[Livre] Le droit français face au terrorisme : rempart ou ligne Maginot ?

« L’ennemi pour les deux ou trois générations à venir est parfaitement identifié. Il est obscur, sournois et utilise nos lois pour nous endormir ou pour forcer nos démocraties à accepter leurs éléments précurseurs. La bataille d’aujourd’hui et de demain se joue sur fond culturel et plus particulièrement religieux. » C’est par ces mots de l’officier de renseignement Jean-Marc Gadouillet qu’Alexis Deprau commence son ouvrage, Le droit face à la terreur, aux Éditions du Cerf. Ce juriste spécialiste du droit de la sécurité et de la défense, docteur de l’université Paris II Panthéon-Assas, poursuit par un constat glaçant : « Aujourd’hui, la question principale n’est plus de savoir si un attentat sera commis sur le territoire national, mais quand. » C’est cela qui l’a poussé à écrire un ouvrage expliquant « comment, où et quand nos services de renseignement opèrent contre la menace terroriste ». Comme il le rappelle, depuis les tueries de Toulouse et de Montauban de mars 2012 jusqu’au début du mois d’octobre 2019, ce sont 263 personnes qui sont mortes en France dans des attentats. Comment l’État, à travers le droit, lutte-t-il pour prévenir le terrorisme ? Comment les services de renseignement s’adaptent-ils aux menaces nouvelles, liées à l’évolution des technologies ? Quelles sont les limites de ces luttes ?

Alexis Deprau, dans un ouvrage précis et accessible, à la frontière entre les sciences politique et le droit, montre avec talent la difficulté du droit dans la prévention antiterroriste : réussir à concilier la préservation des libertés avec le besoin de sécurité. Loin d’approuver la justification du « tout sécuritaire » qui brime ou marche sur la liberté individuelle, il cite Benjamin Franklin : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’un ni l’autre et finit par perdre les deux. » L’auteur s’attache à montrer comment le droit permet tout en l’encadrant la lutte antiterroriste. Il montre aussi les limites du système, dans lesquelles les terroristes s’infiltrent pour tenter de se couvrir.

L’essai montre aussi à quel point les moyens humains utilisés pour lutter contre le terrorisme sont conséquents. L’auteur leur rend hommage, en concluant que « les modestes moyens de la France ne l’empêchent pas d’avoir un des meilleurs appareils de renseignement antiterroriste au monde ». Il déplore toutefois certains choix politiques qui ne facilitent pas le travail de la lutte antiterroriste, notamment l’absence de contrôle des frontières (Salah Abdeslam, acteur des attentats du 13 novembre 2015, a pu rejoindre la Belgique et s’y cacher quatre fois, et ce n’est qu’un exemple parmi de nombreux autres). Il rappelle que des crises migratoires ont servi de moyen d’infiltration de terroristes. Enfin et surtout, Alexis Deprau appelle de ses vœux la fin de tout financement par l’État d’activités liées au terrorisme.

Un ouvrage pour comprendre la facette juridique de la lutte contre le terrorisme.

Matthieu Chevallier
Matthieu Chevallier
Etudiant en journalisme

Vos commentaires

18 commentaires

  1. Combien d’ associations anti-France subventionnées par l’état français ou la commission européenne ?
    Combien d’action de guérilla classée dans la rubrique des « faits-divers » ?
    Combien de juge et de jugement anti-français ?
    L’islam est en guerre contre l’occident chrétien … les politiques-décideurs ne veulent pas le voir car cela demande du courage.èi

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