[Point de vue] Drogue au volant : les incohérences de Gérald Darmanin

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On l’a connu plus réactif, mais ça y est : neuf jours après l’accident de Pierre Palmade, Gérald Darmanin applique la règle désormais classique « un fait divers, une loi ». Il était temps de surfer sur une émotion populaire largement dopée aux médias et de proposer une mesure draconienne : le retrait des douze points du permis en cas de consommation de drogue au volant. Si cette peine n’est encourue actuellement qu’en cas de récidive, la suspension est quand même immédiate, avant même le jugement.

Concernant le dépistage de drogues, le ministre ajoute : « Nous en avons effectué 800.000 en 2022, soit le double des années précédentes. J’ai donné comme instruction d’en faire un million, cette année. C’est nécessaire : 16 % des contrôles de l’usage de stupéfiants au volant se sont avérés positifs, contre 3 % de ceux concernant l’alcool. »

Mais la comparaison a-t-elle une valeur ? Il est plus facile de flasher avec un radar automatique que d’effectuer un prélèvement salivaire ou de faire souffler dans un boîtier. Comme si l'État avait tout misé sur la très rentable répression des petits excès de vitesse...

On peut, bien sûr, rêver de routes sur lesquelles les conducteurs auraient tous les idées totalement claires et les réflexes mobilisés à 100 %. Mais cela supposerait de se pencher aussi sur les consommateurs de somnifères, de tranquillisants et d'antidépresseurs dont nous sommes de rudes utilisateurs, ainsi que de certains antidouleurs ou antiallergiques. À coup sûr, l’éviction de cette immense cohorte résoudrait en peu de temps les problèmes d’embouteillages !

Loin de moi l’idée d’absoudre les drogués au volant, mais quand le nombre de gens qui conduisent sans permis - et donc sans assurance, faisant porter le poids des réparations sur vous et moi - frise déjà le million, est-il bien opportun d’en augmenter le nombre ?

Et puis, il y a le petit détail qui change tout, celui qui transforme le politicien en homme d’État, la trouvaille sémantique de l’« homicide routier » demandée par les associations pour renommer les accidents mortels dus à la drogue et à l’alcool.

Pour ce projet authentiquement révolutionnaire, il faudra passer par le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti. Peut-être celui-ci suggérera-t-il plutôt la « sensation d’homicide routier » ?

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

26 commentaires

  1. QUAND ON VEUT, ON PEUT ! Donc pour mettre fin à tous ces problèmes dramatiques causés par les consommateurs de DROGUE,, il faudrait retirer condamner ces gens à la PRISON à VIE ou RETIRER à VIE le permis de toute personne arrêtée en flagrant délit de consommation de drogue avec SAISIE immédiate du véhicule qui deviendra systématiquement la propriété de l’Institution Judiciaire. Et pour ceux qui roulent sans PERMIS et SANS ASSURANCE, il faudrait les condamner à effectuer des TRAVAUX d’INTERÊT PUBLIC dans leur propre Commune (si ce n’est pas déjà le cas) durant au moins deux ans Sanction exemplaire qui devrait rapidement faire méditer ceux qui n’ont pas encore été arrêtés.

  2. Peut être que la première chose à faire serait de lutter efficacement contre ces trafic de stupéfiants. Et ce n’est certainement pas en détruisant la police judiciaire que l’on va y arriver puisque c’est elle qui travaille à long terme sur ces affaires.

    • ça serait évidemment la première chose à faire. Plus de trafiquants, plus de drogues donc plus de consommateurs et ça serait rendre un très grand service à ces derniers. Mais pour parvenir à ça, il nous faut un Gouvernement, et une JUSTICE d’une autre trempe pour mener à bien ce travail.

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