Pau : François Bayrou lâché par sa gauche. Et sa droite ?

Décidément, la grande famille LREM canal historique PS fait beaucoup parler d'elle, ces temps-ci, à tous les niveaux. Chez les plus haut postés, il y a ceux qui, mis en examen, s'accrochent à leur perchoir. Chez les petits coqs qui aspirent à prendre du galon, ça se vole dans les plumes, comme à Paris. Mais les noms d'oiseaux fusent aussi à LREM jusque dans les basses-cours de province. Pau, par exemple.

Il faut dire que les temps sont durs, pour François Bayrou. La Justice s'intéresse de vraiment plus près à des soupçons d'emplois fictifs chez les assistants parlementaires des députés européens du MoDem. Dans cette affaire, Sylvie Goulard, après avoir remboursé 45.000 € au Parlement européen, à peine nommée commissaire européenne selon la volonté d'Emmanuel Macron, a été entendue par la police, tout comme François Bayrou et Marielle de Sarnez. Le moment était donc idéalement choisi pour le maire adjoint chargé de l'environnement du maire de Pau pour claquer la porte de la maison Bayrou. Il se nomme Pascal Boniface - rien à voir avec le célèbre géopolitologue. Engagé au PS avant de rejoindre Bayrou et LREM, il retourne à ses premières amours, la gauche et le PS, actuellement en ébullition dans la cité paloise, et qui n'ont jamais vraiment digéré la perte de cette ville dirigée par le PS pendant plusieurs décennies.

Mais l'ami Boniface ne s'est pas retiré sur la pointe des pieds. Il publie une lettre ouverte dans laquelle il éreinte François Bayrou : « Il ne suffit pas de décréter une ville “Capitale humaine” pour qu’elle le devienne. Pau ne vous intéresse pas, les êtres humains ne vous intéressent pas, le quotidien des gens, leur vie, leurs difficultés, tout cela vous ennuie, trop obnubilé que vous êtes à briguer une carrière nationale. Vous resterez pour moi le maire des bien-nés et des riches, le maire du bling-bling et de l’argent. »

Et puis, bien sûr, au cas où l'électeur palois se demanderait pourquoi le sieur Boniface a pu rester six ans à soutenir un tel individu, il y a cet aveu, beau comme l'antique carriérisme PS : « J’ai pris sur moi uniquement dans l’intérêt des Paloises et des Palois. » On est admiratif devant tant d'abnégation.

Morale de la fable ? À l'heure où la marque Bayrou-Macron est fortement démonétisée, il serait peut-être temps, pour la droite qui l'a soutenu il y a six ans, de reprendre, elle aussi, sa liberté, d'avoir d'autres ambitions et, pourquoi pas, de regarder... à droite ? De faire ses comptes et de constater que, même à Pau, le RN a fait de très bons scores aux dernières européennes, décrochant 15 % là où la liste LR plafonnait à... 7,4 %. Or, le 10 septembre dernier, le secrétaire départemental LR Nicolas Patriarche déclarait à La République des Pyrénées vouloir « continuer à Pau avec la majorité de François Bayrou ». On savait la droite LR un peu schizophrène au niveau national mais, à Pau et dans le Sud-Ouest, il se développe une version régionale de la maladie particulièrement troublante...

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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