Pandémie oblige, la traditionnelle Paris Fashion Week de janvier est numérique, cette année : 68 défilés masculins sont ainsi présentés du 19 au 24 janvier. L’occasion, pour la bien-pensante France Culture, de s’interroger : « Ces dernières années, la mode semble s'être libérée de la binarité […] À l'ère du “no gender”, cette distinction a-t-elle encore un sens ? » Et la récente nomination de Rachel Levine ne fait qu'accroître la visibilité de cette confusion des genres.

Selon un sondage IFOP, « 22 % des Français entre 18 et 30 ans ne se sentent ni homme ni femme » et un nouveau hashtag #MembreDes22pourcents fleurit sur les réseaux sociaux.

 

Une mouvance progressiste expliquée par Yann Weber, directeur de la rédaction du magazine mixte, inclusif et sans genre, Antidote, sur France Culture : « À juste titre, les nouvelles générations se questionnent sur leur identité de genre ainsi que sur la binarité structurelle imposée par notre société. Une fois n’est pas coutume, l’industrie de la mode accompagne cette évolution. » Des enseignes textile, dont Zara et sa collection Ungendered, proposent depuis des années des vêtements neutres. Mais cela ne va pas assez loin encore, car ces pièces (jeans larges, sweat-shirts ou joggings molletonnés) sont encore jugées « trop masculines ». Certains internautes aimeraient voir des jupes ou des imprimés fleuris pour les hommes. « La garde-robe des hommes se dévirilise néanmoins de saison en saison : les frontières se brouillent et cela contribue à faire évoluer les mentalités. Je connais un tas d’hommes qui ont le courage de porter des robes, du maquillage, des chaussures à talons et je les admire pour cela », ajoute Yann Weber.

« On allumera des feux pour attester que deux et deux font quatre. On tirera l'épée pour prouver que les feuilles sont vertes en été » (Chesterton).

Certains auront beau jeu de relativiser en affirmant que la tendance n’est pas nouvelle, que les modes ont conduit les hommes, sous l’Ancien Régime, à se poudrer le visage et porter des perruques, et les femmes, dans les années 1920, à se couper les cheveux et s’habiller en homme. Néanmoins, jamais les évolutions sociétales ne sont allées aussi loin, au point de devoir désormais défendre l’idée même qu’il existe des sexes et des réalités biologiques. Évoquant le livre de Ryan Anderson, l’écrivain Anthony Esolen écrit que « nous sommes des êtres sexués jusqu’au fond de nos cellules, et depuis les instructions inscrites dans le zygote jusque dans chacun de nos organes, y compris le cerveau. Il est impératif que les médecins et les psychiatres sachent cela. Le métabolisme normal d’un homme n’est pas celui d’une femme. Les os d’une femme ne sont pas les mêmes que ceux d’un homme. » Il ajoute que, contrairement à ce que certains aimeraient nous faire croire, « il n’existe donc aucune preuve en faveur des affirmations relayées par certains médias populaires selon lesquelles des différences biologiques situées dans le cerveau détermineraient l’identité de genre ».

La santé mentale des jeunes est déjà si fragile qu'Emmanuel Macron leur propose « des chèques psy ». Affirmer qu'ils « s’interrogent à juste titre » sur leur genre sans les aider à renouer avec leur nature ni chercher à comprendre d'où vient cette confusion, basée vraisemblablement sur une conception blessée de la réalité, fruit de la révolution sexuelle, de la haine entre les sexes et du combat culturel au service de l'idéologie queer, voire aller jusqu'à leur prescrire des hormones artificielles ou une chirurgie plastique, ne feront qu'entretenir une illusion.

Légende : Le mannequin Andrej(a) Pejić a démarré sa carrière comme androgyne, refusant de se définir exclusivement en tant qu'homme ou femme. En 2014, « elle » révèle sa transidentité en même temps que son changement de sexe : « Le fait que j'aie été mannequin androgyne ne me rend pas moins femme aujourd'hui, et je suis fière de mon parcours ».

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22 janvier 2021 à 18:15

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