LR : la déroute des retraites !

Assemblée nationale

« Cette réforme doit être efficace et juste. » Lorsque Éric Woerth prend le micro pour interpeller le ministre du Travail Olivier Dussopt lors des questions au gouvernement, on entend tousser dans les rangs de LR. Car l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy passé chez Renaissance, auteur d’une loi réformant les retraites en 2010, synthétise en « chaire » et en os la corde raide sur laquelle dansent les députés « de la droite et du centre » dont l’appellation est en soi une main tendue vers la Macronie. « Le macroniste Woerth, ancien ministre de Sarkozy, interroge le macroniste Dussopt, ancien député socialiste, sur la réforme des retraites. Le macronisme, agrégation des renégats des deux camps, au service d’un opportunisme qui emporte tout sur son passage », tweetait, rageur, le député NUPES Benjamin Lucas. Ce dernier n’est pas un habitué de la finesse analytique, mais cette sortie, quoique partiale, résume à sa façon le malaise qui agite la sphère LR, condamnée à reculer devant une réforme qu’elle aurait menée si elle avait été aux affaires. Et le malaise, c’est que cela se sait...

Opposants ou béquille du pouvoir ?

C’est l’éternelle question. En élisant à la présidence du groupe LR Olivier Marleix, en opposition frontale avec Emmanuel Macron, les députés Républicains revenaient essorés, amoindris, écrasés entre une galaxie macroniste en majorité relative et un groupe RN en surnombre et, enfin, étouffés par une NUPES vociférante. Néanmoins, ils revenaient avec un message clair : ils étaient dans l’opposition. Après plusieurs mois chaotiques, l’élection d’Éric Ciotti devait apporter un surcroît de clarification. Et puis arriva la réforme des retraites. Ils se trouvèrent déchirés entre le troisième homme de l’élection, Aurélien Pradié, qui manifestait sa volonté de voter contre la réforme, et la vision de Bruno Retailleau, qui affirmait, dans Le Figaro, que la réforme des retraites était « un enjeu essentiel pour le pays mais c’est aussi une épreuve de vérité pour la droite […]. Allons-nous défendre ce que nous avons toujours défendu ? Ou bien allons-nous glisser dans les sables mouvants du reniement ? » Dans la pure continuité de la ligne du candidat Fillon en 2017, Bruno Retailleau plaide pour une retraite à 65 ans.

Chez LR, trois tendances distinctes

Puis est arrivé la synthèse d’Éric Ciotti : celui qui fut pendant des années le tenant de la ligne droite dure au sein des LR façon « Droite forte » sauce Peltier-Didier du temps de la présidence Copé joue aujourd’hui le jeu de l’équilibriste et du compromis. Aussi, le groupe plaide pour une réforme progressive et un départ à 63 ans en 2027. Il y a donc ceux qui ne veulent pas de recul du tout, ceux qui veulent la retraite à 65 ans et ceux qui veulent un compromis à 63 ans, jugeant cela moins brutal. Un compromis ou une compromission ? « Éric Ciotti joue l’opposant après avoir appelé à voter pour Renaud Muselier (président de PACA, ex-LR passé chez Macron) aux régionales contre nous », s’amuse, auprès de BV, un député RN. « L’explication de leurs résultats catastrophiques, c’est l’absence de ligne claire. Ils sont inaudibles sur les sujets majeurs », soupire le sénateur ex-LR du Val-d’Oise Sébastien Meurant, qui a rallié Éric Zemmour pendant la campagne présidentielle.

Un flou qui profite au RN

L’avantage de l’opposition franche et frontale est qu’elle vous épargne ce genre de calculs. « Prêts à voter une motion de censure déposée par LR si ceux-ci retrouvent leur courage en route », affirme le président du RN. Dans les très chics Salons Hoche, à quelques pas de la place de l’Étoile, Jordan Bardella présentait avec les parlementaires ses vœux à la presse.

« Lorsqu’on ne vote aucune motion de censure, on est l’UDI d’Emmanuel Macron », nous glisse Jordan Bardella, en aparté. Celui qui a succédé à Marine Le Pen à la tête du Rassemblement national ne manque pas d’étriller les députés de droite. « Soit ils restent la béquille d’Emmanuel Macron, soit ils décident en toute transparence de rejoindre la majorité d’Emmanuel Macron. »

Comme souvent, le compromis devait se trouver entre les deux. Et c’est, mesurons le poids du symbole, le Premier ministre Élisabeth Borne qui aura arbitré le débat interne des LR. La chef du gouvernement a annoncé une retraite à 64 ans de 43 annuités et 67 ans pour le taux plein. Avec, en prime, la revalorisation des petites retraites et celles des mères de famille. « La réforme proposée par Élisabeth Borne reprend celle que nous votons au Sénat », se réjouit Bruno Retailleau.

Et l’épilogue vaudevillesque LR-Renaissance a de quoi faire sourire. Le gouvernement peut proposer une réforme « de consensus » et les LR peuvent s’en attribuer le mérite. Reste à savoir qui est l’assurance-vie de qui et surtout, pour paraphraser Jordan Bardella, qui est la béquille de qui. Le groupe d’opposition voulu par Olivier Marleix doit son unité à la chef du gouvernement qu’ils sont censés combattre. Les futures motions de censure ne passeront pas et les Républicains peuvent souffler, la dissolution n’est pas pour demain.

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Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Ce parti(LR) devient de plus en plus immonde, entre ceux qui ont rejoint Macron et ceux qui restent et qui ne s’opposent jamais à la Borne, la descente aux enfers est proche.Et dire que ces gens pour la plupart se prennent pour les lumières de la France.

  2. Celui qui fera des études jusqu’à 25 ans ou plus aura sa retraite à quel âge et ceux qui comme moi ont cotisé plus que nécéssaire n’ont pas plus de retraite alors que s’il vous manque des trimestres ils sont champions pour vous en enlever .

  3. Qui commente la proposition de loi de Nicolas Dupont-Aignan d’un Référendum d’Initiative Partagée sur le maintien du départ à la retraite à 62 ans ? Le texte figure sur le site de Debout la France. Là au moins, les choses sont claires.

  4. Cette réforme sera un nouveau Fiasco ! Pourquoi ? Elle est Politique et non scientifique !
    Pour vous étonner, « l’Age n’a rien à voir avec le fameux équilibre » !
    C’est un pb pour les actuaires, dont je suis proche.
    Seuls comptent les années de cotisation, l’espérance de vie et la natalité. Mais les A.N.E. ne connaissent rien aux maths !
    Sans parler de l’immigration qui détruira le QI des Français !

  5. les solutions proposées ne sont pas bonnes parce que le problème est mal posé; le problème de fond de notre système par répartition c’est le rapport nombre de bénéficiaires / nombre de cotisants; ce rapport qui a été de 1 à 4 est en chute vertigineuse aujourd’hui pour se rapprocher de 1 à 1 et constitue un danger énorme pour notre jeunesse qui devra cotiser toujours plus pour payer une augmentation croissante du nombre de retraités; or, les retraités dont je fais partie sont directement responsables de la dénatalité dont souffre la France aujourd’hui
    Il faut, en urgence, remettre en place une politique de progression de la natalité en France qui est la solution du redressement de notre pays qui vieillit inexorablement Comment-
    -en revoyant à la hausse les allocations familiales pour le 3ème enfant
    -supprimant le remboursement de l’IVG, et des préservatifs
    -accordant un bonus retraite pour les salariés ayant eu 3 enfants et plus

    • Et si vous nous parliez de l’échec des hommes politiques depuis 40 ans qui ont choisi la facilité en confiant l’avenir du pays à Bruxelles et en renonçant à créer de l’emploi source de financelment des retraites ?

  6. A écouter les voix de la rue , toutes les personnes interrogées font preuve de bon sens en avançant que la justesse était non pas de fixer un seuil de départ à la retraite mais de tenir compte de la durée des annuités versées durant sa vie professionnelle , motif non retenu par tous les partis de tout bord , de même que les récupérateurs syndicalistes , qui font du recul de l’âge légal un tabou .
    Et puis arrêtons de monter en mayonnaise que les retraités sont des nantis , que les actifs en sont les plus mal lotis , et bien à l’observation quand on a cotisé durant 43 années , et que l’on voit une grande partie de la jeunesse se montrer réticente devant les offres d’emploi proposés , certes que l’avenir des pensions de retraites est bien compromis.

  7. Quand va-t-on passer à la retraite par capitalisation que chacun se fasse la sienne propre sans avoir cette hérésie communiste et provocatrice de « guerre » civile qu’est la retraite par répartition. En plus les syndicats se laissent berner en s’attachant au « 64ans » alors que le « 43ans » est beaucoup plus dur à obtenir.

  8. Nous n’attendons pas de l’opposition qu’elle soit bête et méchante mais qu’elle soit intelligente. Cette proposition de réforme des retraites semble tenir la route. Elle apporte des avancées significatives qui, si elles ne sont pas parfaites, mettent un pied devant l’autre donc représentent un progrès. Le seul point noir, cette prise en compte de la pénibilité qui, si elle est nécessaire, est un vrai alambique dans sa forme actuelle, d’une complexité qui plombe la productivité des entreprises. Par ailleurs, si l’opposition veut réellement s’inscrire dans une véritable opposition, qu’elle se saisisse d’une des motions de censures qui sont présentées, sans faire la fine bouche sur leur origine. On recherche le redressement de la France ou la satisfaction des petits égos ? Ce redressement ne peut passer que par la mise en place d’une nouvelle classe dirigeante. La macronie est totalement éteinte, hors sol.

  9. Je lis : « Ils sont inaudibles sur les sujets majeurs », soupire le sénateur ex-LR du Val-d’Oise Sébastien Meurant, qui a rallié Éric Zemmour pendant la campagne présidentielle. Je soutiens totalement, et affirme qu’il vaut mieux adhérer et voter Reconquête actuellement, car on ne sait pas jusqu’où ira L.R. pour s’allier avec Renaissance (le P.S., la Gauche), c’est à dire que reprendre ce vieux système Gauche Droite, pour mieux tromper les électeurs, les prendre en tenailles, et les édiles vivre bien de la Politique politicienne…Je savais que Ciotti trahirait la Droite.
    Ceci dit, la France est le Pays qui travaille le moins en nombre d’heures en U.E., et sans doute dans l’Occident, voire / Asie…Donc cette Réforme pour agréer à l’U.E. est justifiée, mais, Macron lors de sa Campagne 2017 l’a faite sur la Capitalisation comme aux U.S.A. si chère à sa Politique de soumission totale….Donc Macron ne doit présenter qu’une réforme des Retraites par Capitalisation, sinon il démissionne vu sa dégringolade dans les sondages, le vente au rabais de la France, et à minima, il doit s’émanciper en partie de l’O.T.A.N. sous commandement U.S., puisqu’il a laissé tomber la Capitalisation pour les Fonds de Pensions….

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