Nouveau projet du gouvernement : de la France moche vers la France mixte ?
Bercy, lundi 11 septembre. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et Olivia Grégoire, ministre délégué chargé des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, sont fiers d’ouvrir, à l'occasion d'une conférence de presse, « un nouvel horizon pour les zones commerciales ». Demain ne sera plus comme hier. On va « réinventer » les zones commerciales, « incarnations du XXe siècle » devenues « obsolètes ».
Remise en question d’un modèle
Pourquoi s’y attaquer ? Les commerçants, les consommateurs, les maires, l’État : tout le monde, en somme, y a trouvé son compte, depuis près de 60 ans d’existence. Aujourd’hui encore, elles sont plébiscitées, puisque les Français y effectuent 72 % de leurs achats en magasins. Eldorado pour les vendeurs, aubaine pour le consommateur, elles sont le symbole du progrès, en tout cas d’une certaine philosophie du progrès.
Si leur modèle est remis en question aujourd’hui, cela vient d’un constat sur lequel s’établit un relatif consensus. Tout d’abord, ces quelque 1.500 zones commerciales occupent une part immense de notre territoire : près de cinq fois la superficie de notre capitale. Se développant très librement, elles ont été le fer de lance d’un étalement urbain vorace, exponentiel, qui couvrait l’équivalent de la superficie d’un département tous les sept ans. Cette superficie, elles l’occupent mal, et exclusivement, tandis que de nombreux secteurs sont à la recherche de foncier. Or, la loi ZAN (zéro artificialisation nette) vise à réduire drastiquement l’expansion urbaine. On ne peut donc pas mieux faire qu’investir la place déjà occupée.
Ces zones commerciales sont accusées, de plus, d’être des « passoires thermiques », des « îlots de chaleur », un désastre pour les sols, et de ne pas être « vertueuses » car trop énergivores. Vrais dinosaures, elles n’ont plus lieu d’être à l’heure de la décroissance et de la sauvegarde de la planète.
Une énième utopie ?
L’idée du gouvernement est donc d’en faire de nouveaux lieux de vie. Elles en offrent d’ailleurs déjà tous les services, comme le souligne Olivia Grégoire. Il s’agit donc de densifier ces espaces, en pensant autrement. On en finit avec la spécialisation pour créer de espaces mixtes, plus « verts », plus beaux, ou en tout cas moins « moches ». Dans ces nouveaux espaces, magasins, terrains de sport, cinémas, bureaux, logements cohabiteront bientôt.
Tout cela semble parfait. Chez les quelques élus locaux, représentants d’associations de maires contactés par BV, le constat et le cap donné lundi matin à Bercy font l’unanimité. Pour Sébastien Gouttebel, maire de Murol et vice-président de l'Association des maires ruraux de France, il faut en effet utiliser ces réservoirs de friches, « construire la ville sur la ville ». « L’idéal, c’est de faire tout au même endroit », reconnaît Alain Chrétien, maire de Vesoul et vice-président délégué de l’Association des maires de France.
Mais cette réinvention soulève une difficulté majeure. Ces espaces, en devenant des villes vertueuses faites pour un mode de vie de proximité, ne vont-ils pas devenir inaccessibles à ceux, ruraux et habitants des petites communes, qui doivent nécessairement prendre la voiture pour remplir leur frigo ?
On se demande d’ailleurs si cette circonstance gêne nos ministres, qui estiment qu’il est temps de « modifier nos pratiques de consommation pour répondre aux défis de notre temps ». Sans doute M. Béchu se réjouit-il même de pouvoir donner à ses compatriotes l’occasion de « tourner le dos à des comportements qui ignoraient la sobriété ou la lutte contre le gaspillage »...
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39 commentaires
Je me rappelle encore de cette décision de Rafarin qui a libérer l’installation des grandes surfaces, afin que l’on puisse en trouver 3 ou 4, à quelques kilomètres d’intervalles. C’était bon pour l’emploi et la concurrence, parait-il. On voit comment ça a pourri la plupart des entrées de villes et bourgs. Encore un bel héritage à son actif ! Pendant ce temps, la commission Européenne / Allemande, non élue, veut à présent faciliter (c’est à dire sans études et consultations) et libéraliser l’installation des projets éoliens. On continue le grand saccage, inutile (voir les expériences en cours, comme en Allemagne ou Californie), mais qui qui enrichit certains lobbies.
Si nos gouvernants s’occupaient enfin des VRAIS problèmes de la France, santé, éducation, sécurité, destruction de nos industries et de notre agriculture, énergie… avant de s’acharner à en fabriquer de nouveaux qui vont entre autres nous coûter un « pognon de dingue » et occuper des centaines de comités x ou y, des milliers d’intervenants qui ne seront évidemment pas là ou nous en avons besoin urgemment. Et pou quel résultat ?
Ont-ils besoin de nouveaux jouets ou ont-ils beaucoup de « copains » à « caser » ?
Ah oui j ‘oubliais dans nos vrais problèmes il y a aussi notre dette colossale qui ne cesse de s’accroître au gré des humeurs de notre président.
« Construire la ville sur la ville », mais n’est ce pas ce qui existait et que vous avez détruit, messieurs les politiques. Redonnez cœur aux centres villes et arrêtez de dilapider l’argent que vous n’avez pas. Attaquez vous aux vrais problèmes. Le mieux, pour nous tous serait que vous partiez.