Le remplacement de la pension de réversion pourrait être intéressant car le dispositif actuel est compliqué

La réforme des retraites prévue par le gouvernement approche à grands pas. La pension de réversion pourrait être supprimée, ce qui suscite une grande inquiétude, en particulier parmi les femmes qui en sont très majoritairement bénéficiaires.

Jacques Bichot réagit au micro de Boulevard Voltaire.

La réforme des retraites voulue par le gouvernement approche à grands pas. Elle inquiète particulièrement les femmes, car cette réforme s’accompagnerait de la suspension de la pension de réversion.
Pouvez-vous nous définir tout d’abord ce qu’est la pension de réversion ?

Ce dispositif consiste à accorder à la veuve ou au veuf une partie de la pension du défunt de façon à ce que son revenu d’existence ne soit pas trop diminué.
Il y a cependant en France une variété de dispositifs différents selon les régimes. Les pensions peuvent être très différentes et le dispositif se révèle assez complexe. C’est notamment le cas pour les gens qui ont eu des carrières correspondant à des régimes différents. C’est aussi le cas après un divorce. Dans ce cas, si le défunt ne s’était pas remarié, pas de souci, sinon la pension de réversion sera bien moindre.
Ces curiosités sont souvent des injustices. De surcroît, le système est très difficile à comprendre et à manager. Je ne pense pas de toute façon que le dispositif sera abandonné totalement. Et son remplacement par quelque chose de différent pourrait être intéressant.

Ce dispositif avait été mis en place notamment pour protéger les femmes, car les hommes étaient les plus nombreux à avoir un revenu. D’ailleurs, 85% des 3,8 millions de personnes qui bénéficient de la pension de réversion sont des femmes. Maintenant que les femmes travaillent de plus en plus, le gouvernement se dit qu’il est peut-être temps de réajuster le dispositif.

Il reste néanmoins le problème récurrent de l’inégalité de revenus entre les hommes et les femmes.

Le nouveau système de calcul à points sur toute la durée de la vie professionnelle risquerait-il de faire baisser les retraites de manière assez drastique?

Il y a en effet un changement de mentalité et de principe.
Le principe ancien était de maintenir une fois que la ou les personnes du ménage étaient à la retraite un niveau de vie à peu près équivalent à celui qu’il avait en période d’activité. Ce principe est très ancien et vient à l’origine de la retraite des fonctionnaires qui a été mise en place à la fin de l’ancien régime. L’idée était qu’un fonctionnaire ayant une dignité particulière ne devait pas devenir pauvre, mais au contraire conserver son niveau de vie une fois qu’il n’exercerait plus ses fonctions. La mentalité était de maintenir à peu près le niveau de vie atteint en fin de carrière. D’où l’idée de prendre les dernières années ou les meilleures années.
Au point de départ, cela avait été les dernières années. Nous sommes par la suite passés à une règle encore plus intéressante avec les meilleures années.
Je ne pense pas que ce sera un drame pour les personnes qui ont une carrière convenable. En revanche, les personnes ayant eu des carrières à mi-temps, et qui donc étaient protégées de ce phénomène de mauvaises années seront un peu perdantes par rapport à la situation actuelle.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 18/06/2018 à 17:53.

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