Ouvrir les magasins le dimanche. Et les églises ?

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On ne va pas se mentir : la réouverture des lieux de culte, tout le monde, ou presque, s’en moque - pour ne pas dire plus. La preuve ? Alors que la France a mis un pied au-dehors de sa confinière, les journaux télévisés y vont tous de leur petit sujet pour nous dire ce qu’on a le droit de faire ou pas. Travail, sport, commerces, transports, promenades, etc. : tout y passe, sauf la pratique publique des cultes, ou alors très brièvement.

En plus, comme Christophe Castaner nous a expliqué doctement qu’on pouvait très bien pratiquer sa religion chez soi, sans que visiblement cela ait choqué beaucoup de ministres des cultes, on a comme l’impression qu’on est passé à autre chose. Si, tout de même : on a fait une petite concession pour les funérailles (pas plus de vingt personnes dans un lieu de culte). Sans doute une sorte de sursaut anthropologique pour parler riche, plus simplement un éclair d’humanité, appelez ça comme vous voudrez, mais c’est tout. Le curé d’une paroisse rurale du Beaujolais explique, sur les réseaux sociaux, de façon très didactique, que l’on peut très bien pratiquer le culte public dans sa grande église en respectant les règles de distanciation physique, mais visiblement, ce brave prêtre prêche dans le désert. Au moins, il ne sera pas obligé de mettre un masque.

Mais il n’y a pas que les curés qui prêchent pour leur paroisse. Les hommes politiques aussi. La France se déconfine et la foire aux bonnes idées pour le fameux « jour d’après » bat son plein. Tout le monde (et c’est bien normal) veut son petit stand pour y vendre sa camelote. On remarquera, d’ailleurs que, souvent, tout un tas de gens sont plus à l’aise sur le créneau du jour d’après que sur celui du jour d’aujourd’hui.

Passons sur les vendeurs de rêve et autres sculpteurs de fumée qui répètent à l’envi que rien ne sera plus comme avant et arrêtons-nous deux secondes sur un homme politique qui passe pour quelqu'un de pragmatique : Éric Woerth, président de la commission des finances à l’Assemblée nationale. Pas du genre à vouloir réenchanter nos lendemains. Un homme qui compte. Et il en faut. N’est-ce pas lui, du reste, qui faisait, jadis, le tour des plateaux de télévision et de radio pour expliquer qu’il y avait trop de lits d’hôpitaux en France ? Mais on s’éloigne peut-être du sujet.

Éric Woerth, donc, vient de donner une interview dans Le Parisien où il explique, sans doute à juste titre, que le plan de relance économique ne peut attendre septembre. Parmi les mesures qu’il propose pour relancer la machine au plus vite, notamment la consommation, la possibilité que « les magasins puissent, pendant une période donnée, ouvrir le dimanche très librement ». Selon l’ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy, une soixantaine de milliards d’euros supplémentaires auraient été épargnés durant cette période de confinement. Tout étant une question de stock et de flux, cette proposition peut se comprendre, compte tenu des contraintes sanitaires imposées aux commerces afin de limiter les risques de contamination. En effet, ne risque-t-on pas de voir des queues soviétiques se multiplier à l’entrée des grandes enseignes, le samedi en particulier ? La carte bleue, elle aussi, a besoin de se déconfiner et les achats en ligne ne font pas tout. Alors, ouvrons grand les magasins le dimanche. Au moins, ça occupera les catholiques qui ne peuvent pas aller à la messe.

Bien sûr, ne voyons pas forcément malice dans la proposition d'Éric Woerth alors même que les églises restent fermées. Il n'empêche qu'on peut trouver cela symptomatique de l'état de notre société. Et depuis que l’on sait qu’on peut être malade sans avoir les symptômes…

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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