Normalement, Laurent Wauquiez devrait arriver à se faufiler entre Johnny, Jean d'Ormesson, Jérusalem et le Téléthon pour faire un peu parler de lui ce week-end avec son élection attendue à la présidence de son parti.

Il y arrivera avec une réputation de mal-aimé bien établie.

M. Lagarde, président de l'UDI, allié de LR à toutes les élections depuis des décennies, a de nouveau mis ses menaces à exécution avant le vote des militants LR dans Le Parisien : "Il n’y aura plus d’alliance avec Les Républicains" si Laurent Wauquiez est élu.

On comprend fort bien que M. Lagarde ne veuille plus d'accord électoral avec un parti déchu qui a perdu les deux dernières présidentielles et qui n'est plus en mesure de lui garantir les postes et les investitures qui lui assurèrent naguère sa petite prospérité. Ce divorce, au demeurant assez anecdotique, aura au moins l'avantage de faire gagner un peu en cohérence un spectre politique en pleine recomposition.

Pour les centristes, on attendra donc - pour ceux que cela intéresse - les "états généraux de reconstruction du centre et de la droite" avec "les nouveaux mouvements qui se réclament de cette droite humaniste". Car si M. Lagarde tire un trait sur son alliance avec LR, il veut évidemment en nouer avec tous les groupuscules centristes : MoDem de Bayrou, Constructifs, Agir et, bien sûr, le nouveau grand ami : LREM. Sans compter les LR tendance Juppé et Estrosi, qui devraient aussi quitter LR vu leurs déclarations anti-Wauquiez.

Pour la droite, on aimerait que ces départs des centristes et des opportunistes soit définitif, que la purge soit achevée. Si l'élection de M. Wauquiez pouvait le certifier, ce serait déjà une bonne nouvelle. Mais, tout comme sur la fermeté des convictions et bien d'autres points, le candidat favori suscite le scepticisme, comme l'indique un sondage YouGov réalisé pour Le HuffPost et Cnews : 62 % des électeurs des Républicains considèrent Laurent Wauquiez comme un leader "par défaut" et 25 % seulement des sympathisants LR considèrent son positionnement « à droite toute » comme sincère.

D'ailleurs, au sujet des alliances - sujet qui préoccupe tant M. Lagarde -, un autre sondage (Kantar-Sofres pour Le Figaro Magazine) vient apporter un éclairage intéressant sur l'état des trois électorats : LREM, LR et FN. Ainsi, 76 % des sympathisants LREM sont favorables à des listes communes avec LR, quand ils sont 45 % à les souhaiter du côté LR (contre 42 % qui s'y opposent). 45-42... une vraie fracture ! De même, du côté du Front national, 70 % des sympathisants FN sont favorables à des listes communes avec LR (ce qui explique l'offre d'alliance proposée par Mme Le Pen il y a un mois), quand ils sont 65 % des LR à les rejeter (mais tout de même 27 % à les souhaiter). Ces proportions montrent la grande cohérence interne des électorats LREM et FN, et la division au sein des électeurs LR entre deux tendances inconciliables, l'une tournée vers M. Macron et le centre, l'autre vers une droite assumée. Pour LREM et le FN, l'électorat LR est à prendre, et ce parti à dépecer. Et, pour le moment, M. Macron est bien meilleur dépeceur que Mme Le Pen.

Il n'est donc pas étonnant que M. Lagarde prédise « l'implosion » de LR en cas d'élection de M. Wauquiez. Ce serait une nouvelle étape dans la recomposition politique en cours.

Reste à savoir si M. Wauquiez sera la nouvelle victime ou l'heureux bénéficiaire de cette implosion que son élection contribuera à accélérer. M. Wauquiez, un quadragénaire mal-aimé ? On en a connu quelques autres qui ont su déjouer le scepticisme des Français. Et des éditorialistes.

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08 décembre 2017 à 20:10

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