Dans la vie, on fait et on parfait notre éducation par la confrontation physique, intellectuelle et affective avec les autres composantes de notre environnement. Les victoires comme les défaites enrichissent notre expérience et forgent notre libre arbitre.

On se déclare meilleur que l'autre parce qu'on a osé la confrontatio, mais tant qu'elle n'a pas lieu, on ne peut évaluer notre aperception et, fatalement, on tronque la cognition. Poussons un peu plus loin l'analyse psychologique. Les confrontations ont l'avantage de faire ressortir la réalité de la vie. Cette réalité que, dans les faits, nous avons du mal à cerner puisque chacun de nous dispose de son échelle propre de représentation. Face à nous-même et sans confrontation, les biais cognitifs sont nombreux, les sophismes persistent et l'illusion finit par entraver la juste perception que nous aurions dû avoir devant une situation précise.

La confrontation peut être directe, c'est-à-dire opposer frontalement des adversaires sur la force physique, sur le débat, sur l'intelligence, sur la plastique, sur l'habileté, etc. Elle peut aussi être indirecte, donc opposer des adversaires par le prisme d'une tierce personne et, dans ce cas, ils pourront exploiter une grande dose de subjectivité pour influencer le choix final du décideur.

La confrontation est partout dans notre vie, on se jauge dans tout ce que nous faisons, on se jauge par rapport à nous, on se jauge par rapport aux autres, on se jauge parce que notre société est sélective, elle ne retient que les vainqueurs des confrontations.

En politique, le décideur s'appelle l'électeur, c'est lui qu'il faut convaincre. La confrontation va donc exploiter les deux séquences développées plus haut : l'opposition directe sera ici matérialisée par les débats d'idées, l'opposition indirecte par les résultats sortis des urnes.

La confrontation directe a donc une influence déterminante sur la confrontation indirecte. C'est parce qu'on se sera imposé dans le débat d'idées qu'on pourra tirer bénéfice des élections.

Même si, à ce niveau, on peut estimer que, dans toute démocratie, les médias peuvent avoir un rôle de relais, rien ne vaut ce contact direct avec les électeurs, la confrontation directe face aux décideurs, avec cet avantage de réduire les biais dans la transmission du message.

Les cadres du parti Les Républicains, les sondages et tous les experts sont unanimes à reconnaître que cette formation politique se fait siphonner les voix des électeurs par LREM et le RN. Alors, puisque c'est une réalité, pourquoi LR refuse-t-il la confrontation avec ses adversaires ?

La confrontation directe, celle qui consiste à apporter la contradiction à l'autre, doit avoir lieu régulièrement. Elle peut se faire dans des débats via des médias, dans des rencontres ouvertes, dans des réunions publiques, etc., mais elle doit se faire. Il ne faut pas frustrer l'électeur et le pousser au choix par défaut le jour, sachant que le choix par défaut est, depuis longtemps, le vote sanction.

On ne peut pas refuser le débat avec Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan ou Marion Maréchal parce que le « système » a décrété qu'ils étaient infréquentables.

On ne peut pas interdire le MEDEF à Marion Maréchal parce qu'elle ne pense pas comme nous.

On ne peut pas appeler à sanctionner des élus qui vont échanger avec Marion Maréchal.

On ne peut pas refuser de se rendre à la Convention de la droite afin d'y apporter la contradiction.

Surtout que, dans le même temps, on participe à des réunions, on co-anime des ateliers avec des gens proches de LREM : c'est illisible.

Si LR estime avoir des divergences avec le RN, c'est dans le débat d'idées que les électeurs doivent le voir, seule la confrontation directe peut permettre aux personnes qui se disent de droite de faire un choix réel aux élections.

Sur les réformes gouvernementales au programme ces prochaine semaines (bioéthique, retraite, immigration) et même sur le budget, on veut savoir les positions de chacune de ces formations politiques dans le cadre d'échanges directs.

Alors, face au RN, il est temps que LR arrête de fuir le débat.

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15 septembre 2019 à 9:18

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