[ENTRETIEN] J-1 avant le débat américain : « Harris a plus à perdre que Trump »
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Ce mardi 10 septembre, à 21 heures, heure locale, la chaîne américaine ABC diffusera le premier débat de la campagne présidentielle entre Donald Trump, candidat du Parti républicain, et Kamala Harris, vice-présidente et candidate du Parti démocrate. Nicolas Conquer, porte-parole des Républicains à l'étranger et ancien candidat LR-RN aux élections législatives en France, nous livre son analyse, à quelques heures de ce rendez-vous tant attendu outre-Atlantique.
Clémence de Longraye. Que faut-il attendre du débat entre Donald Trump et Kamala Harris qui sera diffusé ce 10 septembre ?
Nicolas Conquer. Ce débat sera le premier et sûrement le seul débat qui opposera Kamala Harris et Donald Trump. Si l’un des deux prend le haut du panier mardi soir, il y a fort à parier que celui-ci ne proposera pas de second débat. Ce débat va se dérouler en Pennsylvanie, l’un des « swing state » [État pivot, en français, NDLR]. Il est très attendu. Tout le monde connaît Donald Trump. En revanche, Kamala Harris doit se dévoiler, dire si elle s’inscrit dans la continuité de Joe Biden et si elle assume son bilan.
La candidate démocrate se prépare depuis cinq jours. On peut donc s’attendre à ce qu’elle livre des éléments de langage. À mon avis, il y aura peu d’espace pour de grands moments de repartie, comme nous avions pu le voir en 2016 entre Hilary Clinton et Donald Trump. Quand bien même certains prédisent que ce débat sera déterminant dans l’opinion, je ne suis pas certain qu’il s'y passe grand-chose. 75 % des électeurs ont déjà arrêté leur choix. D’autant plus que les conditions du débat - les micros fermés, le public absent - ne permettront pas de grands moments de flamboyante rhétorique ni de joutes oratoires.
C. de L. Quel est, selon vous, le plus grand danger, pour Donald Trump ?
N. C. Donald Trump doit rester sur la réserve, comme il l’avait fait avec Joe Biden. Il faut qu’il mette son amour-propre de côté, même si Kamala Harris vient le chercher sur son niveau de golf ou sur son âge. C’est important de la laisser parler, d’autant plus qu’elle se perd souvent dans ses raisonnements.
Kamala Harris, à mon avis, a plus à perdre que le candidat républicain. Donald Trump a été président, il est rompu à l’exercice du débat. Depuis le début de la campagne, il est sur un registre plus présidentiable, il doit donc poursuivre cette stratégie et laisser Kamala Harris se mettre en difficulté sur la défense (ou non) du bilan de l’administration Biden-Harris.
C. de L. Les deux candidats sont désormais au coude-à-coude dans les sondages. Comment expliquer la remontée de Kamala Harris ?
N. C. Effectivement, nous sommes dans la marge d’erreur. En regardant de manière plus spécifique dans les États pivots, Trump est donné très légèrement favori, selon certains instituts. Mais, en effet, la campagne démocrate a bénéficié d’un regain d’enthousiasme depuis qu’ils ont forcé Joe Biden a abandonner la course et qu’ils ont propulsé Kamala Harris. La candidate démocrate s'inscrit dans la mise en scène et les éléments de langage. Quand on regarde de près, elle mobilise beaucoup les femmes. Mais elle n’est pas connue du grand public et vient seulement de publier son programme…
Par ailleurs, Kamala Harris a certes jusqu'à trois points d'avance au niveau général, selon certains instituts de sondage, mais à la même période, Clinton avait quatre points d'avance et Biden six.
C. de L. Quel sera l’enjeu clé du scrutin, en novembre 2024 ?
N. C. Le vrai positionnement se jouera sur l’économie et le pouvoir d’achat, qui se sont considérablement dégradés sous l’administration Harris-Biden. Pour Donald Trump, l’enjeu consistera également à mobiliser l’électorat blanc des classes populaires et le vote par correspondance. Mais pour le moment, rien n’est fait, nous pouvons nous attendre à des surprises jusqu’au dernier moment...
3 commentaires
Soit attendons et occupons nous des problèmes d’ici il y en a bien assez .
Il est évident que l’élection de Trump aurait un effet sur nous, même nous n’en tirons aucune bénéfice particulier, nous n’aurions en tous cas aucune conséquence négative,je dirais même que ce serait la solution pour un arrêt de la guerre en Ukraine qui nous coûte aussi quelque part « un pognon de dingue » comme l’a clamé un certain président français.
Et aussi un prise en charge de notre défense européenne dont les politiques nous parlent à longueur d’année, pour, en même temps, prendre les ordres de Washington et acheter son matériel militaire.