Panique au gouvernement ? Macron se confine dans sa communication…
En période électorale, faire du « en même temps », c’était rusé. Le philosophe Paul Ricœur, dont Emmanuel Macron fut l’assistant, « en même temps » que Kiddy Smile, rappeur moulé dans un tee-shirt arborant le slogan « Fils d’immigré, noir et pédé », lors de la fête de la Musique élyséenne : si grand écart pouvait-il longtemps faire figure de martingale ?
Durant une élection présidentielle jouée quasiment d’avance, oui. Au long terme, non. Car en même temps, le réel a rattrapé ce même Emmanuel Macron. De gilets jaunes en infirmières, de policiers en avocats, de pompiers en médecins, de militaires en patrons de PME, la colère grondait. Pour tout arranger, cette France des parvis d’églises, déjà humiliée lors de la Manif pour tous, relevait une nouvelle fois la tête, pour cause de PMA et de GPA pour toutes et tous.
À force de donner des signes – souvent contradictoires – aux uns et aux autres à celles et ceux, le Président aura donc fini par se fâcher avec tout le monde, comprenant un peu tard que la France se gouverne mais ne se « gère » pas, tant il est vrai que ce vieux peuple, à la fois capétien et robespierriste, est tout sauf une « start-up nation ». Bref, on n’est pas là pour « faire le job » ou présider un conseil d’administration, mais pour incarner une fonction et tenter de combler le vide laissé par le trône d’un roi jadis décapité, tel que ce jeune banquier en eut naguère l’intuition.
Et aujourd’hui ? « En même temps », il y aurait « guerre », mais pas « confinement ». Le problème est qu’il n’y a pas « guerre » mais « fléau » ; ou alors, si « guerre » il y avait, comment expliquer que nos soldats et soldates soient envoyés au front sans équipements ni munitions ? « Confinement » il y a, mais Emmanuel Macron n’osa pas en prononcer le nom, le 16 mars. C’était bien la peine d’épouser sa prof de français pour ignorer à ce point la signification des choses et la juste manière dont il convient de les définir.
Cela, le peuple, toutes tendances sociales ou politiques confondues, finit par le ressentir. Mais, plus embêtant pour notre jeune Giscard – premier du genre à avoir oublié que l’Histoire n’était, finalement, que tragédies entrecoupées de rares périodes d’apaisement –, le doute commence à s’immiscer au sein de ses propres rangs, tel un autre virus contre lequel la médecine demeure de longue date impuissante : le désamour et la perte de confiance.
Et, ce dimanche 5 avril dernier, Le Parisien de rapporter, citant ses derniers proches : « Sa parole s’use, il parle trop ! » « Il n’est pas lui-même, il n’est pas le général de Gaulle [ça n’avait échappé à personne, NDLR] […] Son problème, c’est qu’il adore les déguisements, en militaire, en aviateur, etc. Il ne faudrait pas que les Français finissent par croire qu’il s’est déguisé en président. »
Heureusement que, dans son malheur, le confiné de l’Élysée peut encore compter sur les bons, fidèles et loyaux services de l’insurpassable Sibeth Ndiaye qui, avec ses mots à elle, vole au secours de son protecteur : « Le rôle du Président est à la fois de piloter la réponse, d’être dans l’anticipation de la sortie de crise et il est celui qui, élu au suffrage universel, doit être en grande proximité avec nos concitoyens. »
En ces temps de baccalauréat en contrôle continu, cette épreuve, néanmoins, consistant à décrypter un peu à l’ancienne l’aérienne pensée de cette dame.
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