Pour lutter contre les trafics, l’État doit taper au portefeuille des malfrats

trafic drogue nice

Plus surveillé qu’un Mathéo ou un Kevin un soir d’émeute, Gérald Darmanin faisait, ce dimanche, sa rentrée à Tourcoing. Marqué à la culotte par une Élisabeth Borne missionnée d’en haut afin d’éviter toute sortie de route, le ministre de l’Intérieur a été contraint de transformer son désir de fugue en hommage présidentiel. Son discours, nous dit Le Figaro, a même été relu par Emmanuel Macron. On n’est jamais trop prudent…

Bref, « sous surveillance » très rapprochée, le ministre nous a assuré que la sécurité des Français était désormais sa seule préoccupation : « Les gens ordinaires ont besoin de sécurité, car l'État est leur seul bien pour défendre leur famille. » Alors, « nous devons nous battre pour que la sécurité soit garantie pour tous sur le territoire national ». Décidé à « affirmer partout l’autorité de l’État », comme il l’a déclaré à Nîmes, Gérald Darmanin veut faire de la lutte contre le trafic de drogue « la mère de toutes les batailles ». Certes, le dicton assure qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire ; hélas, il y a aussi des dictons très bêtes.

Et donc, après ces gerbes d’eau tiède déversées dans le parc floral de Tourcoing, que fait-on, concrètement parlant ?

Sur BFM TV, Matthieu Valet, porte-parole du Syndicat indépendant des commissaires de police, donnait sur le sujet une piste intéressante et surtout efficace : la saisie des avoirs criminels. « Il faut taper au portefeuille des dealers, des gros bonnets, des voyous, de ceux qui font tourner l’argent sale dans ces cités en faisant des morts », dit-il, et pour cela, on a un outil redoutable : « les amendes de flagrance fiscale. Ce sont des amendes qui vont de 5.000 à 50.000 € , qui traitent des armes, des stupéfiants et de toute cette criminalité organisée. » La procédure est simple et rapide : « Dès qu’on est dans le cadre judiciaire, on saisit le fisc et le fisc peut taper directement au portefeuille de ces gros voyous. On peut même remonter jusqu’à deux ans en arrière : le fisc peut analyser les revenus qu’a générés le trafic ou les sommes d’argent découvertes, et il peut récupérer des centaines de milliers d’euros. » Et de donner en exemple le département du Val-de-Marne où cette procédure, « grâce à l’engagement du fisc, a mis en recouvrement plus d’un million d’euros ».

La plus grosse des sanctions

On s’étonne du peu d’empressement des enquêteurs et de la Justice à utiliser cette procédure ; par méconnaissance, semble-t-il ! C’est ce que confiait la chef de la PIAC (Plate-forme d’identification des avoirs criminels) dans un entretien à l’École nationale supérieure de la police. « Il faut absolument penser à mener un volet patrimonial dans les enquêtes pénales, afin qu’on puisse récupérer les avoirs criminels, c’est-à-dire le butin. Ce n’est encore pas assez souvent fait par les enquêteurs », disait-elle. D’abord parce que « monter ce volet patrimonial en parallèle d’un dossier délictuel ou criminel prend du temps. Cela va retarder d’autant l’envoi de l’enquête au parquet, au juge d’instruction… » Donc, on ne le fait pas. Or, « attaquer les criminels au portefeuille, c’est finalement la plus grosse des sanctions ! »

Contrairement à ce que pensent les fonctionnaires de police – et la Justice ? –, « la PIAC n’est pas réservée au grand banditisme ou à la criminalité organisée, pas du tout ! » Ainsi, sachant que 85 % des crimes et délits en France sont commis dans un but de profit, il faudrait dans tous ces cas « s’attaquer aux avoirs criminels pour être sûr que la personne est punie ». On en est loin.

De plus, « rétablir la surface financière d’un individu telle qu’elle existait avant la commission de l’infraction » serait profitable aux victimes, puisqu’il existe maintenant un dispositif leur permettant, en principe, « de pouvoir se faire payer les dommages et intérêts auxquels elles ont droit sur le produit des biens qui sont confisqués par la juridiction de jugement dans le cadre de leur affaire ».

Alors, on s’y met ?

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Et si on appliquait la méthode Singapour ? Là-bas, la sanction du trafic de drogue c’est la peine de mort. Et c’est particulièrement dissuasif…

  2. La meilleure des sanctions c’est de rétablir la peine de mort et de l’appliquer pour les trafiquants de drogue, les violeurs etc…..

  3. Bien sûr voilà la solution
    Faut il saisir le Parlement pour qu’une LOI OBLIGE la juridiction pénale à utiliser ce moyen ???

  4. C’est une évidence et il est bien qu’elle soit répétée; les Douanes le savent: prendre la drogue – même en grande quantité – lors d’une opération n’est pas grave pour les dealers: la drogue se refabrique toujours. Par contre, pour l’argent, ça défouraille, et il est des douaniers qui ont été tués lors d’interceptions. Et les gamins tués à Marseille, c’est aussi pour les points de vente, donc pour l’argent. Mais la mollesse du fisc sur les signes extérieurs de richesse qui ne cadrent pas avec les déclarations de revenus est bien connue. Et que dire des ces restaurants « kebabs » partout dans le pays, qui subsistent – et payent leurs Urssafs? – en vendant trois sandwichs par jour! Les blanchiment va bon train.

  5. Voire à appliquer les sanction aux proches, comme cela a été fait en Italie avec la mafia !
    C’est aussi prendre en compte la caractéristique communautaire des comportements des certains, généralement issus de l’immigration !
    Ce comportement communautariste ne s’applique pas qu’aux drogues, à la délinquance voire à la violence se développant, mais au harcèlement qui provoque la fuite de commerces traditionnels comme les charcuteries, les boucheries et tout ce qui est tenu par un français d’origine.

  6. Trés bonne idée , mais l’Etat veut-il vraiment faire mal aux trafiquants de drogue ? Le trafic de drogue fait partie de l’économie souterraine qui profite aux populations immigrées , populations qu’il convient de ne pas trop contrarier.
    Officiellement le 93 est un département pauvre , si on ajoute l’économie noire c’est un département très riche.
    Le Maroc est un gros fournisseur de drogue , pourquoi ne pas s’attaquer aussi à ce problème ?

  7. Taxer, pénaliser ? C’est officialiser l’existence. Saisie immédiate de tous, tous, tous les biens. Prison immédiate. Et comme dans certains pays asiatiques, peine de mort (Eh oui, peine de mort) sans délais pour tous les gros trafiquants et organisateurs de réseau. Tant qu’on n’y viendra pas, la vie de dizaines de milliers de jeunes gens sera vouée à la déchéance.

  8. « Alors, on s’y met ? » N’oublions pas que la France a pour président un type qui veut toujours plus d’Europe. Cette Europe dont certains représentants glissent des valises remplies de billets sous leurs lits. N’oublions pas non plus les raisons pour lesquelles un de nos anciens présidents de la république porte un bracelet électronique. Avec une telle « élite », on comprend peut-être mieux pourquoi l’argent issu des trafics ne sent sans doute pas plus mauvais, et donc ne se renifle pas plus, que celui de la corruption. Sans exclure que l’un et l’autre puissent avoir un lien.

  9. Taper au portefeuille ne sert à rien. Les trafiquants en gagnent plus encore qu’on le dit. Il faut les retirer de la circulation. Cayenne, l’île du Diable et d’autres endroits de villégiature existent toujours et il y a certainement encore beaucoup de cailloux à casser. La sanction doit être immédiate et non un jugement cinq ans après…

  10. Aucune volonté, hélas, de l’Etat, de mettre fin à ces trafics. Voir les révélations de Gérard Fauré sur les consommateurs de cocaine, faisant partie des zélites ! Et voir comment Palmade a été protégé in fine de la prison, vu le réseau auquel il appartient !

  11. « …car l’État est leur seul bien pour défendre leur famille. » C’est aussi celui, malgré ses défaillances toujours plus importantes et un curieux manque d’enthousiasme en de nombreuses situations, qui sera le premier à accabler une famille ayant été contrainte de se défendre par ses propres moyens.

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