Selon une étude, le RN et Reconquête sont largement sous-représentés sur le service public

France TV France Inter

« Pas d’émission pour cause de grève. » Depuis ce jeudi 23 mai, les salariés de l’audiovisuel public battent le pavé, signent des pétitions et lancent des appels à la grève. Techniciens et journalistes manifestaient, ainsi, sous les fenêtres de la Comédie-Française, à quelques pas du ministère de la Culture, pour dire « non » à la fusion des médias de l’audiovisuel public (Radio France, France TV, INA, France 24…) dans une nouvelle et unique entité, « France Médias ». Ce projet gouvernemental de fusion, porté par la nouveau ministre de la Culture Rachida Dati, devait être examiné à l’Assemblée nationale, ce 23 mai : il a, finalement, été reporté. En cause, un ordre du jour trop chargé. Malgré ce report, les employés du service public ne baissent pourtant pas les bras et entendent poursuivre leur mobilisation au nom, disent-ils, de leur « indépendance » et du... « pluralisme » !

Une surreprésentation de la gauche

Un pluralisme revendiqué par les dirigeants de l’audiovisuel public, mais qui semble quasiment inexistant sur les ondes et les antennes du service public, à en croire la récente étude publiée par l’Institut Thomas More. Pour réaliser ce document d’une quarantaine de pages, publié ce 24 mai, le think tank libéral a suivi et analysé les programmes et intervenants de l’audiovisuel public durant la semaine du 19 au 23 février 2024. Bilan ? L'institut note une absence claire de pluralisme. Le résultat de l’étude est sans appel : sur les 587 personnes intervenues sur France 2, France 5, France Info Télévision, France Info Radio, France Inter et France Culture durant cette période, 50 % apparaissent « neutres » (non encartées ou sans orientation idéologique affichée). Sur l’autre moitié des intervenants, 25 % sont de gauche, 21 % affiliées ou proches, idéologiquement, de la Macronie et seulement 4 % tiennent un discours de droite. Ce manque de pluralisme affecte davantage, selon cette étude, le Rassemblement national et Reconquête, sous-représentés sur le service public.

Les chiffres relevés par l’Institut Thomas More sont, à ce sujet, parlants. Sur les antennes de l’audiovisuel public, la « droite radicale » est sous-représentée par rapport à son score au premier tour des élections législatives (Reconquête, RN et petits partis de droite, soit 24,05 % au total). Cet ensemble de droite (sans LR) se voit ainsi amputé de 50 % de son temps de parole légitime sur France 3, de 42 % sur France 5, de 33,5 % sur France Info TV et de 21 % sur France 2. Même constat sur les ondes de l’audiovisuel public, et notamment sur France Inter. Le RN et Reconquête sont quasiment absents des programmes (-58 %). À l’inverse, les gauches bénéficient d’une exposition bien plus large que leur poids dans l'opinion : +50 % au micro de France Inter et + 17,5 % sur France 3, notamment. Les Républicains, classés dans la catégorie « libéral conservateur », bénéficient d’une exposition plutôt représentative de leur score au premier tour des dernières élections législative sur France Télévisions mais sont, eux aussi, marginalisés sur France Inter (-19,24 %).

Une partialité assumée

Un manque de pluralisme criant qui semble contrevenir à l’obligation d’impartialité de l’audiovisuel public, telle que prévue par la loi Léotard (1986), mais totalement assumé par la direction de France Inter. Adèle Van Reeth, directrice de la radio publique, qui clamait dans les colonnes du Figaro : « Nous sommes une radio progressiste et nous l’assumons. » Ce propos rejoint celui de l’humoriste Guillaume Meurice, aujourd’hui visé par des mesures disciplinaires, qui résumait de manière provocatrice, au mois d’avril : « On équilibre. On essaye de faire une vanne de gauche, une vanne d’extrême gauche, une vanne d’ultra-gauche, pour vraiment avoir tout le panel du spectre politique. »

La marginalisation de Reconquête et du Rassemblement national, prouvée par cette étude, n’a pas manqué de faire réagir les principaux intéressés. Marion Maréchal, tête de liste Reconquête aux élections européennes, dénonce un « rapport accablant ». « [Tout] cela avec nos impôts. La privatisation d’une grande partie de Radio France et de France TV est plus que jamais nécessaire. » « Je suis moi-même blacklistée, trop à droite, il paraît… ! », s’indigne Nadine Morano (LR). Et Nicolas Dupont-Aignan ajoute : « J’ai saisi à plusieurs reprises l’Arcom sur les inégalités de temps de parole. Malgré ces injonctions, France Inter fait un bras d’honneur aux règles du pluralisme dans les médias. Assez de cet entre-soi permanent ! » De son côté, Radio France dénonce une étude « aux résultats hautement questionnables et à la méthodologie hautement questionnable ». Le groupe récuse tout manquement à son devoir de pluralisme.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

42 commentaires

  1. C’est un fait d’évidence: il est impossible de faire efficacement partie de la fonction publique ou des médias grand public si vous êtes « fiché » de droite. En fait la droite n’existe même plus en France, vous êtes immédiatement classé « d’extrême droite » si vous n’êtes pas absolument conforme au discours obligatoire. Marie France Garaud, qui vient de mourir, aurait été proclamée d’extrême droite, autrement dit fasciste ou nazie, si elle avait pu s’exprimer dans la France des 20 dernières années.

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