Primaires LR : immigration et terrorisme s’invitent sans avoir été conviés…
Dimanche dernier, sur BFM TV, c’était le deuxième round de la primaire des Républicains. Le premier se jouait à fleurets mouchetés ; ce dernier un peu moins, sachant que lien entre immigration et terrorisme s’était invité à la fête. Officiellement, ils étaient cinq : Barnier, Bertrand, Ciotti, Juvin et Pécresse. Officieusement, il y en avait un sixième, Zemmour, dont l’ombre n’en finissait plus de planer sur le débat.
Il est vrai que si les uns avaient mis les petits plats dans les grands pour conserver à cette causerie toute sa « dignité républicaine », Zemmour avait, lui, carrément mis les pieds dans le plat lors de sa visite au Bataclan, en pleine commémoration des attentats, prenant à partie le Président d’alors, François Hollande : « Il savait qu’il y aurait des terroristes et n’a pas protégé les Français et a pris une décision criminelle de laisser les frontières ouvertes. » La veille, il affirmait encore : « Le pouvoir était au courant du danger et il a préféré que des Français meurent plutôt que d’empêcher des migrants de venir en France. »
Si Éric Zemmour a bousculé la campagne de Marine Le Pen, c’est aujourd’hui la primaire LR qu’il chamboule. Car tenu de se positionner vis-à-vis de l’ancienne présidente du RN, il oblige également les Républicains à faire de même quant à ses positions de plus en plus « disruptives », comme disent les politologues…
Au cœur de la polémique ? La question consistant à dire ou pas s’il existe une corrélation entre immigration, clandestine ou non, avec le terrorisme islamiste. Marine Le Pen et son père l’affirmaient depuis belle lurette, Éric Zemmour y est venu, tandis que les potentiels candidats de la « droite républicaine » hésitent à franchir le pas, lequel vient de l’être par Bernard Cazeneuve, ex-socialiste et ministre de l’Intérieur de la Macronie : « Je ne peux pas exclure que des terroristes profitent de ces flux de réfugiés pour venir en Europe. » Mais qui disait cela naguère passait pour un dément ; sauf que, voilà, LR y vient : les enfants finissent par comprendre qu’on peut se brûler les doigts en se les mettant sur la gazinière… Certes, il est aisé d’accuser la gauche d’angélisme en la matière ; mais la droite ne saurait non plus échapper aux soupçons de cynisme.
En effet, pour ceux qui n’ont pas la mémoire trop courte, rappelons que les premières lois sur la préférence nationale furent votées dès les années trente, à l’instigation de la CGT et de Roger Salengro, de la SFIO et de Léon Blum. La gauche est donc assez mal à l’aise avec la xénophobie d’État de la très « humaniste » Troisième République. Et la droite n’a pas non plus la culotte très propre sur la question, ayant fait preuve, après guerre, d’une singulière schizophrénie : libérale d’un côté, avec l’ouverture du marché, européen puis mondial, soumis à la sacro-sainte « concurrence », mais prête à accueillir toute la misère du monde, histoire de tirer les salaires à la baisse et de taper sur ce « socialo-communisme » qui, à sa manière, certes parfois brutale, tentait vaille que vaille de préserver notre patrimoine industriel. Bref, une droite dont les relais médiatiques maudissaient les effets dont elle chérissait les causes : libre circulation des capitaux enrichissant son portefeuille, tandis que les immigrés participant de son commerce commençaient à enlaidir son paysage.
Avec cette primaire en trompe-l’œil, cette même droite tente désormais de résoudre l’impossible équation entre valeurs boursières et civilisationnelles, avec Michel Barnier en ultime champion, sorte de Macron en plus vieux, poussé en interne par Laurent Wauquiez et même une Nadine Morano lui ayant récemment apporté son soutien. Seulement voilà, Michel Barnier, se prenant un peu pour un Édouard Balladur des temps nouveaux, commence à patiner. En embuscade ? Éric Ciotti, jusque-là condamné à jouer les faire-valoir, quoique demeurant le seul à peu près audible en cette nef de fous, l’arrangement entre ces deux hommes – à l’un la crédibilité institutionnelle et à l’autre la légitimé populaire – tiendra-t-il encore longtemps ?
C’est toute la question.
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