Nicolas Dhuicq : « Comme il n’y a aucun argument, on vous répond que vous êtes raciste »

Dhuicq

Polémique autour des propos de Nadine Morano sur la secrétaire d'État Sibeth Ndiaye, accusée de racisme, agression du Guinéen Mamoudou Barry à Rouen : Nicolas Dhuicq revient sur ces événements et les analyse au micro de Boulevard Voltaire.

La porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, s’en est prise à Nadine Morano.
Cette dernière a twitté que la porte-parole du gouvernement venait d’une famille sénégalaise bien née. Elle ne comprenait pas les tenues extravagantes que la porte-parole affiche.
Sibeth Ndiaye a qualifié ces propos de racistes. Quelle est votre opinion ?

Une gauche française affirme gagner par idéologie. Les chefs anciennement les Républicains et anciennement PS sont tous convertis au libéralisme macroniste. Ils ont repris la notion que le prolétariat souffrant devait être un prolétariat immigré. Et qu’il est de bon ton de se faire passer pour ce que l’on n’est pas. Il est bon de se faire passer pour pauvre pour exploité. Nadine Morano faisait certainement référence au fait que la porte-parole actuelle du gouvernement vient d’une famille lettrée, aisée, développée et occidentalisée. Il y a donc une espèce de décalage entre la réalité et cet affichage ostentatoire. On disait autrefois pour faire « peuple ».
Naturellement, dès que l’on émet la moindre critique, on vous répond que vous êtes raciste.
Madame Morano n’a jamais agressé la porte-parole du gouvernement sur sa couleur de peau. Elle n’a jamais affirmé qu’il y avait une hiérarchie entre humains du fait de leur couleur de peau. Or, c’est cela le racisme.


Aujourd’hui en France, le débat est extrêmement compliqué. On vous renvoie tout de suite cet anathème de racisme à la figure.
Cela va-t-il s’aggraver avec le temps ou va-t-on réussir à passer outre ?

Avant ce sujet grave, j’avais déjà repéré que dans notre société, nous parlions par euphémisme. Lorsque j’étais plus jeune, je pensais que le terme de technicien de surface était une plaisanterie méprisante pour les gens qui étaient autre fois des balayeurs ou des agents d’entretien.
J’ai découvert en grandissant que c’était la réalité.
On ne dit plus que quelqu’un est mort, mais qu’il est décédé. Nous avons appris à parler par euphémisme.
Naturellement, ces aspects du langage se sont étendus sur les questions de fond. On ne veut plus voir l’évidence et considérer qu’il y a des différences de peau.
On arrive à un langage totalement coupé du réel. Il n’est plus qu’une suite de mots sans aucun sens. Ce langage me fait exactement penser au discours du président Macron lorsqu’il était candidat.
Il y a quelques mois une des traductrices du président Vladimir Poutine me disait « nous avons essayé de traduire en Français le dernier discours de votre président, Emmanuel Macron sur l’Europe et nous n’avons pas réussi ».
Je lui ai répondu : « c’est très simple, le président de la République est capable de dire une chose et son contraire en un seul discours et en cinq minutes ».
Il utilise le langage non pas comme un moyen de communication et d’échange d’informations entre humains, mais comme un moyen de tétaniser l’adversaire et de le rendre incapable de réagir.
Malheureusement, cela va s’étendre.
Nous rentrons dans une espèce de novlangue, pour parler comme Georges Orwell. Ce dernier est destiné à ne plus véhiculer d’informations, mais il interdit de penser. Nous sommes dans l’interdit de pensée donc dans l’appauvrissement intellectuel généralisé.


Un jeune homme noir s’est fait battre à mort par une personne qui était là pour soutenir l'équipe d’Algérie, pour le simple crime d’être noir.
Ce racisme se traduit de manière extrêmement violente dans le monde réel.

Quand vous n’avez pas le langage à votre disposition et que vous n’avez que trois cents mots de vocabulaire pour exprimer vos sentiments, vous avez recours à l’agir. La violence prend le pas sur la pensée.
Nous sommes dans un système où il n’y a plus de pensée. Il n’y a que l’acte qui compte et c’est le résultat. Si cette personne a été agressée, parce qu’elle était noire de peau, par des gens qui sont censés être les bons et les gentils, c’est-à-dire des supporters algériens, il est impensable pour ces bonnes âmes que ces gens puissent être comme les autres et racistes.
Il suffit de se souvenir de la révolte des esclaves noirs qui a été réprimée. Toutes les sociétés humaines ont eu recours à l’esclavage. Les sociétés antiques, la Grèce, la Gaule.
Quand vous regardez l’Histoire de l’esclavage, on vous le réduit au commerce triangulaire européen. Au lieu de cela, on ne parle jamais de ce qui se passe au Qatar, de ce que font les Saoudiens, y compris sur notre territoire. Les riches Saoudiens, parfois du corps diplomatique, exploitent les gens.

Nicolas Dhuicq
Nicolas Dhuicq
Médecin psychiatre

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois