Hier, les représentants de la Fédération professionnelle indépendante de la police (FPIP) ont été reçus par le sénateur Jean Sol (Pyrénées-Orientales). Ils veulent alerter l’exécutif au sujet de divers maux dont le suicide, l’interprétation perfide des règles déontologiques qui cristallisent l’action des forces de l’ordre ou encore la mauvaise gestion du recrutement.

« On ne peut exercer nos missions dans de bonnes conditions en étant épuisés », assène David Portes, secrétaire général de la FPIP. Mobilisées depuis plus d’un an dans des conditions aussi périlleuses qu’aveuglément administrées, les forces de l’ordre n’en peuvent plus. En témoigne une série de poursuites judiciaires provoquées par la dénonciation de « violences policières » au cours des dernières manifestations.« En cas de fatigue extrême ou de stress dépassé, tout être humain réagit de manière pulsionnelle et non rationnelle », justifie David Portes. « L’exposition à ce risque d’un fonctionnaire de police ressort de la pleine et entière responsabilité de sa hiérarchie et de l’administration. »

Seconde alerte : le recrutement. Les barèmes du concours de police seraient désormais descendus à 8/20 de moyenne pour permettre un élargissement du recrutement et pallier le manque d’attractivité du métier. Les conséquences sont sans appel : « On ne voudrait pas que ce qu’il s’est passé à la préfecture se multiplie par 10… Quand on recrute en bas de gamme et qu’il n’y a pas d’enquête sérieuse comme c’était le cas auparavant, on peut s’attendre à ce qu’il y ait de gros problèmes de sécurité en interne, donc pour les citoyens », explique David Portes. En termes de sécurité, le secrétaire général de la FPIP évoque également la nouvelle politique de sécurité routière et l’alternative incohérente à la présence humaine palliée par les radars automatiques : « On peut entrer et traverser toute la France sans être contrôlé. » Une volonté d’économie et de rentabilité au détriment de la sécurité, selon Cyril Hemardinquer, secrétaire régional Île-de-France de la FPIP.

Pendant ce temps, les démissions s’accroissent. Au cours des trois premiers mois d’école, rapporte Cyril Hemardinquer, de nombreux jeunes quitteraient la formation en raison d’une mauvaise adaptation à la discipline ou de comportements troublants et non réprimandés de leurs camarades. Ce fut le cas dans sa propre école, à Nîmes : « Quand, dans les rangs, on a des élèves qui refusent de chanter “La Marseillaise”, que d’autres s’en plaignent et que la direction estime que le règlement ne les oblige pas à chanter l’hymne national… »

Une police à l’image de la société, donc ? « Il n’y a plus aucun respect de l’uniforme », soupire David Portes. En s’adressant à plusieurs élus, députés et sénateurs de tous bords, la FPIP, majoritairement constituée de policiers issus du terrain, espère ainsi être écoutée et soutenue par l’exécutif.

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23 janvier 2020 à 16:53

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