Rois, reines et valets supprimés du jeu de cartes. La grisaille égalitaire est à 9,95 €

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La tendance est au coup de com' marketing déguisé en lutte contre les inégalités. La ficelle permet de vendre un produit ou se faire remarquer. Dans les pas de Camélia Jordana, une jeune fille hollandaise lance le jeu de cartes sans roi ni dame ni valet. Un jeu égalitaire dépourvu de sexisme et de racisme. 9,95 euros. Le bonheur est dans le prix.

L'argument de vente reprend le baratin habituel. La hiérarchie est insupportablement sexiste... Le roi domine la pauvre dame, le valet est humilié par ses deux supérieurs. Et puis, dites donc, ils sont tous blancs ! 9,95 euros pour sortir de ce schéma racisto-sexiste. C'est cadeau.

À défaut d'idée poétique, les trois figures ont été remplacées par une carte bronze, une argent et une étalant moult lingots d'or. Un jeu sans représentation humaine. Un no man's land qui établit une hiérarchie matérielle, voire financière. Humm... Jean-Luc Mélenchon pas content. Pourquoi pas une carte Bill Gates, une Zuckerberg, un George Soros ? Ah, zut ! Que des hommes. Bon. On efface tout, on recommence. Alors une carte lion, une antilope et une carte souris. Les vegans ne seront jamais d'accord. Insoluble.

Face aux multiples susceptibilités, l'idéologie égalitariste aboutit à ce jeu de cartes duquel tout signe de vie a été éradiqué. Aucune représentation originale, aucun personnage haut en couleur. Juste des matériaux. La reprise du principe des médailles olympiques. Très sérieux. Emberlificotée dans son catéchisme, la créatrice n'a pas eu l'imagination ou l'audace de proposer un univers tout aussi amusant et intrigant que celui qu'elle souhaitait voir disparaître.

Pour aller au bout de la logique, nous conseillons à un autre petit malin de lancer sur le marché un jeu comprenant 32 cartes de même valeur. Des parties sans gagnant ni perdant. La vraie égalité pure et dure. Le poker sans risques, des batailles de « 7 de cœur » interminables. De l'ennui garanti, de la grisaille... Silence, le bien-pensant fait pénitence. Pas un mot. Il joue mais ne s'amuse pas. Il inclut, il égalise. « Carré de 7 de cœur ! Comme toi. Ooooh... Comme nous sommes z'égaux ! »

La tueuse de « rois dames valets » précise que l'objectif est « que tout le monde se sente à l'aise en jouant aux cartes ». Effectivement, nous allons mieux, mais il reste le problème épineux du jeu de « petits chevaux ». Que des mâles. Bien évidemment, nous attendons une version avec des juments. De la noble bête en âge de se reproduire. Pourquoi pas un élevage ? La boîte avec les couples et un jeu de l'oie dédicacée par une dinde : 99,95 euros. Une affaire à saisir.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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