L’heure des comptes chez les petits candidats
Dans toutes les courses un peu renommées, il y a une limite au-delà de laquelle vous n'êtes plus considéré comme finisher. Vous franchissez la ligne, mais tout le monde est déjà parti. La nuit est tombée. Les stands de ravitaillement sont vides et les arbitres s'endorment. Malheur à celui qui est trop lent, il n'aura ni dossard souvenir, ni public enthousiaste. La course à l'Élysée n'échappe pas à la règle. Cette fois, la terrible barre de la limite n'est pas horaire mais statistique. En deçà de 5 %, on connaît le truc : les candidats ne sont pas remboursés de leurs frais de campagne.
En 2022, ils sont nombreux à prendre un fameux gadin. Écrasés par l'extrême centre (Macron), l'extrême gauche (Mélenchon) et ce que l'on serait bien en peine d'appeler l'extrême droite (Le Pen), n'en déplaise aux chasseurs de nazis en goguette, les rescapés ont du mal à joindre les deux bouts. Il faut ici saluer la performance d'Éric Zemmour, en dépit d'un « vote caché » qui n'est pas sorti de sa tanière. Avec 7 %, le candidat de Reconquête, s'il n'accède pas au second tour, réussit à passer le trait fort honorablement. Derrière, c'est la débandade.
Le plus pathétique n'est pas, pour une fois, le Parti socialiste. 1,8 %, ce n'est pas beaucoup, mais quand on tient dans une cabine téléphonique et qu'on a déjà vendu la maison familiale, c'est déjà beaucoup. Seul un réseau local qui brille de loin, comme les étoiles mortes dont le reflet nous parvient encore après leur extinction, donne aux socialistes l'illusion d'un parti. Le plus triste n'est pas, non plus, la situation des Verts, habitués à la sobriété de leur empreinte électorale (à la notable exception de la campagne de Noël Mamère). Non, ce qu'il y a de plus triste, c'est de voir Valérie Pécresse faire la manche. On dira ce qu'on voudra, mais voir une bourgeoise de l'Ouest parisien avouer sans fausse pudeur, devant les caméras, qu'elle est endettée personnellement pour plusieurs millions d'euros, ça fait drôle.
Il va donc falloir payer. On ignore ce que fera Valérie Pécresse pour rendre l'argent. En tout cas, les notables des provinces LR, plus habitués aux dîners de chasse qu'au nettoyage de vitres au feu rouge, vont devoir changer de portage. On verra peut-être, comme au temps des émigrés russes, un Gérard Larcher malingre, à l'œil inquiet, s'improviser chauffeur Uber. On croisera, presque méconnaissable dans sa parka, un Laurent Wauquiez humble et discret, qui glissera des prospectus de réduction chez Carrefour dans les boîtes à lettres du Velay. Xavier Bertrand retournera peut-être vendre des polices d'assurance au porte-à-porte sur les petites départementales de l'Artois et Michel Barnier finira peut-être maître d'hôtel à la cantine du Parlement européen. La vraie grandeur est dans le service et, comme on dit dans Les Tontons flingueurs, « les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse ».
Au pire, il y aurait bien les millions de la vente d'Alstom, qui doivent traîner quelque part sur un compte. On n'aurait pas besoin de craquer le PEL chez les Pécresse. On partira un peu moins que prévu sur Costa Croisières et on ne choisira pas « un petit hôtel dans un joli coin du midi » pour ses jours de vieux mariés, voilà tout.
Mais peut-être, j'y songe, ces millions sont-ils à l'abri en prévision d'une guerre civile ? On s'aperçoit que les banlieues de la diversité ont voté Mélenchon par bataillons, sur les conseils de leurs imams. Ce sont elles qui ont failli le faire accéder au second tour. Pour une immigration stable, c'est incroyable ce que ses électeurs se multiplient de scrutin en scrutin. En face, les vieux et les riches ont voté Macron, tandis que les pauvres et les oubliés ont choisi Marine Le Pen. Ça commence furieusement à ressembler à un face-à-face, non ? Les prophéties de Gérard Collomb commencent à prendre tournure, on dirait. Il est peut-être plus sage, dans ces conditions, de faire appel à des amis et de garder du fric à gauche (enfin, c'est une expression), des fois que le comportement des LR de ces quarante dernières années porterait enfin ses fruits pourris. C'est peut-être pour cela que Valérie Pécresse en appelle aux dons du peuple, celui dont elle n'a jamais rien eu à faire, celui que ses amis méprisent depuis si longtemps, ce brave peuple gaulliste auquel on a raconté des salades pendant si longtemps et à qui on propose maintenant de mettre la main à la poche.
Finalement, Les Républicains ont peut-être quelque chose de russe : le scandale des emprunts.
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106 commentaires
Quelle honte ! Mais quelle honte qu’elle ose quémander ainsi ! Alors que tant de vrais Français comptent leurs derniers sous pour finir le mois !