[Point de vue] Ukraine : on n’a pas de pétrole… mais on a des chars en rabe !

illustration jean ukraine

La nouvelle est tombée cette semaine dans la presse : il paraît que la France, et pas n'importe laquelle, celle d'Emmanuel Macron, va livrer à l'Ukraine des « chars légers » - à roues, donc. Renseignements pris, il s'agit du modèle AMX-10 RC (RC pour roues-canon), en service dans certains régiments de cavalerie blindée, des chars qui doivent apparemment être remplacés par un nouveau modèle, le Jaguar, dans les années à venir. Normalement, donc, pas de problème : on rend service, on donne de vieux équipements qui ne servaient plus. C'est, déférence gardée envers l'armée ukrainienne, une sorte de bourse aux équipements, une manière d'Emmaüs militaire. On pourrait considérer que c'est comme ça, que ce n'est pas si grave et que c'est même plutôt sympa, et s'arrêter là.

On pourrait, mais on ne devrait peut-être pas. La position officielle de la France, plutôt équilibrée et intelligente, convient que les conditions ne sont pas réunies pour que l'Ukraine rejoigne l'OTAN. C'est heureux, car l'adhésion de l'Ukraine obligerait immédiatement, de facto, les pays membres de l'Alliance atlantique à lui porter secours, en vertu de l'article 5 du traité de l'Atlantique Nord. En revanche, dans un nouvel « en même temps » époustouflant de souplesse, le fait de fournir officiellement des blindés à un État souverain, qui se défend contre un autre État souverain, marque une nouvelle étape dans la dégradation des relations franco-russes. La France, après avoir fourni des canons d'artillerie, livre désormais des chars qui, quoique « légers », renforcent sa position de « cobelligérant », telle que définie par la Russie. Elle prend sa place aux côtés des autres membres de l'OTAN qui lui reprochent, dit la presse, son faible investissement financier dans la cause ukrainienne.

Nous n'avons pas de pétrole, notre électricité coûte un bras et nos boulangeries, nos restaurants ferment les uns après les autres à cause de l'augmentation du prix de l'énergie. Le litre d'essence flirte avec les 2 euros, la pauvreté s'installe... mais, heureusement, on apprend donc de manière fortuite que la France a des chars en rabe. C'est bien. L'histoire ne dit pas si ce matériel va être retiré à des unités combattantes ou s'il avait déjà été sorti des stocks de l'armée française.

À l'exception d'une menace contre les intérêts de la France, il n'y a théoriquement, dans une guerre, ni « gentil » ni « méchant ». La géopolitique selon Gulli n'a jamais produit de bons résultats : Belgrade en Serbie, Bagdad en Irak, Kaboul en Afghanistan, Pristina au Kosovo et maintenant Kiev sont là pour témoigner. Tous les conflits du « bien contre le mal », ces trente dernières années, se sont terminés en eau de boudin, avec des centaines de milliers de morts, des États faillis, des armes en libre circulation, des déplacements de population, des mensonges énormes (Colin Powell à l'ONU), des villes ravagées, des régimes politiques totalement mafieux... Peut-être aurait-on pu réfléchir à deux fois avant de s'embarquer résolument aux côtés du régime de Zelensky, donc des États-Unis. Il est un peu tard, maintenant, et il ne reste plus à nos « chars légers » qu'à quitter la France au crépuscule, pour paraphraser Jean Raspail, en passant par la porte de l'Ouest qui n'est plus gardée. Et advienne que pourra.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

74 commentaires

  1. On a jamais interdit au grenier à blé de l’europe d’acheter des cesars et des leclercs quand aux rafales ils sont sur l’étagère chez Dassaut

  2. Ces chars dit légers feraient flores dans nos banlieues pour les patrouilles de police et protéger les enfants de maternelle qui vont à l’école par des itinéraires kalachnicovés

  3. Macron dispose des armements payés par les contribuables. Peut-on se permettre ces libéralités à l’heure où les services publics les plus essentiels s’écroulent comme l’hôpital . Combien de lits pourrait-on créer avec ces millions d’euros qui iront fondre dans la boue ukrainienne pour un conflit qui ne concerne personne dans ce pays à part les excités de LCI et des « conseillers militaires » vendus à l’industrie d’armement et à l.OTAN qui leur ont permis de compléter des soldes qui elles ne subissent pas les décotes des retraités civils.

  4. Nous n’avons pas de pétrole en France mais on a des migrants en surstock à qui on ne peut donner d’emploi mais à qui on verse des aides sociales, des logements etc…. etc….. et ce au détriment des Français… ! Alors si l’Ukraine en veut quelques milliers pour l’aider à faire la guerre, Macron peut lui les livrer en même temps que les CHARS légers à roues. Beau cadeau non ?

  5. Il me semblait que dans la Constitution était précisé que le Président devait demander l’accord du Parlement pour entrer en Guerre ! et si fournir des armes comme des chars et surtout à titre gratuit n’est pas un acte de guerre qu’est ce donc ? Il est vrai que notre Parlement n’a plus beaucoup de Pouvoir, et par de là je me demande son utilité !

  6. Bah, plutôt que de les laisser pourrir dans des hangars ou payer des fortunes pour les entretenir, autant qu’ils servent en vrai , ces chars, au moins on verra ce qu’ils valent.

  7. Pour liquider la France et éviter un coup d ‘Etat militaire (à mon sens pendant) il faut vider l’armée de toutes ses armes… le meilleur truc est de les envoyer à l’Ukraine car lesg ogos ne voient pas leur destruction… Mais en Ukraine reste-t-il assez de conducteurs de chars ou Macron va-t-il encore envoyer nos militaires se faire tuer ?

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