Petit théâtre antifasciste devant l’opéra de Limoges : sus à l’amie de Meloni

Beatrice Venezi

La culture, c'est bien ; quand elle est de gauche, c'est mieux. La dernière illustration en date est une manifestation organisée, ce dimanche 9 avril, devant l’opéra de Limoges, pour protester contre la venue d’une « cheffe d’orchestre néo-fasciste », selon les mots de l’organisateur du rassemblement, Cyril Cognéras. Une étiquette parfaite pour faire pâlir d’angoisse les inconscients qui auraient pris des places pour le concert, mais qui interroge toutefois sur la teneur du personnage. Vraiment, la ville de Limoges aurait accepté la venue d’un élément si dangereux pour la démocratie ?

Le profil de la fameuse artiste, Beatrice Venezi, est, il faut le dire, tout à fait terrifiant. Si la musicienne est l’une des rares femmes à diriger un orchestre de niveau international, elle est surtout membre du ministère de la Culture italien en tant que conseillère en musique. Ce qui induit… qu’elle travaille aux côtés de la tristement célèbre Giorgia Meloni. Alors, femme ou non, artiste ou non, madame Venezi n’a pas sa place à l’opéra limougeaud. La démocratie demande en effet quelques sacrifices, mais c’est pour la bonne cause, voyez-vous.

Des habitants, à l’appel de l’ancien conseiller municipal de Limoges, syndicaliste et militant antifasciste Cyril Cognéras, se sont mobilisés pour faire entendre leur voix. Pour ce faire, une trentaine de manifestants se sont rendus devant l’opéra de Limoges, scandant le fameux « Siamo tutti antifasciti ». « Nous sommes là pour interpeller la profession, les personnes qui vont au spectacle, mais aussi la mairie qui doit prendre ses responsabilités lors de la venue de ce type de personnalité. Nous devons défendre la démocratie », martèle également Cyril Cognéras. Quoi de plus fasciste, en effet, que de donner un concert à l’opéra de Limoges ? Tenter de l’empêcher, peut-être ? Jusqu’à nouvel ordre, Beatrice Venezi n’avait pas prévu de transformer sa prestation en meeting politique, mais il est vrai qu’on n’est jamais trop prudent. La contestation n’a finalement pas porté ses fruits, car le directeur artistique de l’opéra craignait que la rupture du contrat ne lui vaille un procès.

La gauche des censeurs a donc, ce dimanche, encore frappé. On aurait beau jeu de s’en étonner, car ce mode de fonctionnement est des plus communs, chez eux. Le mois dernier, c’est le rappeur de droite Millésime K qui faisait les frais de ces chantres de la démocratie. Jugé trop à droite, l’artiste, fort de 700.000 abonnés sur TikTok, devait se produire près de Clermont-Ferrand, le 1er avril. Un concert annulé à la demande d’Olivier Bianchi, le maire socialiste de la ville, sous prétexte que l’homme ne porte pas « du tout les valeurs que nous prônons à la ville de Clermont-Ferrand ». La réciproque fonctionne aussi : début janvier, le festival des « Déferlantes » annulait lui-même sa venue prévue cet été à Perpignan, sous prétexte que le maire, Louis Aliot, était une figure du RN. Les groupes Indochine et Louise Attaque menaçaient d’annuler leur venue si le festival était maintenu dans cette ville. Belle prouesse démocratique, encore une fois.

Face à cette vague d’inclusivité, on recherche désespérément les mots du ministre de la Culture, Rima Abdul-Malak, qui sait si bien faire part de sa profonde inquiétude lorsqu’il s’agit du pluralisme de CNews ou de l’annulation du concert de Bilal Hassani. Serait-ce trop demander à celle qui défend la culture comme un « espace de liberté et d’émancipation » d’apporter son soutien à une artiste étrangère renommée, ne serait-ce que par souci diplomatique ?

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

29 commentaires

  1. On se demande bien comment une telle montagne de bêtise, d’ignorance, de mauvaise foi, de méchanceté et de mensonge peut encore faire recette en France. Comment dans le même temps un rappeur islamiste grossier et sans talent peut impunément inciter à la haine contre des élus de la République. Quand le couvercle sautera ….

  2. par contre les assassins tel Rouilland on droit de s’exprimer dans les universités, Médine le rappeur qui veut crucifier tous les laïcards, ceux là sont les bienvenus les ministres sont d’accord semble t-il pour ces énergumènes incitent le peuple à la haine, sans aucun état d’âme.
    Qaund aux autres les Indochine etc, en chute libre essaient de faire du buzz pour leur clientèle, mais je ne pense pas qu’ils demandent à l’entrée de leurs concerts si les spectateurs votent RN, ou même s’il est interdit d’avoir des disques de ces grand-pères en mal d ereconnaissance.

  3. Je voudrai bien savoir quand un (vrai) homme politique mettra fin à ces mouvements de débiles, qui au nom de leurs idéologies stupides ne permettent pas aux artistes de venir dans une ville tenue par des pseudos démocrates

    • Caro Garibaldi, Stupide est bien trop gentil. On est ici en présence du sectarisme le plus agressif et le plus intolérant qui procède par mensonge et intimidation. Ces crétins savent ils seulement quelle est la situation en Italie ? Où peuvent ils voir le viol des institutions républicaines de ce pays ? le bâillonnement de la presse ? l’arrestation des représentants de l’opposition ? des syndicalistes ? Les bruits de bottes ? le retour du fantôme de Staracce ? Cette gauche ment et se fiche du monde. Que ceux qui lui accorde le moindre crédit soient RIDICULISES.
      Un détail : En Italie, une affaire secoue pas mal l’opinion. C’est l’affaire Soumahoro. Renseignez vous, c’est pas triste. Un Français de souche, Un Italien par amitié.

    • Quand Monsieur Poutine à envahi l’Ukraine, tout le monde à trouver normal que les contrats et les engagements musicaux de TOUT les artistes Russes soient annulés, comme si ces gens de grands talents avaient quoique soit à voir avec les décisions du Kremlin – Quand on en est à accepter çà, il n’y a plus de limite !!!

  4. Il est vrai que Limoges a longtemps été un fief communiste et que ces derniers n’ont évidemment pas digéré de s’être fait expulsés par LR…

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