Nicolas Sarkozy a été gardé à vue puis mis en examen des chefs de corruption passive, financement illégal de campagne électorale et recel de fonds libyens. Il a été placé sous contrôle judiciaire et son avocat va interjeter appel de cette mesure.

Nicolas Sarkozy, je sais, est présumé innocent. Sa déclaration aux juges, pour les convaincre d'opter pour le statut de témoin assisté plutôt que celui de mis en examen, a été publiée dans Le Figaro et il a pu s'expliquer durant vint-cinq minutes dans le journal de TF1 face à Gilles Bouleau, qui n'a pas déshonoré sa profession. Il y a des mis en examen moins bien lotis par la médiatisation.

Mediapart, face à ses protestations d'innocence et à son indignation, a répliqué et, pour le moins, on peut considérer que l'ancien Président, même s'il a argumenté avec talent, n'a pas su se prouver blanc comme neige.

Ziad Takieddine a confirmé sa mise en cause et a maintenu avoir livré à Nicolas Sarkozy et Claude Guéant, en 2006-2007, cinq millions d'euros.

On verra bien la suite.

Qu'on croie ou non aux indices graves ou concordants retenus par les juges, et bien au-delà d'eux, il est évident que le climat général des relations entre la France et la Libye, entre Nicolas Sarkozy et ses collaborateurs les plus proches et Kadhafi avec son clan, me semble imprégné d'une putridité politique et financière, d'une mauvaise odeur démocratique, d'une connivence vulgaire et douteuse. Sarkozy, Guéant, Hortefeux, Villepin, Djouhri, Takieddine...

Mais le destin et le monde sont bien faits. Le pire sait faire surgir le meilleur, le trouble l'éclatant, les compromissions l'absolue transparence du courage et de l'altruisme totalement désintéressé.

Au sein de la tuerie de Trèbes (3 morts, 16 blessés), contre l'horreur du terrorisme, le lieutenant-colonel du groupement de gendarmerie de l'Aude, âgé de 45 ans, a pris volontairement la place d'une otage dans le Super U. Durant deux heures, il est resté avec le tueur salafiste, laissant son portable allumé sur une table. Il a été grièvement blessé à la suite de plusieurs tirs, ce qui a entraîné l'intervention du GIGN qui a abattu le criminel.

Cette admirable nature et ce grand professionnel ont succombé au cours de la nuit du 23 au 24.

Un héros, d'abord. Il y en a peu de ce genre, portant si haut la volonté de sacrifice, le souci d'être solidaire.

Je retiens, cependant, de cet épisode terrifiant qu'il ne faut jamais désespérer. Lorsque la moralité publique semble, ici, avoir été au plus bas, il y a des êtres qui, là, miraculeusement compensent, réparent, consolent, rassurent, exaltent.

Ils sont des exemples quand d'autres sont des repoussoirs.

On aurait voulu avoir la force d'être lui. On n'aurait, surtout, pas voulu être eux.

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24 mars 2018 à 11:00

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