Pas de vagues : Pas assez néo-féministe, le film déplaît à gauche

film pas de vagues 2

À première vue, le film Pas de vagues, avait tout pour plaire. Un acteur principal ultra « bankable » (François Civil), un réalisateur expérimenté et qu’on nous dit « issu de la communauté des gens du voyage » (Teddy Lussi-Modeste), une scénariste auréolée d’un Lion d'or à la Mostra de Venise (Audrey Diwan), un thème tristement actuel (un professeur menacé de mort à la suite d’une accusation mensongère)… Pourtant, malgré tous ces bons points, la presse n’est pas totalement emballée. Elle fait la fine bouche. Il faut dire qu’un élément scénaristique du long-métrage ne passe pas du tout : l’accusation mensongère à l’origine de l’engrenage dans lequel sombre le héros est portée par… une jeune fille. Autrement dit, le film suggère l’idée que les femmes peuvent parfois mentir. Il s’affranchit donc du règlement en vigueur selon lequel il faudrait « croire toutes les femmes qui parlent ». Sacrilège !

 

C’est cet angle d’attaque qu’ont choisi un certain nombre de médias pour dénigrer Pas de vagues. « C’est bof, tranche ainsi Marie Sauvion, rédactrice en chef adjointe cinéma à Télérama. Dans une époque où on parle beaucoup des violences sexistes, des violences faites aux femmes, ça me paraît étrange de parler encore une fois d’une histoire de menteuse. Moi, je ne suis pas très à l’aise avec ça... » Même gêne du côté de France Inter, qui n’a pas hésité à questionner le bien-fondé du film dans un contexte de « libération de la parole de jeunes victimes de violences sexuelles ». « Est-ce vraiment le moment de remettre en cause un témoignage de jeune fille ? », a ainsi demandé la radio publique au réalisateur. En d’autres termes, ces journalistes reprochent à une œuvre de fiction de ne pas être fidèle à leur vision du monde. Sans doute auraient-ils préféré que l’élève menteur fût un garçon et l’enseignant injustement incriminé une femme…

Dénégations et professions de foi

Ancien professeur de lettres en banlieue parisienne, Teddy Lussi-Modeste dit s’être inspiré de sa propre mésaventure pour écrire le film. Il a vu sa vie basculer après avoir été accusé à tort de harcèlement sexuel par une de ses élèves. Hélas pour lui, cette expérience traumatisante a le malheur de contrevenir aux préceptes féministes contemporains. Il lui est donc demandé de s’en justifier. « Je crois que c'est un contresens vis-à-vis du film de penser qu’il remet en cause la parole, a-t-il tenté d’expliquer face à Léa Salamé. Justement, le film ne cesse de montrer qu'il nous faut inventer des protocoles plus efficaces pour recueillir la parole des victimes, que ce soit des élèves ou des professeurs. » Le réalisateur n’avait pas compris que ce n’est pas la parole de toutes les « victimes » qui est sanctifiée par l’époque, mais seulement celle des femmes… Relancé par un journaliste du Monde sur le même sujet, le malheureux dut ainsi aller plus loin encore dans ses dénégations. « Nous avons souhaité apporter de la complexité à tous les personnages. Ainsi, le professeur a sa part de responsabilité dans l’épreuve qu’il traverse. » Comprenez : l’homme accusé à tort n’est pas vraiment une victime innocente. Il est également un peu coupable. Le mâle ne saurait être exonéré de tout péché.

 

De son côté, l’acteur principal du film a lui aussi ressenti le besoin d’aller à Canossa. Lors de son passage promo chez Sud-Ouest, François Civil a ainsi tenu à rappeler son engagement plein et entier en faveur du mouvement #MeToo. « Je soutiens fortement la libération de la parole des femmes ! », a-t-il ainsi promis, devant un parterre de journalistes venus juger de sa fidélité aux dogmes féministes.

Allez, François, encore un petit tweet sur la précarité menstruelle ou une pétition contre la discrimination capillaire et tout sera pardonné.

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Jean Kast
Journaliste indépendant, culture et société

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Le theme avait déjà Été abordé dans le film Les risques du métier, d’André Cayatte, avec Jacques Brel, en 1967.

  2. Je me demandais pourquoi le film « Les risques du métier », avec un Jacques Brel époustouflant, n’était plus programmé depuis fort longtemps…

  3. « …Sans doute auraient-ils préféré que l’élève menteur fût un garçon et l’enseignant injustement incriminé une femme… »
    Non seulement un garçon, mais transgenre et d’origine sub mediterraneenne, et la femme, LGBT, et sub saharienne…
    Là, le film était bon pour les César…

  4. Et après l’on s’étonne que le cinéma ne fait plus recette, même cette branche là est pourrie… les médias on savait déjà !

  5. Un filme qui me semble pas être en adéquation aux bien pensants qui lancent notre pays contre le mur.

  6. Il y a quelques dizaines d’années un instituteur c’est trouvé dans la même situation. Accusé, il s’est donné la mort.
    L’élève, a avoué après sa mort qu’elle avait menti ! Et ce n’était pas un film . . .

  7. C’est sans doute pour cela que Macron et sa clique bien pensante porte aux nues une chanteuse condamnée pour violences conjugales.

  8. L’insipidité consternante et usante du féminisme dégoulinant à outrance dans tout les films, en plus de tout un tas de précepte de propagande diverses, écœure définitivement d’un quelconque intérêt pour l’écran bleu et la diversité sociétale (poubelle la vie à neuneu) … Si la TV rassemblait, ça ne va plus être le cas !…

  9. C’est le début de la dimmihitude forcée…
    Sinon, n’y avait-il pas déjà eu un film sur la même thématique prof/élève avec Jacques Brel en prof ?

Commentaires fermés.

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