Selon Nadia Hai, assimiler le voile au terrorisme ferait le jeu des séparatismes

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Nadia Hai, le ministre délégué à la Politique de la ville, une binationale maroco-française, vient d'être interviewée par le journal La Croix (2 juillet), qui offre une tribune à ses théories. Parfois, on se contente de ne pas nommer la chose : le déni. Parfois, on met en accusation ceux qui refusent la soumission progressive de la société française à des mœurs venues d'ailleurs et incompatibles avec ses valeurs et sa civilisation. Mélenchon a pris ce parti, perdant ses électeurs sans gagner les banlieues. Nadia Hai rabâche ces vieux discours, en dénaturant au passage les propos qu'elle prétendait réfuter. Car personne « n'assimile le "voile" au terrorisme » ; d'ailleurs, de quoi parle-t-on : du foulard sur la tête ou du voile sur la figure ? De ce même foulard dans la rue ou à la présidence d'un bureau de vote, ou à l'école ? On est au minimum surpris par de telles confusions élémentaires.

Le ministre délégué vante ses actions contre le décrochage scolaire, puis l'opération « Quartiers d'été » (110 millions alloués), le dispositif des « Cités éducatives » (ex-Quartiers prioritaires), qui vont passer de 80 à 126, en septembre, puis à 200, début 2022, et celui des « Cités de l’emploi » pour accompagner les gens vers l’activité. Tous ces dispositifs existaient déjà sous une forme ou une autre et on remet une couche de plus : malgré les 9 ou 10 % de ses listes aux régionales, Emmanuel Macron espère parvenir au second tour de la présidentielle. Les résultats de cette gabegie (3,3 milliards d'euros et 15 nouvelles mesures pour les quartiers prioritaires) ? « La politique de la ville se heurte parfois à un manque de volonté des élus locaux, surtout ceux proches de l’extrême droite. Prenons Béziers. Des quartiers y sont éligibles aux dispositifs que nous finançons mais le maire Robert Ménard ne présente aucun projet sérieux car il délaisse ses habitants. Nous travaillons avec les élus de toutes couleurs politiques mais la réalité, factuelle, est qu’il est impossible de le faire avec le RN et ses cercles proches. »

Puis le ministre défend le port du « voile » (elle y tient, à sa curieuse confusion) : « Non, le "voile" n’est pas synonyme de terrorisme et n’est pas toujours synonyme d’islam politique. Tout dépend du discours qui va avec » (sic). Mais Mme Hai plonge à nouveau dans le flou ; un à-peu-près voulu ? Sans un mot pour les victimes de l'islamisme ou sur la quasi-sécession de certains quartiers : « La banalisation de la violence par les mots concerne aussi les responsables politiques. Durant les débats à l’Assemblée sur le projet de loi séparatisme, on a entendu des personnalités LR comme Éric Ciotti ou Nadine Morano assimiler le port du voile au terrorisme (sic). Il est devenu monnaie courante chez certains, à droite, de stigmatiser une partie de la population. Ce discours qui se radicalise est scandaleux et dangereux car cela fait le jeu des séparatismes. » En d'autres termes : être pour l'arrêt de l'immigration, par exemple, serait stigmatiser les immigrés ; et le séparatisme serait provoqué ou encouragé par les dénonciations de ce séparatisme… Back to school, diraient les Anglais. Nous savons tous que la grande majorité des musulmans ne sont pas des islamistes et en sont même victimes. Ceux-là attendent de la clarté et de la fermeté et non des postures et discours ambigus et donc dangereux.

Henri Temple
Henri Temple
Essayiste, chroniqueur, ex-Professeur de droit économique, expert international

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