Meeting RN dans le Loiret : Viktor Orbán en ambassadeur de Marine Le Pen

Orbán, Salvini et Marine Le Pen affichent leur unité dans un grand raout des droites nationales européennes.
@Yves-Marie Sévillia
@Yves-Marie Sévillia

Fidèle à ses habitudes, c’est au cœur de la France profonde que le Rassemblement national fêtait, lundi 9 juin, le premier anniversaire de sa grande victoire aux européennes et la création du groupe Les Patriotes au Parlement européen. Une démonstration de force, puisque les onze alliés européens du RN étaient tous représentés, dont le Hongrois Viktor Orbán, l’Italien Matteo Salvini, le Néerlandais Geert Wilders ou encore l’Espagnol Santiago Abascal, président de Vox. Au cœur du Loiret, à Mormant-sur-Vernisson, dans une ambiance champêtre, plus de 6.000 personnes sont venues écouter les discours nationalistes musclés des représentants d’une « Europe des nations ». La France de Marine Le Pen et de Jordan Bardella a répondu présente. L'ambiance est festive, en ce jour férié. Pour Emmanuel, adhérent au RN dans la Manche depuis 36 ans, « l’avenir de la France, fille aînée de l’Église, est menacé », confie-t-il à BV. « Mon parti, c’est la France », lance Arlette, qui milite depuis 40 ans et verrait avec intérêt une « Marine moins édulcorée ».

Orbán dénonce l'immigration et vante la Hongrie « dernier bastion des chrétiens »

De tiédeur, en ce lundi de Pentecôte, il ne sera pas question. Dans une intervention sans concession contre l’immigration, Viktor Orbán fustige « Bruxelles qui vomit sa rage », imposant « un million d’euros d’amende par jour car nous ne voulons pas accueillir de migrants ». Il fait face. « Nous ne laisserons pas violer nos filles et nos femmes », lance le Hongrois, qui vante sa politique migratoire de « clôture » des frontières. Elle met la Hongrie, « la brebis galeuse de l’Europe », à l’abri de la « horde de migrants » qui « envahissent le pays » sur les ordres de « Bruxelles et de Soros ». L’homme ne cesse de mettre en avant « l’identité culturelle chrétienne » de la Hongrie, « dernier bastion des chrétiens » et modèle de la famille traditionnelle composée d'« un père et une mère ». Des thématiques sociétales conservatrices mises en avant par d'autres alliés du RN, comme la dirigeante grecque qui s’est exclamée : « Ils veulent que nous élevions nos enfants comme s’ils ne savaient pas s’ils sont des filles ou des garçons. » Une différence de taille avec le parti mariniste, qui assume ne pas mettre en avant les sujets sociétaux, « voués à l’échec électoralement », nous confie un député européen (pas un mot ne sera prononcé sur l’euthanasie).

Du côté italien, le responsable de la Liga a dénoncé la politique de l’Union européenne en accusant les autorités bruxelloises de « bloquer » les forces nationalistes « par tous les moyens ». S’appuyant sur la force du groupe Les Patriotes, « troisième force au Parlement européen », Matteo Salvini a vanté la puissance de l’union : « Si nous sommes soudés, liberté et victoire nous souriront. ». Laissant la dernière prise de parole à Jordan Bardella, artisan de la victoire aux européennes (sa liste emporta le scrutin loin devant ses concurrents, avec 31 %), Marine Le Pen se veut pleine d’optimisme. « C’était bien avant, mais ce sera mieux demain ! », s’est-elle écriée pour mobiliser ses troupes. La députée du Pas-de-Calais n’a pas manqué de résumer sa critique de l’UE, « un empire marchand, wokiste et ultralibéral ». « Nous voulons sortir de cette Europe là car ce n’est pas l’Europe », a-t-elle précisé, avant de conclure par une citation de Georges Bernanos : « L’espérance est un risque à courir. »

Pour Bardella, le ministre de l'Intérieur aurait dû démissionner

Son dauphin, dans un discours très acclamé, a pris soin de toujours s’exprimer au nom de « Marine et [lui] ». Jordan Bardella s’est félicité de faire reculer le Green Deal, cette politique européenne à propos de laquelle Marine Le Pen a dénoncé les « Khmers verts », visant les politiques écologistes. « Nous voulons stopper l’immigration massive », a affirmé le président du Rassemblement national, qui « refuse la soumission ». « Pas un sous d’argent public pour financer le fondamentalisme islamique », martèle Bardella, qui invite les militants enthousiastes à « raviver la flamme ». Mais ce qui a particulièrement réuni les deux têtes du RN, ce sont les attaques frontales à l’encontre du ministre de l’Intérieur. Pour Bardella, le « désastre sécuritaire » lors de la victoire du PSG en Ligue des champions, le 31 mai, « aurait dû provoquer [sa] démission ». « Pas champion, mon frère », a lancé, pleine de morgue, Marine Le Pen, faisant référence aux propos d’après match d’Emmanuel Macron avant de dénoncer, elle aussi, la politique de Bruno Retailleau, un nom volontiers hué par la foule.

@Yves-Marie Sévillia

Un rassemblement qui tombe à point nommé

À travers ces discours, le soutien inconditionnel de tous les orateurs à Marine Le Pen est frappant. Salvini, par exemple, incite à plusieurs reprises les militants à scander le nom de la fille de Jean-Marie Le Pen. Il remercie son amie « pour sa leçon de courage ». Orbán tresse une couronne de lauriers à une « combattante courageuse », un « chef infatigable », « qui ne trahit jamais », en se demandant comment une femme comme elle pouvait ne pas encore être à la tête de la France. Voilà Marine Le Pen revigorée par ces paroles louangeuses.

Fragilisée par ses ennuis judiciaires, la patronne du groupe RN à l'Assemblée et potentielle candidate à l'Élysée obtient, grâce à ce grand rassemblement et aux voix de ses alliés européens, une belle occasion d’incarner le futur des droites patriotes européennes.

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Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

84 commentaires

  1. Si les partis de droite s’entêtent à ne pas trouver un moyen de s’unir, c’est sûr, la France, ou plutôt ce qu’elle était, est foutue. Si on se trouve avec Melenchon président, je ne donne pas cher de l’avenir de notre pays. Et, comme le nombre d’immigrés naturalisés ne cesse d’augmenter, on peut facilement imaginer la suite. Nous n’aurons plus que nos yeux pour pleurer.

  2. CMP
    dit :
    11 juin 2025 à 10 h 10 min
    Votre commentaire est en attente de validation.

    Comme vous,je suis abasourdi de voir que nombreux sont ceux qui classent le RN à droite,vu que la personne qui a créé ce mouvement ,se défend elle même ne pas être de droite »
    Afin d’en rectifier l’incohérence, je rectifie la fin de ma phrase comme suit : ….se défend elle même être de droite.

  3. Véritable UNION des droites (même s’il y a inévitablement des divergences, ce qui est normal) = VICTOIRE ! Pas d’autres solutions, la gauche le peut alors nous aussi !

  4. Par hasard je suis tombé sur l’interview de Victor Orban par Darius Roche »bien », tout fait à ahurissant de la part du journaliste de LCI qui fait une leçon de moraline au chef d’état Hongrois. Ce n’est pas du journalisme mais du militantisme européiste et pro macron. Par bonheur pour nous « délaver » le cerveau, il existe des médias tel que BV et ceux du groupe Bolloré.

    • La leçon de moraline n’a pas dû toucher beaucoup Victor Orban car celui-ci savait très bien qui il avait en face de lui

  5. Ainsi, hélas, nous continuons d’avoir la droite la plus bête du monde. Il n’est pourtant pas compliqué de comprendre que pour battre la gauche, qui n’aura aucune hésitation à rassembler toutes ses composantes, malgré toutes les belles déclarations voulant faire croire qu’entre le PS et LFI, jc’est fini à tout jamais. Qui écidément, arrivera à faire rentrer dans le crâne des ténors des partis dits de droite, RN compris, cette évidence ? C’est à désespérer.

  6. A lire, le très bel article du Figaro « Depuis la dissolution, la lente descente aux enfers du RN. »
    On y découvre sans surprise que le parti d’extrême droite est en perte de vitesse.
    En espérant que cela se confirme.

    • Vous prenez vos désirs pour des réalités? Cet article d’ obédience retaillo-philippiste, écrit par un ex de Libé est d’ une rare indigence (aucun fait précis, juste des lieux communs éculés) alors qu’ un autre papier d’ un autre journaliste du Figaro dit à peu près l’ inverse et que la veille, était largement relayé par le Figaro le sondage donnant le RN à 33%! Pas mal pour une descente aux enfers ou comme vous dites « une perte de vitesse »! Encore quelques ralentissements comme ça et c’ est gagné…

  7. Pour gagner, il faut qu’ils fassent comme la gauche. Déjà, savoir s’unir, ensuite, créer le contre-pied du front républicain. Ce contre-pied pourrait s’appeler le « front patriote » qui diaboliserait les anarchistes Insoumis. Comme l’union de la gauche s’est créée il y a 50ans (en y associant l’extrême-gauche), contre l’extrême-droite, ce front patriote devra se concentrer contre l’internationale socialiste exclusivement. Pas besoin de programme. Celà ne ferait que créer des risques de division.

    • J’approuve. Ce n’est plus aux partis de décider ou non l’unité, c’est aux militants ou non d’imposer!

  8. J’aimais bien le « menhir » qui ne voulait rien céder sur le sociétal. Sa fille, sur ce plan me déçoit! Elle m’agace encore plus quand elle « tape » sur ceux qui pourraient être ses alliés. On reste en « Gaule » et le combat des chefs est loin d’être fini pour nous, malheureusement.

  9. L’union à droite devrait se faire derrière le RN, c’est ce que n’accepte pas l’ego des Retailleau, Wauquiez, Darmanain……qui ont tous en vue 2027. A part Ciotti qui est prêt. Ils feraient pourtant mieux de s’entendre plutôt que d’agiter des peurs sans fondement. Vu où nous en sommes et après avoir tout expérimenté que risquons nous à essayer le RN. Cela ne peut être pire que ces 8 dernières années.

      • Comme vous,je suis abasourdi de voir que nombreux sont ceux qui classent le RN à droite,vu que la personne qui a créé ce mouvement ,se défend elle même ne pas être de droite,

  10. Seulement 6000 personnes pour un meeting avec une telle affiche, dont le dirigeant Hongrois, c’est très décevant pour le RN. MLP dit qu’elle n’est pas de droite mais tous ses invités étrangers se revendiquent clairement de droite. Les attaques contre Retailleau traduisent la fébrilité du RN devant celui qui pourrait mordre sur son électorat. Il me semble que le RN est arrivé à son sommet et qu’il va maintenant s’essouffler : refus d’un accord avec d’autres partis de droite sans lequel il ne pourra jamais exercer le pouvoir, lassitude vis-à-vis de MLP et de ses déboires judiciaires, non crédibilité de Bardella pour les présidentielles (trop jeune et sans expérience), voire rivalité entre lui et MLP ?

  11. Toujours pas de volet « KENNEDY » avec la vigoureuse prise en compte de la gravissime affaire du COVID et de la corruption non moins gravissime du système de santé, ainsi que celle de l’état de notre agriculture toujours plus polluante car toujours plus intensive ! Outre la nécessité, ce sont de très nombreuses voix négligées… qui n’attendent pourtant qu’un discours cohérent, pour faire le même passage que KENNEDY !
    Veste toujours retournée sur la question russe !
    Le discours de vérité, sans fard, seuls les alliés du RN le tiennent. Pas le RN !
    C’est pourtant le courageux discours de vérité de TRUMP-ELON-KENNEDY qui leur a permis de l’emporter !

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