signes d'un renouveau en cours ?), on notera de belles révélations individuelles, la belle première mi-temps avec un jeu français plus ouvert, plus offensif, plus basé sur la vitesse. D'ailleurs, même menés, les joueurs français ont osé, ont tenté, ce qui a rendu le match plaisant à regarder jusqu'au bout.

Mais alors, pourquoi tant de défaites ?

D'abord, c'est intéressant, les Gallois "n'ont rien lâché" (tiens, tiens... ça peut donc être une bonne recette). Menés 16 à 0 à la mi-temps, ils ont peu à peu repris l'avantage, opportunistes, face à une équipe de France moins rapide, plus approximative ; une équipe en doute. À ce niveau, cela ne pardonne pas. À la fin de la partie, un commentateur parlera même de "faillite mentale".

Notons aussi, du point de vue technique, que ce jeu plus rapide, plus débridé, voulu par Jacques Brunel, est déjà pratiqué depuis plusieurs saisons par nos principaux adversaires. La France est en retard, il est normal que les résultats se fassent attendre.

Mais si, finalement, le XV de France n'était que le miroir de la société française ? Plus que les autres sports collectifs, le rugby est un sport de combat. Il faut, sur le terrain, avoir un mental de guerrier, être fier, croire en ce pourquoi on se bat. Il faut également des chefs, qui sachent motiver la troupe et lui insuffler le supplément d'âme dont elle a besoin dans les moments difficiles.

Chefs, esprit guerrier, fierté nationale... Des mots qui sonnent politiquement incorrect. Mais comment s'en étonner quand le chef de l'État lui-même moque le tempérament des "Gaulois", contribue chaque fois qu'il s'exprime publiquement à diviser le pays ? Quand, dans nos écoles, on n'enseigne plus l'Histoire de France et l'amour du drapeau ?

Les joueurs du XV ne peuvent donner que ce qu'ils ont reçu, comme beaucoup de Français. Peut-être les gilets jaunes sont-ils, d'ailleurs, le symbole de cette France qui relève la tête et qui, même brouillonne, sonne la révolte et gagne. Souhaitons-le car, face à l'Angleterre, il faudra plus qu'un sursaut pour vaincre.

En attendant, et puisqu'il ne faut rien lâcher, allez les Bleus... quand même !

Guy Charles
Guy Charles
Ingénieur

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