Quatre personnes viennent d’être condamnées à un mois de prison pour avoir mangé, bu et fumé dans un parc à Bizerte pendant le ramadan. En Tunisie, on n’est pas obligé de jeûner pendant le mois sacré et, chez soi, on est libre de faire ce qu’on veut. Par contre, se sustenter à l’extérieur est considéré comme un blasphème, même si aucun article de loi ne le réprime spécifiquement. Les juges se retranchent derrière la qualification de « trouble à l’ordre public », notion large qui permet de condamner selon le bon plaisir des magistrats. Et ceux qui ont été sanctionnés ont voulu, sans doute, faire un acte militant.

Les milieux libéraux protestent en rappelant que la Constitution tunisienne protège la liberté de conscience. Mais, depuis quelque temps, celle-ci est menacée. Une chape de plomb rigoriste s’abat sur le pays du Jasmin. Un cheikh médiatique parcourt le pays avec un huissier pour faire constater les cafés ouverts en plein jour pendant le ramadan. Il prétend les faire condamner pour « atteinte aux bonnes mœurs ». Le pouvoir laisse faire. Ici ou là, des juges plus intégristes que d’autres sanctionnent des consommateurs d’alcool. Ils se fondent sur une loi obscure (de 1913 !) qui interdit de vendre des boissons alcooliques à des musulmans. Au fait, on fait comment, pour reconnaître un musulman ?

Le christianisme est en partie souterrain au Maghreb. Si les expatriés européens peuvent vivre leur foi sans problème, les autochtones convertis se cachent, de peur d’être sanctionnés, même si, pour l’instant, il est légal de quitter l’islam. On ignore combien ils sont. Des dizaines de milliers ? Plus ? Sans doute y en a-t-il autant que de nouveaux adhérents à l’islam en Europe. Les athées ou les musulmans tièdes sont bien plus nombreux. Peut-être même constituent-ils la majorité. Mais ils se gardent bien d’affronter la minorité intégriste qui est la plus bruyante et la plus active.

L’an passé, l'interdiction du burkini sur quelques plages en France a provoqué un séisme mondial. Notre pays a été montré du doigt et dénoncé partout sur la planète, mais les protestations internationales contre la condamnation des « non-jeûneurs » seront évidemment inexistantes.

De fait, l’Occident a intégré depuis longtemps l’intolérance islamique. Celle-ci commence à déborder en France où l'on voit des « auto-justiciers » faire scandale pendant le ramadan dans des cafés ou des commerces tenus par des musulmans. On s’est grassement moqué de M. Copé avec son pain au chocolat. On n’a pas contesté les faits, mais ils apparaissaient normaux aux yeux des « antiracistes ». Pourtant, arracher une pâtisserie des mains d’un enfant chrétien sous prétexte qu’on est en ramadan est odieux et abominable.

A l'avenir, ira-t-on plus loin ? Dans dix ou vingt ans, en France, condamnera-t-on les musulmans « non jeûneurs » et les cafés ouverts pendant le mois sacré pour trouble à l’ordre public ? La veulerie et l’aveuglement des pseudo-antiracistes (qui sont, en fait, complices de protofascistes) est sans limite.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 16:51.

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04 juin 2017 à 1:27

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