En 2020, c’était l’année du général de Gaulle. En 2021, ce sera celle de François Mitterrand. Même si les Français chérissent les commémorations, ce serait bien qu’un jour, nous puissions avoir une année sans année.

L'occasion, peut-être, de rappeler que François Mitterrand, l’homme au chapeau noir et à l’écharpe rouge, espoir de toute la gauche du siècle dernier, refusa toute forme de repentance française, allant jusqu’à affirmer, sur France 2, le 12 septembre 1994, à un Jean-Pierre Elkabbach le sommant de reconnaître la responsabilité de la France durant les heures les moins lumineuses de notre histoire : « Vous voulez que je me convertisse ? »

En cette époque d’humanisme éclairé, voilà qui ne sera effectivement pas aisé à célébrer. Surtout quand l’Élysée annonce que le déplacement d’Emmanuel Macron à Jarnac, ce vendredi 8 janvier, « se veut avant tout républicain » ; ce qui est un peu fort de café, le commémoré ayant été un fin lecteur de Charles Maurras, théoricien de la très royaliste Action française, le commémorateur s'étant permis, en septembre 2019, d'évoquer (sans le savoir ?) le Martiguais, lors d'une réunion des députés LREM, en parlant du « pays légal » et du « pays réel ».

En 2021, que reste-t-il de Mitterrand ? Un Emmanuel Macron qui affirme : « Dans mon panthéon personnel, il y a de Gaulle et Mitterrand. » Pour ce dernier, il entend surtout mettre l’accent sur les quarante ans de l’abolition de la peine de mort. Voilà qui ne mange pas de pain, sachant qu’il était plus facile d’en finir avec une mesure ne touchant conjoncturellement qu’un Français tous les deux ou trois ans, que de prendre à bras-le-corps un chômage de masse touchant structurellement plusieurs millions d’autres Français ; a priori honnêtes, ceux-là.

Dans le même registre, ne restait plus qu’à mettre au crédit du Florentin ces deux autres avancées sociétales que furent autorisation des radios libres et création de SOS Racisme. Les premières, concentration capitaliste oblige – le comble, pour un socialiste –, sont moins libres aujourd’hui que ne l’était l’ORTF de jadis. Quant à la seconde, à part avoir accouché d’un racisme anti-blanc devenu quasi officiel, on ne voit guère, même en cherchant bien, où se nichent les lendemains censés chanter.

Cela est d’autant plus croquignolet que, tant qu’à donner dans la filiation politique, Emmanuel Macron serait plus dans la lignée d’un Valéry Giscard d’Estaing que des deux autres figures tutélaires plus haut évoquées, ayant limité ses ambitions politiques à l’union des bourgeoisies de droite et de gauche. Ambitions, par ailleurs, singulièrement revues à la baisse : pour VGE, c’était deux Français sur trois, titre de l’un de ses essais ; alors que pour son héritier putatif, on en serait plutôt à deux sur dix ; et encore... en comptant large.

François Hollande, jamais en retard d’un bon mot et à qui on posait la question de savoir quel était le point commun entre Mitterrand et Emmanuel Macron, s’est contenté de répondre : « D’être Président. »

Même s’il n’est pas sûr qu’on puisse forcément lui retourner le compliment, au moins l’ex de Ségolène Royal a-t-il de l’esprit.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/01/2021 à 19:04.

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09 janvier 2021 à 10:31

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