Samedi à Paris, Anne Hidalgo a vu l’extrême droite. Si on lui offrait des lunettes ?

Dans un entretien accordé au Parisien après l’acte XVIII, Anne Hidalgo dit être "extrêmement choquée", avoir "assisté à des scènes incroyables" : "Ce que j’ai vu (sic) ce soir, ce sont des groupes d’extrême droite qui veulent fragiliser la démocratie et des groupes de pilleurs."

Euh... comme le tweete Dominique Jamet, "une visite chez l’ophtamo s’impose".

En 1982, un film passablement leste et déjanté, inspiré d’une pièce de théâtre éponyme, avait rencontré un certain succès : Elle voit des nains partout. La Blanche-Neige de Paris, elle, voit l’extrême droite partout.

Du personnage de Grimm, elle a la chevelure de jais et la propension infantile à rester dans le conte fantasmagorique. Derrière les drapeaux noirs ou rouges à l’effigie de Che Guevara, elle discerne la vilaine fée extrême droite. Et c’est sans doute cette même vieille sorcière extrême droite — un peu masochiste - qui a tagué le symbole anarchiste et apposé cet autocollant "Action antifasciste" sur la plaque commémorative dédiée au capitaine de police Xavier Jugelé ?

Comme disait Charles Péguy, "il faut toujours dire ce que l’on voit. Surtout il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit." Ou changer de lunettes.

Dans le langage des médias de 2019, les propos tenus par Anne Hidalgo s’appellent des "fake news". Quiconque était là samedi, ou a simplement regardé la télé, le sait : ce n’était pas l’extrême droite ni des gilets jaunes "historiques" un peu énervés qui ont vandalisé Paris, la rhétorique des slogans sur les murs est d’ailleurs signée. Ce sont les Black Blocs et les antifas qui étaient à la manœuvre, comme c’est un peu plus le cas chaque samedi. Pratiquant leur stratégie du coucou, ils ont « kidnappé » le mouvement, pour reprendre l’expression d’Alain Bauer.

Et ceux qui, comme Anne Hidalgo, nient l’évidence par un irrationnel réflexe de solidarité idéologique ne sont pas blancs comme neige…

Le tout récent livre d’Éric Delbecque, expert en sécurité intérieure, Les Ingouvernables de l’extrême gauche à l’ultra-gauche violente, plongée dans une France méconnue (Grasset) est, à cet égard, édifiant : "La tolérance larvée de l’intelligentsia à l’égard des errements de l’ultra-gauche, de l’extrémisme (ou radicalisme) dit de gauche, encourage les jeunes gens au sang chaud qui veulent en découdre, et rend d’emblée inefficace tout embryon de réprobation collective", écrit-il. La "galaxie HipPunk", regroupant zadistes, Black Blocs, altermondialistes, animistes extrémistes, etc., "revendique l’héritage des mouvances contestataires agitant les sociétés occidentales depuis les années 50, dont bien sûr le combat écologiste" (fondateur de la désobéissance civile) et "l’héritage gauchiste de mai 68", même si "entendant échapper à toute compromission avec le système […] ils ne ressemblent pas à leurs aînés soixante-huitards reconvertis dans la politique et les médias". Il ne veulent pas être les « li-li » - libéraux libertaires - décrits par Michéa.

Il est assez évident, cependant, qu’ils bénéficient, du fait de cette filiation, d’une paternelle - maternelle ? - indulgence… l'amour est aveugle, même en politique.

Dimanche, un incendie s’est déclaré dans l'église Saint-Sulpice de Paris. On apprend que l’origine en est criminelle, même si l’auteur n’est pas connu à cette heure.
Sur Twitter, certains s’en sont réjouis, illustrant la photo de Saint-Sulpice en flammes avec cette citation : "La seule église qui illumine est celle qui brûle." Cette même phrase avait été taguée il y a peu par des membre d’un groupuscule extrême gauche sur le portail d’une école privée à Sète. Et même si ne sont visés QUE des catholiques - suscitant, sur l'échelle de Castaner, un séisme de magnitude à peu près nulle quand ils sont visés -, reconnaissons que cela devient... critique.

Il est furieusement temps de soigner ce strabisme divergent qui gâte - miroir, mon beau miroir - l’image de fermeté et de lucidité que devrait renvoyer n’importe quel maire dont on saccage, souille, brûle la ville.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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