Je parlais ici, la semaine passée, du "fascisme identitaire". Je n’aime pas ce mot galvaudé, "fascisme", mais on nous en rebat tellement les oreilles quand il s’agit de défendre notre pays et nos valeurs françaises, européennes, chrétiennes, occidentales, etc., qu’il faut bien, à un moment, le coller là où il doit aller. Car si fascisme il y a dans l’acception qu’on en donne aujourd’hui, au sens de prétendre imposer aux autres des règles qui ne sont pas les leurs, c’est bien du côté de ces communautés sociales ou religieuses qui veulent tout sauf faire "communauté", justement, avec leurs concitoyens.

Cela n’est pas nouveau, ça fait même quelques décennies que ça dure. Le problème, c’est notre soumission croissante à toutes ces injonctions, ces restrictions au nom du respect de l’autre. Cet effacement progressif de qui nous sommes, de ce qui nous a construits, la négation de nos siècles d’histoire, tout cela sur un fond de culpabilité qu’on pourrait presque qualifier de génétique, tant on prétend nous la faire porter génération après génération. Il nous faut expier la longue histoire, réelle ou fantasmée, du monde blanc contre le reste de la planète. Les "lois mémorielles" et leur cascade de procès, les réparations financières sans fin, les passe-droits, la discrimination positive… rien n’y fait. Il en faut toujours plus pour se faire pardonner d’exister.

Alors, on prend les devants. On s’autocensure avant qu’on nous censure. On arrondit les angles, on ne prononce pas les mots qui fâchent, on efface tout ce qui pourrait heurter. En 1983 – il y a 34 ans… –, Pascal Bruckner publiait Le Sanglot de l’homme blanc. En sous-titre : Tiers-monde, culpabilité, haine de soi. Un livre majeur sur ce sentimentalisme tiers-mondiste qui s’est substitué, à gauche, à la lutte des classes et dont nous vivons les conséquences mortelles, aggravées par une mondialisation immaîtrisable.

"Les capitalistes nous vendront à crédit la corde pour les pendre", aurait dit Lénine. Vraie ou pas, la phrase est transposable. Aujourd’hui, nous y sommes : l’Europe offre au monde qui l’envahit les outils pour éradiquer ses propres racines.

Nous sommes devenus des flagellants, en route vers l’expiation perpétuelle.

Dernier épisode marquant : la publicité des magasins Lidl pour leur gamme de produits grecs Eridanous, original Greek product. Pour accroître ce parfum de vacances et de Méditerranée, la moussaka, les yaourt, pistaches, feta, olives, etc., sont vendus dans un emballage idoine : la photo de la Grèce, celle des murs blancs, de la mer et du ciel d’un bleu pétaradant. Image symbole que tout le monde connaît : celle de la petite église orthodoxe qui surplombe la mer, sur l’île de Santorin, confondant avec le ciel sa coupole d’un bleu vif.
Oui, mais voilà, dans la vraie vie, la coupole est coiffée d’une croix blanche. Pas chez Lidl, qui a cru devoir effacer cette odieuse provocation.

Explication de la marque à RTL Belgique, auprès de qui un client s’était indigné : "Nous évitons l'utilisation de symboles religieux car nous ne souhaitons exclure aucune croyance religieuse", a répondu le représentant du géant allemand de la grande distribution. "Nous sommes une entreprise qui respecte la diversité et c'est ce qui explique la conception de cet emballage." Une conception qui n’empêche toutefois pas la marque de sortir en France chaque année – et ailleurs sans aucun doute – une ligne de produits Spécial ramadan, avec certificat très religieux de la mosquée d’Évry-Courcouronnes !

Personne n’a demandé à Lidl d’opérer ce stupide révisionnisme architectural, ni de choisir une église pour illustrer ses produits. Si Grèce, pourquoi pas l’Acropole ? Mais l’Acropole, c’est le Parthénon et le temple d’Athéna, le monde antique des mécréants qui, en plus, sacrifiaient aux déesses… On n’en sort pas ! Pire : on ne s’en sortira plus.

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05 septembre 2017 à 16:19

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