Roxana Maracineanu assume (sans complexe) le choix de Youssoupha…

Roxana

Et voilà. Une polémique chassant l’autre, on ne parle déjà presque plus de Youssoupha. Pour le ministre des Sports Roxana Maracineanu, au micro de BFM TV, ce choix est « naturel » (sic). Pour elle, si « le sport et plus spécialement la FFF se met aujourd’hui en scène avec Youssoupha », c’est parce que « cette chanson est en accord avec ses valeurs et avec nos valeurs, qui sont celles de lutter contre le racisme et de promouvoir la diversité » et, rajoute-t-elle, tout cela, « il le fait dans ses chansons ».

Non, vraiment, elle ne voit pas le problème. Roxana Maracineanu, que l’on avait vue si prompte à réagir au fameux scandale de l’arbitre roumain et à « son expression de racisme ordinaire », selon ses mots, ne trouve rien à redire pour Youssoupha.

Youssoupha serait donc « en accord avec nos valeurs » lorsqu’il chante « La France est un pays d'escrocs, ils ont volé nos œuvres d'art et les ont mis dans leurs expos ». Pour représenter en chanson l’équipe nationale, c’est vraiment l’homme de la situation.

Il serait encore « en accord avec nos valeurs » lorsqu’il évoque « ce rêve où [sa] semence de nègre fout en cloque cette chienne de Marine Le Pen ». Le féminisme, la sororité, la lutte contre les violences faites aux femmes, tout ça, tout ça, c’est pour les chiens puisqu’on en parle.

La même, en mars, soulignait avec vigueur les responsabilités de Canal+ au sujet de Pierre Ménès, reprochant à la chaîne de « mettre à l’antenne, favoriser, accréditer légitimer la présence de personnes » aussi sexistes. Pierre Ménès, pourtant, c’est la Comtesse de Ségur mâtinée de Jane Austen, comparé à ce brave Youssoupha… Interrogée, précisément, sur la citation Marine Le Pen (sur France Info), Roxana Maracineanu concède du bout des lèvres et d’une double négation alambiquée que « bien sûr, quand on parle d’une femme de cette manière-là, [elle] ne [peut] que pas être d’accord » (re-sic). Mais elle justifie aussitôt ces insultes : « Maintenant, c’est aussi pour dénoncer les propos en termes de racisme et de haine qu’elle [Marine Le Pen, NDLA] répand dans la société. » Forcément, cela change tout.

Il serait aussi « en accord avec nos valeurs » lorsqu’il met « ce billet sur la tête de celui qui fera taire ce con d'Éric Zemmour ». (C’était imagé, nous dit-on, il faut arrêter d’être premier degré, hein !)

Ils serait, enfin, « en accord avec nos valeurs » lorsque, dans son titre « Vous avez demandé la police », il proclame tranquillement : « Soyons directs, en France la police tue/Et dans l'oubli la République se prostitue/Meurtres au bang-bang, déguisés en bavure/Car en garde à vue on cane les peaux d'ébène-bène, t'as vu ? »

Signalons, au passage, que, le 2 février 2017, Youssoupha était la star du concert Justice pour Adama, à La Cigale, organisé « pour ne pas oublier »… et aussi la cheville ouvrière, puisqu’on lit sur le Bondy Blog qu’il avait contacté lui-même les autres artistes.

Mercredi, Gérald Darmanin, la mine grave de circonstances, auquel il ne manquait plus, à la main, que la rose banche des marches du même nom, se joignait au rassemblement citoyen pour la police. Quelques jours auparavant, Emmanuel Macron exhortait les Français à faire preuve, à l’endroit des forces de l’ordre, d’« un soutien sans faille ». La faille, aujourd’hui, et elle est de taille, s’appelle Roxana Maracineanu.

De deux choses l’une, soit le gouvernement embrasse sincèrement la cause des policiers et revient avec fracas sur le choix musical, d’autant plus douteux qu’il est décomplexé, de Roxana Maracineanu en la tançant sèchement et publiquement pour cette grave bévue, soit il s’en moque, dans tous les sens du terme.

Gabriel Attal, porte-parole du gouvernement, ayant écarté, ce vendredi matin, cette affaire du revers de la main - pour lui, il y a à la manœuvre « des responsables politiques qui font feu de tout bois et cherchent des polémiques en permanence sur tout » -, on peut conclure sans trop s'avancer que nous sommes plutôt dans la deuxième hypothèse.

Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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