Plus fort que ChatGPT, BFM TV, le logiciel qui rajeunit les syndicalistes de 60 ans !

Capture d’écran (1806)
La réforme des retraites, qu'on soit d'accord ou pas avec son adoption, n'a pour l'instant permis qu'une chose : prouver au monde entier que notre pays, jonché de poubelles, en pénurie d'essence, ayant à sa tête des députés qui ne savent que hurler ou se coucher, était vraiment en train de devenir (ou déjà devenu ?) un pays du tiers-monde. Jour après jour, comme dans un mauvais documentaire sur les mouvements syndicaux, cinquante nuances de revendication se succèdent à la radio ou à la télévision. Moustachus et désagréables, souriants et munis de boucles d'oreille, intellectuels, modérés ou radicaux : il y en a pour tous les goûts, du moment que c'est pour dire la même chose.
Cela dit, il y a, dans ce triste paysage de bolcheviques ânonnant leur catéchisme, une amusante surprise. Un commentaire, d'abord : « J'ai demandé à ChatGPT de créer un ado de 15 ans avec 40 ans de lutte syndicale derrière lui. Le résultat est bluffant ! », lance un internaute. Forcément, on veut en savoir plus. Et là, on s'aperçoit que ChatGPT n'aurait même pas eu le culot d'inventer une caricature pareille. Le jeune Manès Nadel, de La Voix lycéenne, âgé de 15 ans environ, est un vrai jeune, interrogé, dans l'extrait proposé, par un journaliste de BFM TV. Il livre des réponses à la fois bluffantes (quelle maîtrise de la syntaxe et quelle aisance, à cet âge !) et insupportables. Insupportables parce qu'à quinze ans, et en dépit des plus récentes théories génétiques, le cerveau de Manès Nadel est déjà totalement calcifié et ne semble pas pouvoir évoluer. À l'écouter, on dirait un figurant qui récite du Martinez grâce à une oreillette.
Un tour rapide sur Internet nous apprend que ce jeune et brillant leader de la contestation, fils d'un professeur d'économie et d'une fonctionnaire, est scolarisé en seconde à Paris dans le très chic lycée Buffon, joue de la guitare et rêve de devenir sociologue. Reproduction sociale des rebelles de salon, domination sans partage de la bourgeoisie intellectuelle dans la politisation des luttes : à ce stade, c'est un cauchemar de Bourdieu. C'en est presque caricatural !

Évidemment, comme pour tous les « lycéens syndiqués », son combat est déjà problématique (quand on n'a rien fait de sa vie, ni professionnellement ni personnellement, quand on ne gagne pas sa vie et qu'on n'a aucune connaissance de la société, peut-on prétendre peser sur les grands choix de son pays ? Et où s'arrête l'engagement ? Pourquoi pas les collégiens aussi ?). Cependant, le plus grave n'est pas le ridicule de cet engagement syndical. Le plus grave, c'est que cet enfant a quinze ans et répète, comme un vieux perroquet, les éléments de langage idiots des générations qui l'ont précédé. Pas d'hésitation, certes, de l'aplomb et de la suite dans les idées, beaucoup d'exemples à l'appui, le discours est rodé : on part sur un 20/20 au bac de français. Mais ce discours est tellement rodé qu'il en est rayé. Ca fait cinquante ans que des Manès Nadel se succèdent pour raconter des salades et attiser la légitime colère du peuple. On peut changer de disque ? Merci !

Les lycéens ont-ils envie d'être représentés par des Manès Nadel ? En ont-ils quelque chose à faire, d'ailleurs ? Travailler deux ans de plus, ça ne fait plaisir à personne, mais quand on n'a jamais travaillé... Le tweet de Frédéric de Lanouvelle est très drôle, très bien vu, mais, comme souvent dans ce genre de cas, il décrit une bien triste réalité.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

21 commentaires

  1. Ne vous y trompez pas c’est bien plus grave que ça Docteur. Cet adolescent possède les mêmes racines et origines sociales qu’un macron, la relève est assurée.

  2. Ce jeune ne se rend pas compte à quel point son intervention est en soi contre-productive: elle prouve qu’une leçon bien apprise, un discours parfaitement affuté, n’acceptant aucune contradiction, peut remplacer le vécu!

  3. La politique sert à la gestion de l’argent public de ceux qui apportent des contributions, notamment en travaillant.
    Les autres devraient se contenter de profiter du bien public, en évitant de cracher dans la soupe !

Commentaires fermés.

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