Place Sasserno, à Nice, des dizaines de convives sont attablés à la terrasse couverte du Poppies, ce mercredi 27 janvier. Sous les cris « Liberté ! Liberté ! » et les applaudissements, le restaurateur Christophe Wilson sert, sans masque, le menu unique à quinze euros. En signe de solidarité, une « tirelire à amende » circule entre les tables. Entre acte de désespoir et celui de désobéissance civile, il n’y a qu’un pas que le patron de la brasserie a franchi librement pour retrouver un peu du monde d’avant. Depuis, ce dernier est placé en garde à vue et toutes « les personnes identifiées qui ont pris part à ce rassemblement interdit ont été ou seront toutes verbalisées. Respect des règles par tous, pour la santé de tous », annonce la préfecture des Alpes-Maritimes.

Seulement, voilà : Christophe Wilson n’est pas détenu pour son ouverture illégale, ni pour son non-respect des règles sanitaires, mais bien pour « emploi d'un étranger en situation irrégulière ». Lors du contrôle de police, il s’est avéré que le cuisinier n’avait pas de papiers, le clandestin a donc été placé en centre de rétention et bénéficie, désormais, lui aussi, de soutiens publics.

Si le combat de Christophe Wilson joue sur plusieurs tableaux et le place sur une ligne de crête qui pourrait desservir sa cause, il n’est pas le seul restaurateur à entrer en dissidence. Un groupe « Mon restaurant ouvre le 1er février » est créé sur Facebook et compte plus de 21.000 abonnés après trois semaines de création. Il invite les Français à soutenir les restaurateurs à l’agonie, mais en rappelant bien que si les conditions sanitaires ne sont pas respectées, le mouvement sera décrédibilisé. Rouvrir oui, mais pas de n'importe quelle façon.

Sur les réseaux sociaux, les messages de soutien sont innombrables, mais certains restaurateurs témoignent à l’inverse que « si c’est pour avoir plus d’ennuis après que nous en avons actuellement, le jeu n’en vaut pas la chandelle. Et remettre en route un restaurant après trois mois de fermeture pour un service, je ne vous fais même pas de dessin. »

Mais autour d'une table ou dans la rue, avec ou sans masque, les appels à la dissidence le 1er février se multiplient. Après les étudiants et les restaurateurs en détresse, c'est au tour des routiers de se manifester. Leurs syndicats appellent à une journée nationale d’action, le 1er février, contre « les dégradations successives et brutales de leurs conditions de travail du fait de la situation sanitaire et économique ». En attendant ce premier jour de février, l’Élysée, dur avec les faibles et faible avec les durs, sent la tension monter. Un intime du chef de l’État s’en inquiète dans Le Parisien : « Le danger, ce sont des gens qui se rebiffent et qui refusent tout simplement de se soumettre aux nouvelles restrictions car ils considèrent qu'ils n'ont plus rien à perdre. Il faut faire gaffe. Si des coiffeurs décident de rester ouverts, par exemple, on fait quoi ? On envoie plein de petits Gérald Darmanin pour leur dire de rester fermés ? »

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28 janvier 2021 à 18:15

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