Scène de guerre à Marseille et attestation dérogatoire obligatoire

préfet barbier

C’est bien connu : la loi est faite pour ceux qui obéissent à la loi. C’est absurde, me direz-vous. Pas plus que certaines situations auxquelles nous sommes aujourd’hui confrontés. Ainsi, le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Emmanuel Barbe, ancien Monsieur Sécurité routière, explique benoîtement, au micro de BFM TV, que « tous ceux de bonne foi ont bien compris les règles et les appliquent facilement ». Les règles ? Celles liées, évidemment, à la lutte contre la propagation du virus, notamment celle de la fameuse attestation dérogatoire.

La preuve par l’absurde que ces règles sont comprises par les gens de bonne foi ? « J’étais, hier, sur des contrôles dans des endroits où on vend de la drogue. Personne, parmi les acheteurs, et à plus forte raison parmi les vendeurs, n’avait d’attestation. » Donc ? « Donc, ce système est bien compris », nous dit le préfet. CQFD. En revanche, l’histoire ne nous dit pas si ces acheteurs et vendeurs ont été interpellés pour ne pas avoir d’attestation et de masque ou parce qu’ils accomplissaient leur petit trafic. Avec un peu de chance, ni l’un ni l’autre. On est, en tout cas, comme habité d’un doute.

Quelques heures après cette déclaration surréaliste qui trouve toute sa place au musée des absurdités, le sénateur Stéphane Ravier relayait, sur Twitter, des images tournées dans le 14e arrondissement de Marseille, avec ce commentaire : « Encore une scène de guerre dans la cité des Rosiers à Marseille (14e). On ne fera jamais la guerre aux trafiquants ni aux terroristes tant que les Français éliront les laxistes irresponsables qui nous gouvernent depuis 50 ans… » Une balle perdue a même été retrouvée dans le nounours d'une enfant de trois ans, légèrement blessée au pied, selon actu.fr.

Mais Stéphane Ravier ne devrait pas dire ça. Il n’y a pas de laxistes, pas d’irresponsables. La preuve : la semaine dernière, Gérald Darmanin affichait déjà au compteur quelque 100.000 verbalisations et s’apprêtait à envoyer sa police sur les parvis des églises si les cathos s’obstinent à vouloir s’attrouper pour réclamer la messe. Du reste, ce dimanche 15 novembre, rapporte La Provence, une trentaine de fidèles de la Fraternité Saint-Pie-X étaient verbalisés à Aix-en-Provence, toujours dans les Bouches-du-Rhône, pour avoir assisté à la messe dans leur chapelle.

Tout est une question de priorité, c’est bien connu. Et la juxtaposition de ces scènes provençales, à quelques heures et kilomètres de distance, nous laisse malheureusement entrevoir où est, peut-être, la priorité. Alors, oui, la loi est faite pour ceux qui obéissent à la loi.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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