Noël 800 : Charlemagne restaure l’empire et fonde l’Europe des nations chrétiennes (3/8)

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Le pape Léon III souriait intérieurement en voyant Charles s’avancer tout en majesté. Il pense ressentir ce que l’évêque saint Rémi avait ressenti en baptisant Clovis trois siècles auparavant. « Courbe la tête fier Sicambre, adore ce que tu as brûlé. » Trois cents ans plus tard, les graines plantées par Rémi avaient germé de manière spectaculaire. Du petit royaume franc du Soissonnais était né une race de seigneurs aptes non seulement à conquérir le monde mais aussi à propager le catholicisme. N’était-ce pas Charles qui écrasa définitivement le péril païen des Saxons, les incursions arabes et annihilé les prétentions belliqueuses du roi des Lombards. Ce terrible peuple qui menaçait l’Italie mais surtout le pape et la sainte Église ?

En cette nuit de Noël 800, ce n’est pas seulement la vieille Gaule qui se trouvait un chef mais bien l’Europe entière. L’empereur d’Occident, roi des Lombards et roi des Francs, était bien le marchepied qui parachèvera l’union des peuples sous la férule d’une même loi et les rassemblera autour d’une même loi. Le pape Léon III pouvait se réjouir. Des siècles d’invasions barbares s’éteignaient grâce à des siècles de martyres, de diplomatie et de patience méticuleuse. Charles était l’homme qu’il fallait, au moment opportun. Cette nuit de Noël de l’an 800 après Jésus-Christ était enfin une promesse de paix véritable. Le chêne des Saxons était brûlé et à Rome, l’Occident s’enracinait dans le Christ. Les origines des peuples se confondent désormais avec la foi chrétienne, nul homme libre ou serf d’Europe ne saura se construire ou agir sans l’Église. Léon III pouvait sourire. Charles s’avançait pour devenir empereur. Charles le Grand, Charlemagne, chef de l’Empire d’Occident.

Léon III ne pouvait pas savoir que, se conformant à la coutume successorale germanique, Charlemagne prévoira dès 806 le partage de l’Empire entre ses trois fils. Après de nombreuses péripéties, l’Empire ne sera finalement partagé qu’en 843 entre trois de ses petits-fils, lors du traité de Verdun. Paradoxalement, c’est ce partage qui entérinera une Europe construite autour d’Etats-nations gouvernés par des monarques de droit divin. L’Empire avait servi. Charlemagne, en ceignant la couronne, scellait le sort de l’Europe. L’Occident pouvait dominer le monde pour mille ans et davantage.

Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

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