Notre amie Marlène Schiappa, évoquée hier ici même, est sur tous les fronts du féminisme. Avec plus ou moins de bonheur. Ainsi, dans le même temps où elle se félicitait de la manifestation mammaire des Femen dans la cour du Palais-Royal, elle assistait au Women's Forum Americas qui se déroulait à Mexico, les 30 et 31 mai. C’est l’avantage des réseaux sociaux et des gens qui tweetent plus vite que leur ombre : on peut être partout à la fois.

Women's Forum Americas, autrement dit la stature internationale. C’est, d’ailleurs, l’ambition de notre secrétaire d’État, qui n’en fait pas mystère : elle veut peser à l’international. Précisément, puisque la France présidera le G7 à la fin août, Marlène Schiappa « veut avoir un “impact féministe” sur ce sommet des dirigeants des sept pays les plus riches du monde ».

Marlène Schiappa l’a rappelé devant cette docte assemblée : « L’égalité entre les hommes et les femmes est la “grande cause nationale” du quinquennat d’Emmanuel Macron » et le cheval qu’elle enfourche tous les matins au réveil. Noble cause… et vaste entreprise.

Mais pour peser comme elle l’ambitionne sur le G7, la France doit avoir valeur d’exemple. Notre ministre promet de s’y employer.

Marlène Schiappa part d’un chiffre qui semble lui servir à tout : 52 %. C’est la part des femmes dans l’humanité, dit-elle, également, si on l’écoute, celle des femmes concernées en France par l’hygiène menstruelle. Si je rapproche ces deux causes chères au ministre, c’est parce qu’il me semble qu’avancer ce chiffre est inepte dans un cas comme dans l’autre, et j’y reviendrai plus loin.

C’est le magazine Challenges qui rapporte les propos de celle qui ambitionne de « demander au Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes (HCE) de relever à 50 % tous les quotas de femmes existant dans tous les domaines ». L’argument est de poids : « Il n’y a pas de raison de laisser des quotas à 30 % ou 40 % alors que nous représentons 52 % de l’humanité. 50 % est déjà un compromis », dit-elle. En conséquence de quoi, « un nouveau texte devrait donc faire évoluer la loi Copé-Zimmermann de janvier 2011 qui fixe à 40 % la part des femmes dans les conseils d’administration des sociétés cotées, et la loi Sauvadet de mars 2012, qui a étendu le système des quotas aux postes de la haute administration ».

L’idée fait son chemin, nous assure-t-on. Ainsi Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), a déclaré à ce même forum « avoir changé d’opinion à ce sujet, et être favorable à des quotas temporaires », particulièrement dans le domaine de l’éducation « pour s’assurer que les filières technologiques ne resteront pas un quasi-monopole masculin : essentiel pour que l’intelligence artificielle ne reproduise ni ne renforce les stéréotypes de genre en vigueur dans la société ».

Je suis perplexe. Une fois de plus, je m’interroge : de quoi parle-t-on, au juste ? Qu’est-ce que ce gloubi-boulga où l’on mélange tout et tout le monde ? Quelle signification a ce pourcentage balancé à tout va : 52 % ? Des quotas pour qui, pour quoi ?

Le Women's Forum Americas a aussi bien évoqué le cas des travailleuses à domicile, toutes ces Mexicaines non déclarées et non protégées, que celui, j’imagine, de ces femmes africaines qui s’escriment aux champs, pliées en deux sur leur herminette pendant que les hommes palabrent sous le baobab. Quel rapport, chez nous, entre les conseils d’administration des entreprises du CAC 40, la haute fonction publique, et celles qui quittent leur banlieue à 5 heures du matin pour aller faire le ménage là où les autres vont siéger ?

Et s’il n’y a pas 50 % de femmes pour assurer les quotas, que va-t-on faire ? Les contraindre ?

On disait, autrefois, que l’égalité serait atteinte le jour où il y aurait autant de femmes que d’hommes incapables à des postes de responsabilités. On y court…

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04 juin 2019 à 10:00

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