Partout sur la planète, les feux de la contestation s'allument. Le Parisien du 22 octobre consacre un article alarmiste à ce sujet, constatant que les tensions s'accumulent et que le monde est « plus instable et dangereux que jamais ». Une infographie dresse la carte des conflits sociaux, des conflits politiques, des conflits armés, qui s'ajoutent parfois les uns aux autres. Si l'Afrique et le Moyen-Orient sont les plus touchés, l'Amérique du Sud n'est pas épargnée, ni l'Europe, avec un Brexit qui n'en finit pas, ou les manifestations des indépendantistes en Catalogne. Il aurait pu ajouter la France, où des secteurs toujours plus nombreux expriment leur mécontentement.

Les causes en sont multiples : décisions politiques maladroites, considérations économiques, géopolitiques, voire religieuses, interventions internationales irréfléchies. Ce sont les régimes et leurs dirigeants qui sont contestés. Prenez le cas de la France : depuis son élection, l'action de Macron est l'objet d'un rejet - les policiers, les pompiers, les personnels de santé, les professeurs, les agriculteurs, les avocats, les retraités... La liste n'est pas exhaustive. Ne parlons pas seulement des conditions de son accession au pouvoir, mais de ses réformes assenées avec l'assurance de celui qui est certain d'avoir raison.

Quand on regarde les trente dernières années, on s'aperçoit que, loin de s'améliorer, la situation n'a fait qu'empirer dans le monde et en France. Faut-il évoquer les gilets jaunes qui, malgré les excès de certains, furent l'expression du ras-le-bol d'une France oubliée ? Le projet de refondation des retraites, faussement présenté comme un système plus juste ? Le débat sur le communautarisme et l'islamisation, dénoncés depuis longtemps par les plus lucides, qui se relance aujourd'hui, à l'approche des élections municipales ? Une politique migratoire laxiste et inconséquente ?

Toutes ces contestations procèdent d'une absence de confiance à l'égard de nos dirigeants.

François Hollande, qui joue au sage depuis qu'il n'est plus au pouvoir, avertit : « Aujourd'hui, ce sont les démocraties qui sont les plus vulnérables, pas les régimes autoritaires. »

Mais pourquoi les démocraties sont-elles vulnérables ? Parce qu'elles se couchent devant ceux qui veulent les détruire. Quand on entend, sur les plateaux de télévision, des commentateurs défendre le droit d'associations communautaristes à présenter des listes aux municipales, quand les mêmes soutiennent que, si l'on interdit d'élection l'Union des démocrates musulmans de Nagib Azergui, il faut pareillement interdire le Parti chrétien-démocrate de Jean-Frédéric Poisson, on se demande si nos prétendues élites ne marchent pas sur la tête.

La démocratie, selon Churchill, « est un mauvais système, mais elle est le moins mauvais de tous les systèmes ». Il aurait pu ajouter que c'est, à coup sûr, un mauvais système quand elle n'est pas le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. La faible représentativité de l'Assemblée nationale, les faux débats organisés par le gouvernement pour noyer la contestation, l'arrogance de nos gouvernants, le soupçon qu'ils agissent plus dans l'intérêt de la finance que dans l'intérêt des Français provoquent, un peu partout, une opposition au pouvoir, une contestation de l'autorité, un besoin de changement.

Le régime en place cherche à se perpétuer en augmentant son emprise sur les médias et l'information, transformant insidieusement notre République en un régime totalitaire d'autant plus dangereux qu'il ne dit pas son nom. Nous assistons à une crise profonde de la démocratie, qui ne peut se résoudre que dans un renouvellement de ses pratiques.

5139 vues

22 octobre 2019 à 16:33

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.