La semaine dernière, le ministre des Armées Florence Parly a mis à l’honneur les quatre premières femmes officiers à servir dans un sous-marin en les recevant à l’hôtel de Brienne à leur retour de mission. Et le ministre d’emboucher sa trompette féministe en tweetant : "Aujourd’hui, plus aucun poste opérationnel n’est fermé aux femmes dans nos Armées : rencontre avec les 4 premières femmes, officiers de marine, à avoir effectué une patrouille en sous-marin nucléaire lanceur d’engin (SNLE), gardien de la dissuasion nucléaire française sous les mers." Plus aucun ? On espère que si, quand même un peu. Car au bout du bout, il existe encore des « postes » dans les armées, dont le rôle essentiel est de préparer et faire la guerre – c’est-à-dire de délivrer la mort -, qu’aucun père, mari ou frère, nous semble-t-il, ne voudrait voir tenu par sa fille, sa femme ou sa sœur. Mais je vois d’ici la levée de boucliers de bataillons entiers d’amazones de salon !

Passons sur cette médiatisation dont les « pionnières » se seraient peut-être passées : le sous-marinier, et probablement la sous-marinière, développe un esprit d’équipage remarquable qui ne va pas forcément avec cette sorte de discrimination médiatique qui vous fait passer subito de la lumière blafarde du submersible aux feux de la rampe.

C’est en décembre 2017 que cet embarquement avait été annoncé par la Marine nationale : quatre officiers de sexe féminin (dont un médecin) allaient embarquer sur l’un de nos quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) pour partir en patrouille durant soixante-dix jours environ. La décision d’ouvrir la filière sous-marine aux femmes remonte à 2014, mais seulement pour les officiers, pour des raisons pratiques d’hébergement, comme l’avait expliqué alors le chef d’état-major de la Marine. En effet, les officiers ont droit à une cabine individuelle et il est donc plus facile de régler les problèmes de promiscuité, tout de suite plus compliqués dans un environnement confiné.

On le sait, l’égalité entre les femmes et les hommes est l’un des chevaux de bataille du Président Macron et de son quinquennat. Aussi, cet embarquement féminin est l’occasion idéale pour la Royale de montrer qu’elle est un bon élève dans cette matière. Cela dit, l’armée française n’est pas en retard dans cette marche vers la féminisation. En 1995, le taux était de 7,5 %. Il est, aujourd’hui, de 16 %. La quatrième armée la plus féminisée au monde en 2015, juste derrière Israël. Mais ce chiffre cache de grandes disparités. Ainsi, le service de santé compte près de 60 % de femmes, ce qui n’est pas sans causer des problèmes de gestion, notamment lorsqu’il s’agit de faire face à des relèves fréquentes en opération extérieure. J’ai connu plus d’un médecin masculin qui en avait assez de prendre plus qu’à son tour parce que sa consœur n’était pas disponible pour des raisons féminines tout à fait légitimes. Par ailleurs, cette marche vers la féminisation ne peut se faire à cadence forcée en ce qui concerne la prise des postes de hautes responsabilités : il faut 25 à 30 ans pour « fabriquer » un général ou un amiral. Les incantations féministes n’y changeront rien !

Pour finir, revenons à bord. Si ces officiers embarquées sur un SNLE sont « pionnières » en France, ayons tout de même l’élégance de reconnaître que notre éternelle concurrente sur les mers, la Royal Navy, nous a précédés puisqu’elle embarque des femmes dans ses sous-marins depuis fin 2013. Quelques nœuds d’avance sur nous… Le Sun révélait, en octobre 2017, que le commandant du SNLE Vigilant ainsi que son second avaient été relevés de leurs fonctions pour avoir eu des « relations inappropriées » avec deux officiers féminins de l’équipage. C’est ce qu’on doit appeler le carré des officiers. Il s’en passe donc de belles in the land of the submarines. Toutes choses qui ne peuvent arriver sur les bâtiments de la République qui, par définition, comme chacun sait, est vertueuse.

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10 juillet 2018 à 20:35

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