[Point de vue] Criminalité : faut-il avoir recours à l’armée ?

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Longtemps présenté par nos dirigeants comme une voie à suivre, le modèle social scandinave, avec sa forte cohésion sociale, son faible taux de chômage et sa bonne qualité de vie, semble, notamment en Suède, se ternir passablement. En effet, ce royaume de onze millions d’habitants, qui vit un des maréchaux de Napoléon, Jean-Baptiste Jules Bernadotte, monter sur le trône le 11 mai 1818, est en proie, depuis plusieurs années, à une montée de la criminalité sans précédent. En cause, une guerre farouche, guidée depuis l’étranger, entre gangs spécialisés dans le trafic de stupéfiants qui a fait, rien que pour le mois de septembre dernier, une douzaine de morts.

Face à cette flambée inédite de la violence, mettant en cause notamment la politique migratoire instaurée dans le pays, le Premier ministre Ulf Kristerson a annoncé qu’il envisageait d’associer les forces armées suédoises à la lutte contre les bandes criminelles organisées. Une telle annonce n’a évidemment pas manqué de faire réagir le personnel politique français, en particulier ceux qui, depuis longtemps déjà, demandent à ce que nos militaires soient eux aussi engagés aux côtés de nos forces de l’ordre.

Souvent présenté comme la panacée pour résoudre les graves problèmes de délinquance que connaît la France, l’engagement de l’armée serait-il vraiment le remède miracle ? Il y a de fortes raisons d’en douter.

Des forces de police suffisantes

En préalable, il convient de rappeler que dans le cadre de l’opération Sentinelle, mise en place à la suite des attentats de 2015, l’institution militaire a été largement sollicitée afin de contribuer à la lutte antiterroriste et au maintien de la paix publique. Toujours placés sous la direction opérationnelle de l’autorité civile, nos militaires ont ainsi déjà largement contribué, aux côtés des policiers et des gendarmes, à la mission de sécurité nationale.

Pour autant, et même si des signes forts de dégradation de la sécurité apparaissent ici ou là sur le territoire national – rappelons les 45 morts et 100 blessés dus aux règlements de comptes marseillais -, forces de police et de gendarmerie restent tout à fait capables de faire face à la situation. Représentant, à elles deux, près de 250.000 militaires et fonctionnaires de police, auxquels on peut ajouter près de 25.000 policiers municipaux, notre pays dispose, à n’en pas douter, des ressources humaines hautement qualifiées et spécialisées pour lutter valablement et efficacement contre les gangs et les délinquants de tous poils qui pourrissent la vie des Français.

Ne pas oublier la question pénale

Avant toute réflexion sur le recours aux forces armées pour lutter contre la délinquance, il apparaît nettement plus judicieux de s’interroger sur notre arsenal pénal et sur la façon dont il est mis en œuvre par la Justice. De la même manière, sans doute une autre organisation de nos services de sécurité, notamment au plan strictement opérationnel et tactique, doit-elle voir le jour pour s’adapter aux nouvelles formes de délinquance et à la montée inexorable de la violence. Élaboration de plans de lutte au niveau national et local afin de tenir compte des spécificités rencontrées sur le terrain ; simplification de la procédure pénale policière ; mise en place de forces d’intervention régionales pluridisciplinaires ; occupation policière pérenne des territoires « reconquis » ; telles sont quelques-unes des pistes qui devraient être suivies « d’urgence » avant d’envisager de recourir à nos militaires.

Si, un jour, nos soldats, dont ce n’est pas la vocation, devaient être amenés à intervenir en matière de sécurité intérieure, il est évident que c’est parce que la situation serait en voie d’échapper totalement aux autorités civiles. Dès lors, c’est un autre scénario qu’il conviendrait d’envisager.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Il faudrait surtout que la Justice et la police fassent leur boulôt correctement, ce n’est pas à l’ Armée de suppléer à l’incapacité de la Justice et de la police, chacun son métier !!!

  2. L’efficacité de la police serait grandement synergisée par une justice implacable mesurée par le taux de récidive ; les délinquants appliquent la méthode bénéfice /risques . Que fait le ministre ? il est en procès avec son administration : naguère on était démissionné pour moins que ça ! Il est vrai que ce procès ne nuira pas à l’inefficacité de son ministère .

  3. Oui à la gendarmerie ,à la police et aussi à l’armée ..mais avec le droit de tirer sans que nos hommes se retrouvent en tôle ..

  4. Nos FO (Police et Gendarmerie) font un travail extraordinaire . Respect et remerciements a elles , mais elles sont en forte tension ( pour de vrai, elles) . Un soutien de l’armee pour aller déloger les gangs armés et trafiquants des banlieues serait bien utile. Tout depend si l’on veut, vraiment, éradiquer le problème et remettre rapidement de l’ordre dans notre beau pays.

  5. L’armée non, le bagne, oui. Et sortir de tous les machins européens ou français qui entravent nos possibilités de sanctions.

  6. Il n’y a qu’un seul et unique responsable c’est le président également chef des armées. Les armées sont la solution ultime quand plus rien n’est maîtrisé par le pouvoir en place. Les forces de l’ordre manquent juste d’ordres, manque issu de la couardise de nos dirigeants qui n’assument pas leurs responsabilités. S’ils ont peur qu’ils se retirent et qu’ils laissent la place sinon ce sera la fin de notre démocratie.

  7. Très bien dit dans l’article : il y a suffisamment de force de l’ordre mais par contre elles ne sont pas soutenues , pas respectées par les élus et la justice .

  8. Oui ! lil faut avoir recours à ARMEE puisque Services d’Ordre et Justice sont défaillants depuis trop longtemps à cause des ordres de Jupiter. Le peuple en a assez de cette INSECURITE qui s’étend et s’aggrave à cause de l’incompétence de notre gouvernement. Il y aura obligatoirement des dégâts collatéraux mais malheureusement, c’est impossible de faire d’omelette sans casser des oeufs.

  9. Il n’est pas du rôle de l’armée de s’occuper de sécurité publique. Mais au rythme où la situation se dégrade et si la justice continue d’excuser le délinquant, ce seront des initiatives personnelles qui mettront fin à la chienlit.

  10. Bigeard et Massu ont eu des techniques pour venir à bout de la bataille d’Alger et quadriller la médina, si on fait de même avec les trafiquants de drogue on va vite arrêter ça, évidemment ça ne va pas faire plaisir à tout le monde surtout à ceux qui n’ont rien à voir avec ça, mais il y a un moment où on doit faire un choix

  11. Recours de l’armée D’une manière générale je dis NON tout comme le principe éducatif . C’est avant tout aux forces de l’ordre de le faire en lui donnant les moyens d’intervention rapide fulgurant pour ne pas laisser le temps aux délinquants d’envenimer la situation comme ce fut le cas en juin dernier.le manque. Le manque d’autorité de l’exécutif a favorisé les émeutes ainsi que le manque d’autorité parentale a favorisé un manque d’éducation . L’armée n’a pas a palier ces deux manques des faiblesses de l’état et des parents

    • Pas assez de policiers ! Le tempes qu’on en recrute qu’ils soient formés et la gangrène aura gagné du terrain …

  12. Je suis d’accord avec l’article sur le fait que la police et la gendarmerie sont assez compétents pour rétablir la situation. Le vrai soucis vient du manque de volonté du gouvernement et de la justice pour traiter les problèmes. Encore une fois, sans volonté, pas d’actes.

  13. Nous aussi nous devons mettre l’armée en association avec les policiers. Former des équipes Militaires / Policiers et assurer une présence 24h/24 dans ces cités gangrénées par le trafic de drogue . . Mais c’est aussi la justice qui doit être sévère avec les dealers et les consommateurs , toucher tout ce monde au portefeuille, saisie des voitures , saisie sur salaire , etc , etc…

  14. ah bon les autorités civiles ont la situation en main, mais à qui allez vous faire croire çà ? le terrorisme en France c’est tous les jours, viols, assassinats, tortures diverses et les tueurs sont relachés ou emmenés en psychiatrie, il y a une guerre, les mafieux sont équipés d’armes de guerre, on ne peut les combattre avec des flash ball, et surtout que les policiers et gendarmes aient un encadrement à la hauteur pour résoudre ces problèmes et qu’ils ne soient pas obnubilés par leur objectif de fin d’année et financier.

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