Manif contre Zemmour à Bordeaux : la gauche empêtrée dans ses contradictions

800px-Philippe_Poutou_2018

La ville des Girondins serait-elle au bord d’une révolution ? La venue d’Éric Zemmour, ce vendredi 12 novembre, pour un meeting au palais des congrès de Bordeaux, provoque bien des remous. Dès le mardi 9, le candidat NPA Philippe Poutou, conseiller municipal d’opposition à Bordeaux, avait interpellé le maire en lui reprochant de ne rien faire pour empêcher la venue de l’essayiste ; le jeudi 11, 150 personnes manifestaient devant la mairie de Bordeaux ; enfin, vendredi, un rassemblement était prévu au stade Matmut, à proximité du palais des congrès. Autant de grands démocrates ouverts au débat.

Pierre Hurmic, maire EELV de Bordeaux, dont il est difficile de soupçonner une quelconque accointance idéologique avec Éric Zemmour, s’est justifié par des arguments légaux - « la municipalité n'a pas le pouvoir d'empêcher la venue d’Éric Zemmour, car le palais des congrès n'appartient pas à la ville » -, tout en ironisant sur la récente tenue d’un débat entre Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon : « Moi, ce qui m’a plus choqué, c’est la participation à un débat urbain de votre ami, monsieur Mélenchon, qui vous a soutenu pour les élections municipales, avec monsieur Zemmour… » Il est difficile de comprendre ce qu’il y a de « choquant » dans le fait de débattre avec un opposant . M. Hurmic a bien débattu avec ses adversaires dans le cadre de sa conquête de la mairie de Bordeaux… Mais passons.

Le paradoxe le plus amusant n’est pas là : il s’agit plutôt de la position de La France insoumise qui, dans un communiqué du 10 novembre, a appelé le maire de Bordeaux et la préfète de la Nouvelle-Aquitaine à interdire la tenue de ce « meeting de la honte ». Le débat de M. Mélenchon avec le polémiste controversé était-il un « débat de la honte » ?

Enfin, ajoutons à cela la déclaration de M. Poutou lors du conseil municipal du 9 novembre : « Nous sommes d’accord avec l’idée [de Pierre Hurmic] qu’il ne faut pas débattre avec les fascistes. » Si Éric Zemmour se porte candidat à l’élection présidentielle de 2022, que fera donc le candidat NPA lorsqu’un débat sera (très probablement) organisé entre tous les candidats du 1er tour ? Refusera-t-il de s’y rendre pour ne pas « débattre avec un fasciste » ?

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois