« On m’a traité de facho » : un ex-présentateur de Complément d’enquête balance

© Capture écran Touche pas à mon poste (C8)
© Capture écran Touche pas à mon poste (C8)

« C’est une émission qui penche d’un côté et un peu moins de l’autre. » Auprès de nos confrères du Figaro TV Magazine, Jacques Cardoze, nouvelle recrue de Cyril Hanouna sur « Touche pas à mon poste ! » (C8,) dénonce le « côté inquisiteur, un peu procureur », de « Complément d’enquête », émission qu’il a présentée pendant trois ans, entre 2018 et 2021. Selon lui, le magazine d’investigation de France 2 aurait « plus un penchant pour taper sur la droite que sur la gauche ».

« Malhonnêteté intellectuelle »

Nous sommes le 7 septembre 2023. France 2 propose, en seconde partie de soirée, un nouveau numéro de « Complément d’enquête » consacré au Puy du Fou. Présentée par Tristan Waleckx, cette émission vire rapidement au procès contre la famille Villiers. C’est de la « malhonnêteté intellectuelle », dénonce, deux semaines plus tard, Jacques Cardoze, sur le plateau de Morandini. À la suite de la diffusion de ce numéro, Philippe de Villiers annonce son intention de poursuivre en justice l’émission.

Ce n’est pas la première fois que « Complément d’enquête » est accusé d’être partial. Jacques Cardoze en a fait les frais par le passé. « On m'a traité de facho parce que je voulais enquêter sur l'islamo-gauchisme et montrer que sur certaines listes en banlieues, La France insoumise pouvait draguer un certain nombre de personnalités issues du monde arabo-musulman », explique-t-il. Un numéro sera finalement réalisé à ce sujet, mais le clientélisme de l’extrême gauche finira noyé au milieu d’autres thématiques. Autre signe des accointances présumées de « Complément d’enquête » avec La France insoumise : l’impossibilité, pour l’ancien présentateur, de réaliser une émission sur Jean-Luc Mélenchon. « On m’a dit : "Tu comprends, La France insoumise nous donne tellement de dossiers, on ne peut pas travailler contre eux". Je suis tombé de l’armoire », confie-t-il aujourd’hui.

Face à ces accusations, le service public dément tout partialité. « Faire croire que "Complément d’enquête" censure les enquêtes sur LFI alors que le prochain est consacré à Sophia Chikirou et les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon, ça s’appelle avoir un sacré sens du timing », se défend Tristan Waleckx, sur son compte X (anciennement Twitter). La Société des journalistes de France Télévisions ajoute : « Les accusations de parti pris ne résistent pas à l’examen des thèmes des dernières enquêtes. Elles ont concerné des personnalités de tous bords politiques. » Un argumentaire « bidon », selon Jacques Cardoze qui dénonce une différence de traitement entre les personnalités de gauche et celles de droite.

Différence de traitement

BV s’est intéressé aux numéros récents portant sur des personnalités politiques. Outre Philippe de Villiers, qui a fait l’objet d’une enquête à charge, Éric Zemmour a lui aussi eu le droit à un numéro de « Complément d’enquête », à l’automne 2021. Intitulée « Veni, Vidi, Vichy », cette émission donne essentiellement la parole à des opposants de l’écrivain (la chroniqueuse Hapsatou Sy, qui poursuit en justice Éric Zemmour, l’une des femmes qui accuse le journaliste d’agression sexuelle…). D’autre part, pour décrypter le discours de l’ancien journaliste de CNews, « Complément d’enquête » fait appel à la sémiologue Cécile Alduy. Mais alors que l’examen des livres d’Éric Zemmour fait ressortir que le mot « France » est le substantif le plus employé dans ses ouvrages, les journalistes préfèrent s’attarder sur le mot « race » afin de donner au discours du futur homme politique une teneur xénophobe. Seule Christine Boutin, interviewée à la fin du documentaire, offre un autre point de vue. À l’inverse, le numéro consacré à Sandrine Rousseau apparaît davantage comme une enquête à charge et à décharge. Dans cette émission, « Complément d’enquête » tend aussi bien son micro aux opposants qu’aux soutiens de l’élue écologiste.

La dérive idéologique de « Complément d’enquête » – notamment pour ce qui concerne les numéros qui portent sur des personnalités médiatiques et politiques – s’inscrit dans celle amorcée par l’audiovisuel public depuis maintenant plusieurs années. Pour rappel, Delphine Ernotte, patronne de France Télévisions, déclarait devant les députés : « On essaie de représenter la France telle qu’on voudrait qu’elle soit. » Pour dénoncer ce virage idéologique, Jacques Cardoze prépare, avec Cyril Hanouna, une enquête sur « Complément d’enquête ». Et pourquoi pas, après, une autre sur l'audiovisuel public ?

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Voilà bien longtemps que je ne regarde plus cette émission désagréable et peu objective, mais quand on y a travaillé 3 ans il ne faut pas non plus cracher dans la soupe.

  2. Supprimons toutes les subventions aux médias, les centaines de millions seront consacrés aux anciens pour soulager le budget des pauvres en EHPAD ! Cardoze a raison il a vécu a l’intérieur du système non !!

  3. Avoir eu la chance de l’écouter toutes affaires cessantes dans l’émission de Morandini sur Cnews ce fut un moment de bonheur qui confirmait ce que nous pensions.

  4. Jacques, fils de feu Michel Cardoze, stalinien amoureux de poésie présentateur de la météorologie, a raison. Seuls les aveugles et les mulets peuvent le contredire. Les écoles de journalisme pullulent de gôchistes.

  5. « La Société des journalistes de France Télévisions ajoute : « Les accusations de parti pris ne résistent pas à l’examen des thèmes des dernières enquêtes. Elles ont concerné des personnalités de tous bords politiques. » . Les ficèles de la gauche sont connues depuis longtemps. La personnalité de gauche est dorlotée. Les questions sont des sucres d’orge avec mission de charger la droite. Tandis que la personnalité de droite est confrontée à une série de chausse-trapes. C’est visible comme le nez au milieu du visage. Il ne peut pas en être autrement lorsque l’on sait que Delphine Ernotte gouverne ses médias à doses de chantage, le plus caractéristique, le plus visible étant celui en rapport avec les spots publicitaires. Introduire des comédiens d’origines extra-européennes. Les médias publics objectifs donc crédibles ? Amusant !

  6. De grâce, cessez donc d’employer à tout bout de champ l’expression mainstream « audiovisuel public » alors qu’il s’agit d’un audiovisuel d’Etat !

  7. La question est « Que faisait-il sur l’armoire ? » On ne rentre pas au PSU comme on entre au bar du café-crême .

  8. « Selon lui, le magazine d’investigation de France 2 aurait « plus un penchant pour taper sur la droite que sur la gauche ».
    Encore un qui crache dans la soupe car il a compris qu’il ne pourrait plus « en manger » ! …

    Qu’il fasse son nid dans une autre émission qui ne semble pas tout à fait « bien faire la part des choses » va lui permettre de vite se fondre dans l’équipe des « clowns-de-la-macronie » ! …

  9. Bizarre ces journalistes, dès qu’ils sortent du service public, libèrent leur parole ! Quelle hypocrisie ! Ne pas oublier qu’Arte est aussi une , chaîne propagandiste de gauche

  10. Jacques Cardoze, fils de Michel Cardoze, deux personnages importants du système médiatique public, dommage pour Complément d’Enquête…

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