Revaloriser l’indemnité des maires : les dessous d’une idée consensuelle

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Canicule, Sarkozy, Médine : cette année, l'été des marronniers est encore plus dur que d'ordinaire. Mais c'était sans compter sur Dominique Faure qui a décidé de (ou que l'on a invitée à) sortir de l'anonymat ministériel où elle végète depuis 2022. En effet, cette ancienne championne de France de tennis cadettes (selon Wikipédia), élue député en 2022, fut secrétaire d'État à la Ruralité dans le premier gouvernement Élisabeth Borne. Visiblement bonne élève de la Macronie, elle devient, en novembre, ministre délégué chargé des Collectivités territoriales, à la suite de la démission de Caroline Cayeux. Et la voilà, depuis un mois, ministre délégué chargé des Collectivités territoriales. Une force tranquille. Et c'est à ce titre qu'elle a donc annoncé que le gouvernement souhaitait revaloriser l'indemnité des maires, dans une interview à la presse régionale reprise par la presse nationale.

L'intention est louable et tombe bien. Et toutes les formations politiques ne pourront qu'approuver l'idée. L'intention ? Revaloriser les indemnités des maires « à la hauteur de leur engagement » afin de lutter contre leur « découragement ». Et l'on sait qu'il y a de quoi. Les dernières émeutes, en remettant sur la table la question de la violence contre les élus, l'ont amplement rappelé. Tout comme le chiffre des démissions en cours de mandat : un rapport sénatorial publié en juillet dernier cité par Le HuffPost indique que 1.000 maires élus en 2020, sur environ 35.000, avaient déjà démissionné. Pris, comme tous les Français, entre des contraintes administratives, environnementales et financières délirantes d'un côté et les violences de certains de leurs administrés de l'autre, ils ont mille raisons de jeter l'éponge. Il est donc bien normal que l'État, qui leur impose les premières et qui ne fait pas grand-chose contre les secondes, vienne enfin un peu à leur secours.

Qu'ils ne se réjouissent pas trop vite : la belle initiative macronienne portée par Dominique Faure demeure encore bien floue. Pas de montant précis… et seuls les élus des communes de 3.500 à 100.000 habitants seraient concernés. Curieux : les maires des petites communes sont aussi très exposés et très dévoués et se sentent souvent bien seuls. Alors ?

Alors cette mesure consensuelle n'est certainement pas dénuée d'arrière-pensées politiques : la France est, en effet, en ce moment en pleine campagne électorale pour les sénatoriales du 24 septembre prochain qui renouvelleront la moitié des sénateurs ! Ces sénateurs étant élus par un collège de grands électeurs (79.000) constitué à 95 % par des représentants élus par les conseils municipaux, la mesure est destinée à renouer un lien abîmé entre le pouvoir macroniste et les élus locaux. Et ce, dans une élection qui s'annonce difficile pour les partis de la majorité, ultraminoritaires au palais du Luxembourg. LR, déjà majoritaire, part favori quand les macronistes pâtissent de leur absence d'élus locaux et de leurs divisions, comme le rappelle Le Monde.

Alors, pourquoi ne pas avoir aussi inclus les maires ruraux dans la mesure, qui, selon France Info, vivent cela comme une injustice ? Peut-être parce qu'ils sont définitivement irrécupérables pour le macronisme, comme l'a montré le vote de ces communes en 2022, dominé par Marine Le Pen ? En Macronie, le mépris ne prend pas de vacances.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Je ne sais pas si le salaire des maires est suffisant où pas, mais ce que je sais, c’est que si un maire ne fait ça que pour de l’argent, il vaut mieux ne pas l’élire.

  2. Les maires seraient à indemniser en fonction du budget qu’ils ont à gérer et non pas en fonction du nombre d’habitants. La charge d’un maire d’une commune de 150 habitants n’a pas le même poids que celle d’une commune de 5000 habitants. Les budgets sont en rapport.

  3.  » revaloriser l’indemnité des maires, » cela porte un nom, toujours le même : l’achat des votes, caractéristique d’un système mafieux.

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