Monsieur Poutou, allez vous habiller, et rasez-vous !
Philippe Poutou l'antifa, mal rasé, pas habillé, pour une petite phrase écrite à l'avance par les idéologues du mouvement dont il est la marionnette du moment, devient la coqueluche des médias au lendemain du pitoyable débat à onze du mardi 4 avril. "Nous n’avons pas d’immunité ouvrière, nous", dit-il avant de faire rire l’assemblée. Il faut vraiment que ce débat ait été au ras des pâquerettes et n’ait rien proposé qui soit à la hauteur de l’événement pour que les médias fassent de cette séquence mise en scène un « moment culte » de la soirée.
Et quand bien même cette phrase serait amusante, l’ensemble de la prestation de Philippe Poutou devrait moralement nous interdire d’en faire ce moment de télé qui le transforme en vedette d’un jour. Sans parler des idées politiques en elles-mêmes, qui se passent d’ailleurs de commentaires, l’attitude générale du candidat NPA a été un affront, une insulte à ceux qu’il prétend représenter comme à ceux à qui il inflige ce spectacle grotesque.
Jean Lassalle, 61 ans, est resté debout toute la soirée derrière son pupitre, comme d’ailleurs tous les autres candidats, pendant que Poutou, chaque fois qu’il n’avait pas la parole, s’en allait s’avachir littéralement sur une chaise placée, en retrait, à côté des punks à chien qui lui servaient de lieutenants. Et quand son tour de parole revenait, de courir dans le champ juste à temps pour lire péniblement des fiches et réciter ses laborieuses litanies de propositions loufoques, sans en expliquer aucune, d’ailleurs.
Mais le pire fut sa tenue vestimentaire et son rasage douteux. Pour « faire peuple », il se présente dans un débat présidentiel comme s’il allait chercher son pain à la boulangerie du coin. Le refus du costume, de la cravate, qui sont sans doute des apparats bourgeois à ses yeux, et plus généralement le refus de prendre la mesure grave et cérémonieuse de l’instant, au lieu d’en faire un archétype ouvrier, un représentant des petites gens, les fait passer pour des gougnafiers incapables de se tenir en société. Qui a déjà vu un ouvrier arriver à son mariage en jeans, ou à un enterrement en tong, ou à un baptême en marcel ?
Ouvriers, artisans, petites gens, peuple de Péguy, laborieuses petites mains du monde réel, quand bien même leur vie est rude, ils reconnaissent instinctivement et naturellement que certains moments, certains endroits, certaines circonstances sortent du commun quotidien. Et leur intelligence populaire, tirée des siècles de bon sens paysan ou ouvrier, sait qu’on adapte son attitude et son comportement devant ces situations particulières. Jadis, tout honnête homme avait, dans une armoire, une tenue des grands jours ; les femmes, à côté de leurs tabliers, avaient une robe occasionnelle.
Monsieur Poutou, est-ce que ces gens, le temps qu’ils portaient ces vêtements (et en les portant marquaient leur conscience qu’il existe des moments graves, et témoignaient de leur respect envers eux), devenaient des bourgeois et trahissaient leur condition sociale et populaire ? Est-on un paysan indigne ou un métallurgiste honteux dès lors qu’on soigne son apparence quand la situation est exceptionnelle ? Vous étiez, dans ce débat, l’un des onze prétendants à la fonction présidentielle, regardé par des millions de Français qui s’inquiètent pour leur avenir et leur présent. La prochaine fois que cela arrive, ayez la décence de vous présenter à eux rasé, habillé, digne ! Et, si décidément cela ne vous intéresse pas, au moins abstenez-vous de croire que vous représentez des gens dont vous salissez l’honneur.
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