Le bon sens du dernier prix Abel

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Les mathématiques ont, en 2017, le vent en poupe. De nombreux métiers ont recours à elles et les entreprises se disputent les bons mathématiciens avec des salaires qui flambent. Or, des études ont montré que, contrairement aux matières littéraires, l’origine sociale n’interfère pas dans la réussite en mathématiques. Les ministres de l’Éducation du général de Gaulle l’avaient compris et avaientmis l’accent sur les bacs scientifiques afin de lutter contre la ségrégation sociale. Et, entre 1965 et 1990, nombre d’enfants d’origine modeste ont pu décrocher des postes de cadres. Cette embellie n’a pas duré et la réaction bobo ne s’est pas fait attendre. Les « bonnes âmes » progressistes et de « gauche » ont dénoncé avec des trémolos d’indignation la sélection par les maths.

On est revenu à une sélection par le langage et la présentation de documents, matières que les rejetons de la bourgeoisie (qui vote à gauche) maîtrisent parfaitement. Les dégâts dus à ces nouvelles orientations scolaires sont considérables. Il existe, désormais, deux types d’établissements. Les uns sont exigeants. Leurs élèves apprennent dans le calme et les enseignants leur demandent le maximum. Les autres, ceux qui sont en banlieue, ont des cours agités et leurs connaissances sont frelatées, leurs professeurs s’alignant systématiquement sur le bas sous le prétexte fallacieux que la majorité serait incapable de suivre.

M. Meyer, le dernier prix Abel (l’équivalent du Nobel en mathématiques), vient de dénoncer cette situation. Selon lui, pour redresser le niveau dans sa matière, il faut imposer les mêmes exigences aux minorités, sans céder à l’indulgence - solution de paresse et de lâcheté. Il ajoute que l’enfer est pavé de bonnes intentions et qu’en voulant respecter les différences culturelles, on tombe dans un piège. Tout est dit. L’intelligence est équitablement partagée entre les différentes ethnies et les enfants d’origine maghrébine ou africaine ne sont pas plus idiots que les "Français de souche". Or, les premiers sont quasiment absents des grandes écoles. Comme les enfants d’origine immigrée ont plus de difficultés que les autres, on enseigne à tous une sous-culture, ruinant totalement les chances des meilleurs d’entre eux et les condamnant au chômage et à l’exclusion. La sélection actuelle est cachée et fondée sur le niveau culturel des parents. Passons à une sélection ouverte, générale. Sans doute y aura-t-il proportionnellement deux fois moins d’élèves dans un collège de banlieue que dans un établissement de centre-ville apte à suivre un enseignement de qualité. 

Mais en changeant de méthodes pédagogiques, en généralisant l’élitisme, on « sauverait » une fraction des adolescents issus des minorités au lieu de tous les condamner comme actuellement, et le progrès serait énorme. Le Parti des indigènes de la République, qui prospère en dénonçant une prétendue discrimination subie par les immigrés, perdrait son fonds de commerce.

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Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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